Gérer l’urgence, c’est aussi ce à quoi doit s’attendre un maire, dans l’administration de sa cité. Depuis quelques semaines, une épidémie de méningite sévit à Koubri, obligeant le maire Félix T. Compaoré à prendre des mesures d’urgence pour endiguer le fléau. A la date du 14 mars, la situation épidémiologique décrite par la mairie fait état de 55 cas déclarés dont 8 décès, soit un taux de létalité d’environ 15%. Une équipe médicale du CMA du secteur 30 qui a fait le déplacement à Koubri, elle, évoque 62 cas dont 8 décès, soit un taux de létalité de 12,9%.

Le CMA du secteur 30 a une vue d’ensemble sur les foyers d’épidémie qui endeuillent actuellement l’arrondissement de Bogodogo et des départements ou communes rurales du Kadiogo . Les zones de surveillance identifiées sont Komsilga, Saaba, Koubri, les secteurs 15, 28, 29-14 et 30. Au cours des 10 premières semaines de l’épidémie, l’équipe de supervision a enregistré au total 524 cas pour 39 décès soit un taux de létalité de 7,44%. Depuis le 12 mars, un autre décompte a commencé et déjà, à la date du 16 mars, 316 cas dont 10 décès ont été dénombrés sur l’ensemble du district.

Le conseil municipal de Koubri constate un "manque notoire de médicaments", ce qui complique la prise en charge des malades, voire les condamne à une mort certaine. Ces inquiétudes ont été apaisées par l’équipe du CMA du secteur 30 qui a annoncé l’arrivée de vaccins dès cette semaine. La tranche d’âge concernée par la prochaine campagne de vaccination est celle située entre 2 et 30 ans. Le SOS des autorités communales de Koubri peut paraître incompréhensible, au regard des potentialités de cette ville. On y trouve en effet de nombreuses exploitations agropastorales et des unités industrielles. Très bientôt, une importante unité de transformation du beurre de karité verra le jour.

Pour un engagement citoyen des acteurs économiques

Mais pourquoi, en dépit de ce dynamisme économique, les caisses de la commune sont vides, au point qu’elle ne peut subvenir aux besoins des populations en proie à l’épidémie de méningite ? En fait, le civisme fiscal ne semble pas être la vertu la plus partagée, encore moins une contribution citoyenne au développement de la commune. Sur environ 160 exploitations enregistrées, seules deux, de sources bien informées, sont à jour de leurs impôts. Mais cela n’est pas le plus grave. La ville de Koubri estime que depuis l’avènement de la communalisation intégrale, il est aussi du devoir des opérateurs installés sur son ressort, de contribuer d’une façon ou d’une autre à l’essor de la cité.

Pour ce faire, un plan de développement local a été élaboré, qui donne une visibilité du programme de développement de la ville. Pour sa mise en œuvre en 2007, un budget prévisionnel de 250 millions de F CFA a été mis en place. Mais le budget communal, exercice 2007, s’élève à 42 millions de F CFA... On comprend dès lors, pourquoi Koubri, dans l’immédiat, a besoin de l’Etat et des partenaires pour circonscrire l’épidémie de méningite, en attendant de pouvoir compter sur eux pour s’atteler à d’autres tâches de développement.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays