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Maire au féminin : Aïcha Sanou/Traoré dévoile ses ambitions pour la commune de Kougny

Publié le mercredi 28 février 2007 à 07h45min

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Aïcha Sanou-Traoré

Mme Aïcha Sanou/Traoré est l’actuelle maire de la commune rurale de Kougny dans le Nayala (Boucle du Mouhoun). Chimiste de formation, elle se soumet à la volonté de la population de sa commune et accepte de porter l’écharpe de maire. Du reste, son parcours l’a préparé à cette responsabilité.

"J’ai milité depuis mon jeune âge, dans les mouvements associatifs tels la Croix-Rouge, le scoutisme, etc. J’étais guide, sportive et très mobile. De plus, j’ai fait mes études supérieures en Union Soviétique et la vie en Russie a modelé ma personnalité", a dit Mme Aïcha Sanou/Traoré, actuelle maire de Kougni dans le Nayala, que nous avons rencontrée à Ouagadougou dans le but de connaître son parcours de femme politique.
Elle a confié avoir travaillé au service de l’hydraulique et de l’équipement rural de retour de la Russie de 1979 jusqu’à la période révolutionnaire.

"Pendant la Révolution au Burkina Faso, mon premier poste fut Yako, dans le Passoré, où j’ai été haut-commissaire. Par la suite, j’ai été mutée à Pô où j’ai été nommé inspectrice des Comités de défense de la Révolution (CDR). Mais avec le temps mort que le "15 octobre 1987" a provoqué, je m’étais rétirée de la politique, pour mieux m’occuper de mon foyer. Cependant, dès l’annonce du processus de la communalisation en cours, la population de mon village m’a demandé d’être maire", s’est-elle rappelé. Elle a également précisé que la population s’est battue pour l’imposer comme maire, malgré les rivalités qui existaient dans la commune.

Présidant ainsi aux destinées de la commune de Kougny, Mme Sanou priorise la santé et l’éducation. De nombreuses raisons, de son avis, justifient un tel choix. Elle a expliqué qu’il n’ y a pas de cadres dans sa commune, parce que tous les enfants ont fait l’école coranique. "Je suis dans une commune entièrement islamisée, où il n’y a ni église, ni débit de boissons. Par contre, il y a douze mosquées. Ce n’est que ces dernières années que les élèves bénéficient d’une éducation francophone, mais les écoles sont vétustes et demandent une réhabilitation, de même que les centres de santé".

Une autre nécessité, de son point de vue, est l’ouverture d’un centre d’apprentissage pour les filles afin qu’elles y apprennent un métier, pour s’offrir un trousseau de mariage au lieu d’aller travailler dans les ménages en ville. "Notre commune est musulmane et lorsqu’une fille revient de la ville avec une grossesse, c’est un grand déshonneur pour la famille...", a-t-elle déploré.
Mais, au delà des nobles projets qu’elle a pour sa commune, Mme Sanou demeure réaliste. "Nous partons de rien. Ce que je pourrai faire dépendra du budget, des legs et des dons que j’aurai", a-t-elle soutenu.

Un appel à la solidarité entre femmes

Mme Sanou estime qu’il faut de la solidarité entre les femmes. "Sans cette solidarité, les hommes passeront toujours entre nous pour nous nuire et nous diviser. Nous sommes le ver dans le fruit". Partant de cette réalité, elle invite toutes les femmes politiques à se donner la main et à observer l’évolution des femmes en politique ailleurs, dans le monde : en France, Libéria, etc.

Aussi encourage-t-elle les dix-neuf (19) femmes maires à bien assumer leurs responsabilités, pour servir d’exemple aux autres, à la fin de leur mandat et surtout pour plus de représentativité des femmes en politique. "Nous sommes 52% de la population. Nous faisons passer des candidats par nos voix. Alors, pourquoi bloquer une femme, même quand les hommes nous le demandent" ?, s’est-elle interrogée.

Par ailleurs, en vue de dynamiser le travail des femmes regroupées en associations, Mme le maire prévoit les faire voyager à travers d’autres communes pour qu’elles puissent s’inspirer de ce qui se passe ailleurs pour le développement de leur localité.

"J’aimerai également lier amitié avec les autres communes, dans le but de permettre un échange d’expériences entre les jeunes", a-t-elle affirmé.
Elle compte aussi faire appel aux ressortissants du Kougny, vivant hors du Burkina Faso et de l’Afrique pour que le bilan soit positif en 2011.

Portée à la tête de la commune avec les bénédictions de son conjoint, elle affirme avoir tout son soutien. "Si dans certains couples, il y a des difficultés, c’est parce que monsieur et madame ne se sont pas consultés suffisamment ou peut-être que l’un a agi sans le consentement de l’autre. Pour ce qui me concerne, mon mari est mon premier supporteur".

Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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