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Lotissement à Banfora : La commission ad hoc contestée

Publié le vendredi 25 mai 2007 à 07h20min

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Les populations de Banfora et d’autres localités ont souscrit depuis 2003 pour être attributaires de parcelles. Plus de trois ans après, elles ne sont toujours pas situées sur l’évolution de la situation et, par conséquent, sur leur sort quant à l’attribution des parcelles.

Dans ce mois de mai 2007, le maire de la commune, Souleymane Soulama, a mis en place une commission ad hoc qui devait accomplir un certain nombre de tâches afin de progresser dans ce dossier qui n’a que trop duré, de l’avis de plus d’un Banforalais. Mais des insuffisances de fond ont conduit le CDP/Comoé à demander l’annulation de la commission.

En 2003, la commune urbaine de Banfora obtenait du ministère en charge de l’Administration du territoire une autorisation de procéder à un lotissement afin de gérer au mieux les besoins d’habitation exprimés par les populations. Ces besoins allaient devenir une nécessité impérieuse avec l’opération Bayiri qui, au plus fort de la crise ivoirienne, a occasionné le retour d’un nombre incalculable de nos compatriotes qui vivaient en Côte d’Ivoire. Les souscriptions ouvertes, les gens ne se sont pas fait prier pour débourser les 50 000 F requis pour l’obtention de la fiche de souscription. La demande fut assez grande, et la mairie avait le souci de satisfaire la quasi-totalité des demandeurs. C’est environ 7 500 fiches qui ont été vendues, et les entreprises qui se sont vu confier les travaux sont CERAUD et TOPO 2 000. Plus de 175 800 000 F étaient nécessaires pour effectuer le travail.

Bornes déterrées

Les travailleurs de la Fonction publique se sont fortement mobilisés pour cette opération en laquelle beaucoup parmi eux avaient placé un réel espoir de posséder son propre lopin de terre. Puis la désappointement a commencé à s’installer chez certains à travers les échos qui faisaient état de la vente de fiches parallèle, bien après la clôture officielle de cette activité. Malgré tout, l’optimisme et l’espoir de certains ne seront jamais ébranlés. Il en sera ainsi même lorsque le début des travaux a connu des problèmes dans certains quartiers où les bornes placées par l’équipe de topographes seront déterrées.

Ce lotissement qui a traîné le pas a occupé une place de choix dans les thèmes de la campagne du défunt maire Mamadou Koné lors des municipales d’avril 2006, et guidé le choix des populations, à en croire certains observateurs de la scène politique banforalaise. Après son élection, Mamadou Koné avait réfléchi à une stratégie qui devrait lui permettre de poursuivre le processus de lotissement entrepris par le conseil municipal sortant. Dans une interview qu’il nous avait accordée, le défunt maire envisageait la vérification de toutes les fiches que les populations ont par-devers elles, afin de s’assurer de leur conformité. Les détenteurs de fiches non conformes, si d’aventure les vérifications venaient à en déceler, dont le montant, semblerait-il, n’a pas été reversé au Trésor au compte de la commune, se verraient, selon Mamadou Koné, obligés de payer 50 000 autres francs s’ils tenaient à être attributaires de parcelles.

Seulement, depuis son décès, rien n’avait encore été dit sur cette opération de lotissement jusqu’à ce mois de mai où le maire Souleymane Soulama décide de la création d’une commission ad hoc qui devait faire le point financier de la vente des fiches. Dans cette commission, il y avait trois conseillers CDP, trois du RDB, plus trois membres du service technique. A ceux-ci, il faut ajouter des agents du Trésor public, du Contrôle financier, de la division fiscale et des services des forces de l’ordre que sont la police et la gendarmerie. Mais, de l’avis de la secrétaire générale CDP de la Comoé, Abibata Compaoré, la création de cette commission n’a pas respecté les dispositions du Code général des collectivités.

Pour preuve, dit-elle, c’est par un arrêté que le maire a créé cette commission qui, en principe, devrait se faire par une délibération du conseil municipal. En plus, le même Code en son article 221 stipule que ni le maire, ni ses deux adjoints ne peuvent présider cette commission. Pourtant, ajoute Abibata Compaoré, c’est Amadou Tiékoura Tou, premier adjoint au maire, qui avait été nommé à la présidence de la commission ad hoc. C’est donc ces deux raisons essentielles qui ont amené le CDP/Comoé à demander l’annulation de la commission en attendant de la créer selon les règles qui s’imposent.

Cette commission devait commencer ses travaux, en principe, le lundi 21 mai. Son président, Amadou Tièkoura Tou, joint au téléphone, dit qu’il n’y a aucun problème consécutif à la requête du CDP. Pour lui, la population a assez attendu l’attribution des parcelles. Et il est du devoir du conseil municipal de faire la situation financière de la vente des fiches afin de poursuivre les travaux avant que les souscripteurs ne désespèrent. "Nous n’accusons personne de quoi que ce soit, nous voulions seulement savoir où se trouve l’argent des fiches pour aller le chercher et poursuivre le lotissement", a-t-il dit.

Le maire Soulama, quant à lui, reconnaît avoir donné les modalités de constitution de la commission ad hoc à son secrétaire général. Celui-ci a dû oublier cette instruction au moment de la mise en place de la commission qu’il a d’ailleurs faite en dehors du conseil municipal tout en confiant la présidence au premier adjoint. Toutefois, Souleymane Soulama dit que c’est le souci de la transparence qui l’a conduit à la mise en place de cette commission. Autrement, les services techniques municipaux pouvaient, selon lui, dépouiller les fiches et faire le point financier. Cette alternative pourrait voir le jour si d’aventure la mise en place de la commission ad hoc rencontrait des difficultés, ajoute-t-il.

Par Mamoudou Traoré

Le Pays

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