Selon le chef du village de Tengrela, Ousmane Koné, la querelle entre les fils de Tengrela est intervenue suite à un malentendu sur des travaux d’intérêt commun. En effet, le village avec le soutien d’une ONG intervenant dans la région devait construire un centre d’alphabétisation. L’apport du village a été estimé en matériaux de construction, notamment en briques et en main-d’oeuvre. Ainsi, un certain nombre de briques était demandé à chaque quartier du village et les moules pour les fabriquer étaient conçus selon les mêmes dimensions.

C’est dans l’attente de ces briques que deux des six quartiers que compte le village, à savoir Lère et Bokonclu, viennent se plaindre d’un manque de respect à leur égard par d’autres quartiers comme Otanyé. Et pour cette raison, ces deux quartiers refusèrent d’apporter les briques qu’ils avaient confectionnées en plus des moules qui leur avaient été remis.

A ce problème est venu s’ajouter un autre : cette fois, c’est la gestion du lac qui était au centre des débats. Les deux quartiers se plaignaient toujours car selon eux, seule une partie du village profitait des retombées du lac. Le chef de village a alors décidé de mettre sur le lac des pirogues dont les revenus de la location faite aux touristes seraient reversés dans une caisse au profit du village entier.

Selon le chef, ces revenus ont d’ailleurs servi à construire un logement d’infirmier et un dépôt pharmaceutique dans le village. Comme si cette tension que vivait le village ne suffisait pas, voilà que les deux quartiers plaignants allaient détruire des biens communs du village. C’est la goutte d’eau qui fit déborder le vase et des affrontements entre fils d’un même village eurent lieu.

On peut dire qu’à travers cette réconciliation aboutie, Léonce Koné a réussi et rend un grand service au développement socioéconomique du village car sans entente rien de bien ne peut se faire. Pourant, l’homme aurait échoué dans ses deux premières tentatives.

Si cette fois il y est parvenu, c’est sans doute compte tenu de l’implication de certains notables et de madame Héma Delphine Tou qui s’est refusée à toute déclaration après la cérémonie, bien que la population de Tengrela lui reconnaisse la valeur de sa contribution en tant que personne-ressource dans la résolution de la crise. Pour la cérémonie de réconciliation, des sacrifices de poulets et autres animaux étaient nécessaires. Ces animaux ont été sacrifiés sur les fétiches du village afin que plus jamais, aucun fils du village ne fasse couler le sang d’un autre.

Parmi les intervenants figuraient un représentant des vieux, un représentant des jeunes, Mme Héma Delphine, et le chef du village. Ils ont tous applaudi l’action de Léonce Koné et se sont engagés à œuvrer pour le renforcement de l’unité et de la cohésion dans le village. C’est un Léonce Koné heureux de voir la hache de guerre qui était brandie dans son village enterrée qui a pris congé de ses parents, tout en les exhortant à préserver cette union retrouvée.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays