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Economies locales : Fada N’Gourma, un pôle émergent à l’Est

Publié le lundi 28 mai 2007 à 08h04min

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Une dynamique économique régionale se contruit petit à petit à l’Est du Burkina. Fada N’Gourma, forte de ses infrastructures marchandes (marché à bétail, marché central, laiterie,etc) qui ont fait grimper le budget communal, se mue en ville carrefour où la communalisation intégrale est en marche depuis plus d’une décennie.

Erigée en commune urbaine en 1992 dans le cadre du Programme de développement de dix villes moyennes (PDVM), Fada N’Gourma, capitale du Gulmu fait figure aujourd’hui d’un exemple de dynamisme économique régional. Cette émergence, elle le doit aux infrastructures marchandes réalisées avec l’appui de la coopération suisse à travers le Projet d’appui à la gestion communale.

Marché central en 1997, marché à bétail, le plus impressionnant de la sous-région, d’une capacité de plus de huit mille têtes, ces bâtisses érigées dans la philosophie de la plate-forme équipement marchand destiné à agir sur l’approvisionnement du Centre sont aujourd’hui un levier du développement économique local. Elles ont été réalisées par l’Etablissement public communal (EPCD) créé à l’effet d’appuyer la gestion et l’entretien de celles-ci en vue d’accroître les recettes.

Ces deux infrastructures d’un coût global de 1 milliard 367 millions de F CFA ont permis ainsi de booster l’économie de la ville. Cela a eu une répercussion positive sur le budget communal qui est passé de 25 millions de FCFA en 1995 pour atteindre aujourd’hui près de 200 millions grâce aux taxes, aux impôts, etc. Reconnaissant que le marché central est bénéfique à la commune, le receveur municipal Charles Ki a précisé que cette évolution est grandement imputable au marché à bétail à travers les taxes de stationnement du bétail et les activités annexes (vendeuses d’eau, de cola)."Avant l’EPCD, le marché central ne rapportait pas plus de 400 000 F CFA par an", ajoute de son côté, Nouou Traoré, directeur de l’EPCD.

L’un dans l’autre, ces deux infrastucres ont permis de créer de petits métiers contribuant à l’insertion socio-économique de nombreux jeunes et à la diversification des sources de revenus de la commune. Au marché à bétail par exemple, s’est développé métier de courtier. Chacun des 32 courtiers exerçant sur l’aire du marché emploie au moins cinq aides-courtiers qui assistent leur patron dans la vente du bétail, confie le président de l’Association des courtiers de gros bovins et des collecteurs, Kolado Maîga. Celui-ci estime gagner par marché hebdomadaire au moins 25 mille F CFA.

Pour M. Maïga, les courtiers réalisent de bonnes affaires sur l’aire du marché à bétail. En fait, les différents corps de métiers qui ont vu le jour sur les aires des diverses infrastructures ont été organisés, regroupés au sein du comité du gestion pour leur apprendre à mieux gérer les recettes destinées à la commune.

Pour le marché central, il s’agit des bouchers, des commerçants, des vendeuses d’articles divers, etc. D’un budget annuel estimé à 48 millions de nos francs, le marché à bétail enregistre une recette hebdomdaire (chaque dimanche= jour de marché) de 700 000 F CFA, soit près de 33, 6 millions par an. Mais la transaction financière dépasse largement ce chiffre, avoue le gestionnaire comptable du marché, Lacina Garané.

Environ 1000 têtes de bétail y sont en effet vendues chaque semaine à des acheteurs venus du Togo, du Bénin, du Ghana et du Nigéria. Pour contre balancer l’exportation du bétail du Nigeria, il est utile d’asseoir un mécanisme de production pour améliorer la qualité des bêtes vendues et surtout la transformation préconise Paul Bayili, coordonnateur de la CAGEC, un projet qui appuie la gestion communale. Pour lui, le marché à bétail n’est pas seulement une bâtisse mais un levier où évoluent les différents acteurs (acheteurs, éleveurs, courtiers, etc.).

La CAGEC travaille à organiser ces corps de métiers. Ce processus a abouti à une organisation des courtiers pour leur permettre d’avoir des informations sur le marché extérieur, a-t-il soutenu. Responsabiliser les acteurs, favoriser l’accès aux institutions de financement, la transformation constituent entre autres, les enjeux de la gestion communale à Fada N’Gourma. "Nous devons parvenir à transformer les bêtes sur place ; cela va ouvrir d’autres perspectives", préconise M. Bayili.Toutefois, la dynamique économique en construction à Fada N’Gourma n’ignore pas l’aspect social.

C’est ainsi qu’une pharmacie et un centre régional de dépistage ont été construits. Géré par l’Association Laafimani (la santé est bonne en gulmachéma), le centre assure une prise en charge médicale et psychosociale d’une centaine de PVVIH tout en effectuant des dépistages mobiles dans les six provinces de la région. Selon le directeur de l’EPCD, la dynamique sociale de ce processus se traduit par la réalisation de deux forages et des dalots, radis réalisés dans les secteurs n°5 et 8 de la commune.

Nouou Traoré pense que l’enjeu de la gestion communale est d’arriver à réussir la mutation de l’établissement en maître d’ouvrage délégué, c’est-à-dire un prestataire de services des interventions de la commune. Au titre des chantiers, la commune prévoit de construire en 2008, la gare routière et l’abattoir qui viendront comptéter l’architecture des infrastructures marchandes. Des unités industrielles non moins importantes comme la laiterie, l’usine d’égrenage de la SOCOMA et la miellerie de Fada N’Gourma contribuent également à la construction de la commune.

De plus, une cinquantaine de petites entreprises allant de la construction aux ateliers de soudure, de menuiserie y sont implantées. Mais, l’espoir suscité par la réalisation des infrastructures marchandes n’occulte pas les nombreux défis auxquels le conseil municipal dirigé par Moumouni Kocty élu sous la bannière du CDP, le parti majoritaire doit faire face.

Eau et assainissement, éducation des défis à relever

Etendue sur 322 km2, la commune urbaine de Fada N’Gourma compte une population estimée à 125 000 âmes réparties dans 34 villages dont l’un ne dispose pas de conseillers municipaux. Le conseil municipal de la 3è mandature (2006-2010) est composé de six partis politiques qui se partagent les 96 sièges : CDP (78), PDP/PS (8), PAI (3), MPS/PF(4), PDS (2) et UNIR/MS (1).

Région aux potentialités agropastorales et forestières immenses, l’agriculture marquée, ces dernières années, par le boom de la culture du coton et l’élevage constituent les principales sources de revenus des ménages. Même si l’élevage est fortement tributaire de la consommation de prestige, la majorité des éleveurs préférant admirer, compter le nombre de têtes de leurs troupeaux. C’est dire qu’en plus de la production céréalière, l’Est est une zone d’élevage par excellence classée parmi les premières régions en termes d’importance du cheptel.

Pour la commune de Fada, l’accès à l’eau et l’assainissement, l’éducation et la santé sont autant de défis à relever. Affirmant que le maire, lui-même n’a pas de priorités, le bourgmeste estime que ce sont les préoccupations des populations qui s’imposent. Un citoyen interviewé, Pierre Thiombiano, affirme que la population est prête à accompagner le conseil municipal pour le bien du Gulmu. "Nous attendons de lui d’avoir la force pour lutter contre la pauvreté, le trafic d’enfants et ériger des infrastructures sanitaires", dit-il.

Aussi, Moumouni Kocty, le maire élu du CDP estime que les défis sus cités ne peuvent être relevés qu’avec la participation effective de tous. Par ailleurs, l’aménagement de l’espace urbain, de la voirie, d’espaces verts et de sites de transfert des ordures doit être poursuivi et renforcé.

Dans la nouvelle ère marquée par la mise en place des chambres régionales d’agriculture, la communalisation intégrale et les changements climatiques, la mairie devra mettre l’accent sur la bonne gestion des ressources naturelles de son ressort territorial.

S. Nadoun Coulibaly

Sidwaya

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