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Chefferie coutumière de Rissiam : L’autre son de cloche de N. Daniel Ouédraogo

Publié le mercredi 21 février 2007 à 06h58min

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Le droit de réponse que vous lirez ci-après se veut une réaction à celui du professeur Albert Patoin Ouédraogo, paru dans notre édition du 19 décembre 2006. De la chefferie coutumière de Rissiam au rituel du Kiuugu ; regard sur un passé qui n’a pas encore conté sa dernière histoire.

Monsieur le Directeur,

Dans votre édition du mardi 19 décembre 2006, à la rubrique Arts et Culture, page 14, j’ai lu un écrit émanant du Professeur Albert Patoin Ouédraogo. L’intéressé, usant de son droit de réponse, dit vouloir lever toute équivoque par rapport au compte rendu du rituel du Kiuugu rapporté dans votre livraison du vendredi 08 au lundi 11 décembre 2006 et dont je suis l’auteur.

Dans sa sortie, monsieur Albert Patoin tente de déformer, comme on a pu le constater à travers d’autres actes que lui et les siens n’ont cessé de poser, des faits, et, partant, l’histoire du Rissiam, pour les besoins d’une cause.

Aussi voudrais-je, monsieur le Directeur, user de mon droit de réplique ci-après, dont je vous saurai gré de bien vouloir publier, pour éclairer l’opinion publique en général, particulièrement les populations du Rissiam et tous ceux qui ont intérêt à connaître la vérité sur ce conflit coutumier du Rissiam, créé en 1969 par certains princes de cette dynastie avec la complicité de l’Administration, qui s’est laissée abuser et entraîner dans cette affaire par ces fins manœuvriers...

Mais avant d’apporter une réponse aux contre-vérités étalées par monsieur Albert Patoin, il convient, pour une meilleure compréhension du problème, de faire un bref historique du Rissiam et de ses coutumes et de retracer succinctement le conflit coutumier qui le déchire depuis 1969.

Historique du Rissiam

Fondé vers la moitié du 14e siècle par Tansongo, fils de Naaba Kouda (8e Moogho-Naaba de Ouagadougou, 1358-1401), le Rissiam ou Tansongo-Tenga (terre de Tansongo) était un royaume excentralisé de Ouagadougou, gouverné par un roi investi d’un pouvoir administratif et religieux, que la tradition désignait sous le nom de Rissiam-Naaba.

En envoyant son fils régner sur cette partie du Mogho, Naaba Kouda désigna un guerrier du nom de Zagué pour l’y accompagner. Celui-ci reçut mandat de l’Empereur pour faire les coutumes de son fils, qui choisit, dans un premier temps, de résider à Rissiam, village qui donna son nom au royaume.

Par la suite, Naaba Tansongo alla s’installer à Sabcé avec toute sa suite. Il installa alors Zagué, dépositaire de ses coutumes, à 2 km au Nord de Sabcé et y fit construire une maison sacrée pour ses coutumes. Cette maison est appelée maison de Naaba Tansongo. La localité pris le nom de Boussouma et Zagué en devint le chef.

A la mort de Naaba Tansongo, le chef de Boussouma porta la mauvaise nouvelle au Moogho-Naaba, qui lui donna l’ordre et des instructions pour aller faire les obsèques du défunt et investir le fils qui succéderait au père. Le chef de Boussouma s’exécuta, assisté naturellement par certains notables, et revint rendre compte au Moogho Naaba qui, en guise de reconnaissance du nouveau roi de Rissiam, envoya des émissaires lui remettre des objets...

Le pouvoir discrétionnaire du chef de Boussouma, descendant de Zagué, en matière d’intronisation des rois de Rissiam, la naissance du collège coutumier et la tradition qui veut que la mort et l’investiture du Rissiam-Naaba soient portées à la connaissance du Mogho-Naaba par voie coutumière et que celui-ci, en retour, pose un acte de reconnaissance du nouveau chef de Rissiam viennent de là.

Ainsi donc, à la mort d’un Rissiam-Naaba, son successeur est intronisé par le chef de Boussouma, assisté par les autres membres du collège coutumier dans la maison de Naaba Tansongo sise à Boussouma. Dans cette maison, le postulant reçoit l’investiture, prête un serment de fidélité afférent à ses nouvelles fonctions et en ressort muni du Naam Tido, symbole de la royauté du Rissiam. Le nouveau roi est alors conduit à Sabcé, où il intègre la cour royale.

Le Rissiam-Naaba, ainsi investi, devient ordonnateur et officier principal des coutumes du Rissiam. Lui seul est habilité à nommer les chefs coutumiers de villages ou de quartiers dans tout le Rissiam.

L’Administration et la chefferie coutumière

Pendant la colonisation, le Rissiam, comme beaucoup d’autres dynasties, devint une circonscription administrative appelée canton de Rissiam, placé sous l’autorité du ?Commandant de Cercle de Ouahigouya. Et son chef, devenu auxiliaire de l’Administration cumulativement avec ses fonctions coutumières, se vit attribuer le titre de chef de canton. Il était salarié.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que cette intégration de la chefferie coutumière à l’Administration n’a affecté en rien la procédure d’intronisation coutumière des rois du Rissiam, car, bien que le postulant soit imposé par le colonisateur, l’intéressé est intronisé par le chef de Boussouma, dans la maison de Naaba Tansongo, pour être reconnu coutumièrement. Les cas de Naaba Siguiri (23e roi du Rissiam) en 1901 et de Naaba Koutou (24e roi) en 1917 peuvent être cités comme exemples.

Après l’indépendance de la Haute-Volta, sous la Première République, le gouvernement décide de se séparer de ses auxiliaires. Un chef de canton mort n’était plus remplacé, administrativement s’entend. Les chefs de canton devaient retrouver leur statut d’avant la colonisation et exercer librement leurs coutumes, qui a valeur de religion, dont la pratique était garantie par la Constitution.

Mais l’Administration, ayant besoin d’intermédiaires entre elle et les populations, confiera cette tâche (bénévole) aux chefs de village qui étaient sous l’autorité coutumière des ex-chefs de canton. Cette nouvelle forme de collaboration est concrétisée par la remise de décisions aux chefs de village qui cumuleront, eux aussi, fonctions coutumière et administrative. Et pour les postes qui viendraient à être vacants, la désignation des remplaçants, dont le mode est défini par décret présidentiel, serait soumise à des élections villageoises.

Dès lors, des problèmes liés à l’application de cette nouvelle organisation étaient prévisibles au niveau des chefs-lieux des ex-cantons, étant donné que la plupart de ces villages, depuis leur création, n’ont jamais connu un chef de village en tant que tel, en dehors du chef de canton régnant. Exemple : le cas de Sabcé, où c’est le Rissiam-Naaba qui a toujours été, en même temps de fait, le chef de ce village depuis des siècles. Il n’en a jamais connu en dehors de lui. Cette réalité a été consignée dans l’historique du village écrit par le même Commandant de Cercle qui a eu à organiser les élections villageoises à Sabcé (document disponible).

Naissance du conflit coutumier du Rissiam et son évolution

Après la mort, le 10 mai 1969, du dernier chef coutumier du Rissiam qui était en même temps le chef de canton nommé par arrêté ministériel, le chef de Boussouma prit contact avec le Commandant de Cercle de Kongoussi de l’époque au sujet de la vacance du trône coutumier du Rissiam. Celui-ci lui demanda de patienter jusqu’à ce qu’un ordre vienne de Ouagadougou. Bien que cette vacance prolongée soit contraire aux coutumes du Rissiam, le Boussouma-Naaba se plia à la décision du Commandant de Cercle.

Dans le courant du mois d’octobre 1969, le Commandant de Cercle fit savoir au Boussouma, qui était reparti le voir, que l’Administration ne reconnaissant plus les chefs de canton, il était loisible aux coutumiers de faire leurs coutumes, car le chef que l’Administration va désigner serait le chef du seul village de Sabcé.

Celui-ci s’en retourna alors réunir le collège coutumier et procéda à l’investiture de Ouédraogo Tinga, premier fils du chef défunt, retenu parmi sept (07) candidats qui se sont manifestés, dont Ouédraogo Rawanguian, frère aîné du Professeur Albert Patoin. Ainsi, Ouédraogo Tinga devenait le 28e Rissiam-Naaba, sous le nom de guerre de Naaba Tougouri.

Par la suite, devait avoir lieu l’élection du chef de village de Sabcé. Déjà investi chef coutumier du Rissiam, fonction compatible avec celle de chef administratif du village de Sabcé, et vu que les candidatures étaient reçues de façon instantanée, Ouédraogo Tinga décida de postuler à cette fonction. Mais tout fut mis en œuvre pour l’évincer au profit de Ouédraogo Rawanguian qu’on proclama élu. Et aux populations rassemblées ce jour-là pour la circonstance, le Commandant de Cercle tint ce langage :

« Sous réserve d’une décision ministérielle, Ouédraogo Rawanguian est élu chef de village de Sabcé. Quant à Ouédraogo Tinga, candidat malheureux aux élections, il peut s ’occuper de ses coutumes, car l’administration ne s’en mêle pas ».

Cette mise au point sur la neutralité de l’Administration dans les affaires coutumières du Rissiam sera reprise par le Commandant de Cercle le 17 novembre 1969 quand celui-ci revint à Sabcé pour notifier à Rawanguian sa décision de chef de village.

Mais on ne tardera pas à comprendre l’hypocrisie de l’Administration à travers ses manœuvres tendant à légitimer Rawanguian comme chef coutumier du Rissiam :

- tentatives d’interdire à Naaba Tougouri, une semaine après son investiture, d’accomplir un rite coutumier à Boussouma : en effet, celui-ci devait, une semaine après son investiture, retourner à Boussouma pour y accomplir un dernier rite avant d’aller intégrer la maison coutumière à Sabcé. Pour empêcher ce rite, le Commandant de Cercle a envoyé des gardes-cercle dès l’aube à Boussouma, le jour indiqué, pour s’y opposer ;

- son expulsion de Sabcé en décembre 1969 et son renvoi manu militari, sous escorte de la garde républicaine, à Zandkom ;

- pression sur le Tingsaba de Boalin, membre du collège coutumier, pour l’amener à « introniser » Rawanguian comme chef coutumier du Rissiam (cf. les révélations contenues dans l’arrêt n°4 du 23/02/1973, relatées ici plus loin) ;

- répression aveugle, plusieurs années durant, contre Naaba Tougouri et les coutumiers du Rissiam à l’occasion de la pratique de leurs coutumes : en effet, lui-même, le chef de Boussouma et beaucoup d’autres coutumiers ont, plusieurs fois et durant plusieurs années, été arrêtés et internés soit à Kongoussi, soit à Kaya, soit à Ouagadougou, la veille de la célébration de leurs cérémonies coutumières (par exemple les fêtes du Kiuugu, du Baasga), le temps de leur faire rater celles-ci.

A d’autres occasions, ce sont plusieurs membres de la famille qui ont été poursuivis et emprisonnés à Ouahigouya pour avoir fait les mêmes coutumes, ou pour avoir participé à une cérémonie coutumière. D’autres encore, qui étaient des agents de l’Etat, ont été soit révoqués, soit éloignés de Sabcé par des affectations arbitraires ;
- retrait, par la force, du Naam Tido des mains de Naaba Tougouri.

Tel est, retracé brièvement, le film du conflit coutumier du Rissiam, né de l’immixtion de l’Administration dans cette affaire et dont nous n’ignorons pas les dessous... Cela étant, revenons au droit de réponse du Professeur Albert Patoin Ouédraogo, que je peux résumer ainsi qu’il suit :
- Monsieur le Professeur conteste l’authenticité de la célébration à Zandkom le 02 décembre 2006 de la fête coutumière du Kiuugu par sa Majesté Naaba Tougouri, Chef coutumier du Rissiam au motif qu’un certain « Naaba Wobgo » l’avait déjà célébré à Sabcé, capitale du Rissiam, le 25 novembre 2006 avec la participation du conseil coutumier, des chefs de village du royaume, des représentants des diverses communautés... ;
- il réfute le passage du compte rendu faisant état de la présence du Kassiri-Naaba à Zandkom le 02 décembre 2006 en qualité de représentant spécial du Moogho-Naaba, parce que, selon lui, de mémoire des habitants du Rissiam, celui-ci n’a pas envoyé de représentant à Sabcé, capitale coutumière, et encore moins dans un village comme Zandkom à l’occasion du Kiuugu. Pour lui, cette insertion tend à faire croire que Naaba Tougouri est le Chef de Rissiam reconnu par le Moogho-Naaba ;

s’agissant de la légitimité de la chefferie coutumière du Rissiam, le Professeur l’attribue à « Naaba Wobgo », qui a été élu chef par la population de Sabcé au regard du décret n°326/PRES/IS/DI du 28 juillet 1964 au détriment de son rival et nommé par le conseil coutumier ; intronisé par le Tingsaba de Boalin ; légitimé le 24 juin 1975 par le gouvernement au cours d’une rencontre avec les membres du conseil coutumier, lequel gouvernement ayant, avant et après le 24 juin, donné des instructions au sous-préfet de Kongoussi à cet effet suivant lettres citées en référence ; conforté enfin par l’arrêt N° 106 du 07 décembre 2001 de la Cour d’Appel de Ouagadougou...

Quant à Naaba Tougouri, que le Professeur appelle cyniquement « ex-chef de Zandkom », il a, selon lui, été battu aux élections par « Naaba Wobgo » ; révoqué par arrêté ministériel ; contraint de rendre le Nam Tido, qu’il avait emporté frauduleusement. Et malgré cet échec, il a continué, parce que manipulé, toujours selon Monsieur Albert Patoin, à vouloir exercer une fonction qui n’est nullement la sienne : • « nomination fantaisiste des chefs de village » ; • « célébrations parallèles de fêtes coutumières, avec tous ce que cela comporte comme risques d’atteinte à l’ordre public » ;

Et pour terminer, le Professeur invite le Moogho-Naaba à la neutralité et à la « non-immixtion dans les affaires des royaumes frères » ( ?) et demande à ceux qui ont organisé la sortie de Zandkom (...), « en dehors de toutes considérations coutumières (...) », « afin que le Rissiam, ancien royaume historiquement indépendant, demeure uni et en paix, dans la République ».

Avec l’autorisation de sa Majesté Naaba Tougouri et de tous les dignitaires coutumiers du Rissiam, il me plaît de répondre au Professeur Albert Patoin Ouédraogo, notamment sur les points suivants :

1. De la légitimité au trône coutumier du Rissiam

De la part de quelqu’un d’autre, cette sortie pouvait être mise sur le compte de l’ignorance. Mais d’un Albert Patoin Ouédraogo, grand prince du Rissiam censé connaître la coutume de sa dynastie, elle relève d’une très mauvaise foi. Mais cela se comprend néanmoins, car devinant aisément les ambitions du Professeur (...) et vu que lui et les siens se sont mis en porte-à-faux avec la coutume (révolte et menace des membres du collège coutumier dans la maison de Naaba Tansongo à Boussouma en janvier 1959 quand Naaba Yemdé avait été retenu pour l’investiture au détriment de leur frère aîné, le Kougsabla- Naaba ; persécution des coutumiers du Rissiam, avec à leur tête Naaba Tougouri et le regretté Naba Wèdga de Boussouma, président du collège coutumier, par l’Administration, d’octobre 1969 jusqu’à l’avènement de la Révolution démocratique et populaire et dont personne n’ignore qu’ils en sont à la base), il faut bien inventer quelque chose pour tromper l’opinion publique surtout du Rissiam, à dessein.

Sinon le Professeur Albert Patoin sait très bien qu’il n’y a pas une autre procédure d’intronisation des rois du Rissiam en dehors de celle démontrée plus haut, puisque c’est bien celle suivie par son propre père, Naaba Sanoum, pour se faire introniser 26e roi du Rissiam en 1933 à Boussouma. Et c’est par elle que Naaba Tougouri a été intronisé le 30 octobre 1969 à l’aube, comme le veut la tradition, par Naaba Wedga, chef de Boussouma, assisté par les autres membres du collège ci-dessous cités, au vu et au su de tout le monde :

1. le Tingsaba de Boalin, de son vrai nom Ouédraogo Napingrima

 ; 2. le Tansaba de Sabcé, de son vrai nom Ouédraogo Zoéyandé

 ; 3. le Tansaba de Pouni, de son vrai nom Nassa Luc

 ; 4. le Kassiri de Sabcé, de son vrai nom Ouédraogo Ouammanegba

 ; 5. le chef de Yougounini, de son vrai nom Ouédraogo Nindaoua

 ; 6. le Widi-Naaba de Rissiam, de son vrai nom Ouédraogo Rimmanegdo

.

Au Rissiam-Naaba ainsi investi, tout descendant de Naaba Tansongo digne de ce nom doit respect et soumission sur le plan de la coutume, car c’est lui qui incarne désormais l’ancêtre fondateur de la dynastie et porte le flambeau de notre croyance. Si M. Albert Patoin, prince du Rissiam, ne veut pas se soumettre à cette obligation morale, c’est son affaire.

Mais qualifier toute la procédure suivie de « simulacre de nomination opérée clandestinement » par le chef de Boussouma et d’enlèvement « frauduleux » du Naam-Tido par Naaba Tougouri, dans le but de tromper l’opinion publique et de l’amener à adhérer à sa cause relève d’une extrême malhonnêteté, tout comme affirmer que 19 souverains du Rissiam ont été intronisés à Boalin et y reposent, et que c’est le Tingsaba de ce village qui intronise les chefs de Rissiam relève de l’absurdité. Si le ridicule tuait !

Tous les souverains du Rissiam sont intronisés à Boussouma, et tous ceux qui sont décédés sont enterrés à Boussouma, village dont le nom vient de« busbu » (action d’enterrer en langue mooré) car c’est Naaba Tansongo lui-même, de son vivant, qui a dit, en désignant ce village : « m san ki, bi b bus-m ka » (« Si je meurs, qu’on m’enterre ici »). Evidemment, il n’y a pas pur aveugle que celui ne veut pas voir. A notre connaissance, il n’y a aucun monument historique lié à la coutume du Rissiam à Boalin.

C’est plutôt à Rissiam, ancienne capitale de la dynastie, qu’il existe des tombes (symboliques) des rois du Rissiam décédés, comme il en existe dans d’autres localités où des rois du Rissiam ont résidé. Si monsieur Albert Patoin ne le savait vraiment pas, nous sommes disposés à le lui expliquer (2). Mais il doit au moins se rappeler que les siens, conduits par le regretté chef de Loundogo, ont commencé leurs démarches visant à faire introniser parallèlement Ouédraogo Rawanguian auprès du Tang-Naaba de Rissiam, à quelques pas de Boalin. C’est quand celui-ci les a refoulés qu’ils se sont tournés vers le Tingsaba de Boalin (qui était sous l’autorité coutumière du Tang-Naaba). Et ce dernier, sous la pression de l’Administration, a été amené à commettre cette bassesse, alors qu’il avait bien participé à l’intronisation de Naaba Tougouri.

Mais comme dit un adage, « une faute avouée est à moitié pardonnée ». Les coutumiers du Rissiam n’en veulent pas à ce notable qui a agi sous la pression et nous espérons et le souhaitons, que ce membre du collège qui s’est confessé avant de quitter ce monde sera aussi compris par les ancêtres, et que ceux-ci accepteront qu’il repose auprès d’eux. Il appartient maintenant à nous autres, les vivants, de le laisser dormir en paix en cessant de vouloir toujours exploiter un acte que son auteur a regretté d’avoir posé.

En effet, Ouédraogo Napingarima, Tingsaba de Boalin, deuxième membre du collège coutumier, déclara lui-même, le 23 octobre 1972 devant des agents assermentés envoyés auprès de lui par la Cour suprême de Haute-Volta à l’époque, dans le cadre d’une enquête liée au conflit coutumier du Rissiam : « C’est moi qui ai procédé aux cérémonies coutumières de nomination de Ouédraogo Rawanguian ... Je ne suis pas compétent pour procéder aux cérémonies coutumières de nomination du chef... de Sabcé concurremment avec le chef de Boussouma ; je l’ai fait parce que le chef de Boussouma refusait de le faire et le Commandant de cercle de l’époque me sommait de procéder rapidement à ces cérémonies... » (Cf. arrêt N° 4 du 23 février 1973).

Et le même arrêt dont Rawanguian lui-même était à la base, de confirmer cette vérité historique connue de tous les habitants du Rissiam, majeurs en 1969, en ces termes : « attendu que le chef de Boussouma est l’unique autorité coutumière, capable de juré, d’introniser les nouveaux princes du Rissiam... ; attendu qu’il résulte des pièces de la procédure que Ouédraogo Rawanguian ne parvint pas à recevoir l’investiture des mains du chef de Boussouma et dût l’aller quérir auprès du chef de terre de Boalin, le sieur Ouédraogo Napingarima ; attendu que ce dernier, ainsi qu’il le déclara lui-même (revoir la citation plus haut) reconnut son incompétence en la matière et l’irrégularité du processus adopté ; attendu ?en conséquence que si Ouédraogo Rawanguian possède assurément la qualité de chef administratif de Sabcé, il ne saurait, faute d’intronisation régulière, être considéré coutumièrement comme chef tant de Sabcé que du Rissiam... ».

Voilà qui est clair, monsieur le Professeur ! Et d’autres exemples prouvant la mauvaise foi de ceux qui prennent leur désir pour des réalités en parlant des intronisations à Boalin ne manquent pas. En effet, celui-là même qu’Albert Patoin prétend soutenir n’avait-il pas lui-même déclaré aussi devant le tribunal du 2e degré de Séguénéga le 16 août 1972 : « J’avais affaire à un concurrent à la chefferie, qui était dans les bonnes grâces du chef de Boussouma.

Or c’était le chef de Boussouma qui était habilité à donner l’investiture coutumière aux chefs de Rissiam (...) ». Et son témoin, Ouermi Yembraogo, de renchérir devant le même tribunal : « Le chef de Sabcé a même été contraint d’envoyer une délégation auprès du Boussouma pour lui demander pardon, mais ce pardon n’avait pas été accepté » ? (cf. jugement N°1/SGN/T.2 du 16/08/72).

Que dire encore des actes administratifs qui, pour monsieur Albert Patoin Ouédraogo, ont légitimé « Naaba Wobgo » et détrôné « l’ex-chef de Zandkom » ? La haute juridiction a, de par les citations ci-dessus rappelées, déjà fait la part des choses.

Néanmoins, il ne serait pas superflu de démontrer leur portée négative sur la coutume, surtout à ceux qui soutiennent mordicus que le sieur Rawanguia est le chef du Rissiam, parce qu’il a été démocratiquement élu par la population de Sabcé, tout en sachant que logiquement le suffrage du seul village de Sabcé, fût-il capitale coutumière du Rissiam, ne peut conférer à ce dernier une légitimité coutumière (si légitimité il y avait) sur tout le Rissiam qui compte plus de quatre-vingt(80) villages. C’est absurde !

En effet, ni l’arrêté ministériel N°262/IS/DI/CH du 12 novembre 1969 nommant Ouédraogo Rawanguian chef de village de Sabcé en application du Décret n° 326/PRES/IS/DI/ du 28 juillet 1964 (qui n’a aucune interférence avec la chefferie coutumière), ni le procès-verbal de la fameuse rencontre du 24 juin 1975 présidée par l’Administrateur Sib Sié Bernard, Directeur général de l’Intérieur à l’époque ; dont les relations amicales avec certains princes intellectuels du Rissiam étaient connues, ni les lettres ministérielles adressées au sous-préfet de Kongoussi et ayant abouti au retrait, par la force, du Naam Tido des mains de Naaba Tougouri n’ont conféré une quelconque légitimité coutumière à Ouédraogo Rawanguian. Au contraire, certains de ces actes ont constitué une voie de fait constatée par la Cour suprême, que nous évoquerons plus loin.

De même, les effets de l’arrêté N° 343/IS/CH du 27 novembre 1972 par lequel le ministre de l’Intérieur de l’époque a révoqué Ouédraogo Tinga de la chefferie villageoise de Zandkom (dont il s’apprêtait d’ailleurs à démissionner pour se consacrer à ses nouvelles fonctions) ne valaient que pour le seul niveau administratif.

C’est donc Naaba Tougouri, celui-là même qui a reçu l’investiture coutumière régulière, qui ne se sanctionne pas par une quelconque décision administrative, qui est et demeure le Rissiam-Naaba. C’est bien ce genre d’investiture qui a fait de tous les Dimas et autres autorités coutumières du pays ce qu’ils sont.

Toujours pour faire croire à la légitimité de Ouédraogo Rawanguian, le Professeur exhibe l’arrêt N°106 du 07 décembre 2001 qui aurait débouté Naaba Tougouri de toute revendication coutumière. Mais qu’en est-il exactement ? Par son arrêt n°009/96 du 9 avril 1996, la Cour suprême, saisie du conflit coutumier du Rissiam par Naaba Tougouri, relèvera que les actes posés par l’Administration dans cette affaire, à savoir :
- l’expulsion de Ouédraogo Tinga, manu militari, de la maison coutumière de Sabcé,
- l’exil forcé de Ouédraogo Tinga à Zandkom,
- le retrait, par la force, du Naam-Tido et son affectation irrégulière à Rawanguian,
- ainsi que les multiples séquestrations, constituent une voie de fait, puisqu’il s’agit d’« irrégularités grossières portant atteinte au droit de propriété et à des libertés fondamentales ». Et la Cour, se déclarant incompétente pour trancher, renvoya le requérant à se pourvoir autrement.

Celui-ci se tourna alors vers le Tribunal de Grande instance de Ouahigouya, qui, par son jugement n°33/00 du 10 juillet 2000, reconnut la voie de fait constatée par la Cour suprême dans son arrêt sus-cité et condamna l’Administration à retirer des mains de Ouédraogo Rawanguian le Naam-Tido pour le remettre à Naba-Tougouri et à lui réparer les préjudices moral et matériel subis.

La Cour d’appel de Ouagadougou infirmera, curieusement, ce jugement par son arrêt n°106 du 7 décembre 2001 qui ravit tant le professeur Albert Patoin et les siens, au point que dès sa parution, cet Arrêt aurait d’abord été distribué à des proches et amis sous le manteau, puis fêté chez « Naaba Wobgo », parce que perçu par eux comme une décision qui sacre enfin celui-ci.

Et, pour manifester officiellement leur « victoire », le Professeur Albert Patoin Ouédraogo, au nom de « Naaba Wobgo », fera notifier le fameux arrêt par acte de Huissier de justice du 24 décembre 2004 au Haut-commissaire du Bam, au Commandant de la brigade de gendarmerie de Kongoussi, au préfet et au commissaire de police de Sabcé, et enfin à Naaba Tougouri, pour leur signifier que le jugement n°33/00 du 10 juillet 2000 ne produit plus d’effets juridiques...

Honnêtement parlant, monsieur le Professeur, votre fameux arrêt de la Cour d’appel prime-t-il sur ceux de la Cour suprême, déjà évoqués, ou sur cet arrêt n°39/87 du 10 janvier 1987 de la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Ouagadougou qui, en annulant un jugement du 22 juin 1983 du Tribunal correctionnel de Ouahigouya ayant condamné à tort Naaba Tougouri et autres (sur plainte de l’Administration), parce qu’ils ont fait leurs coutumes, a dit en substance : « attendu que les coutumes constituent une valeur culturelle, que les détenteurs et gardiens de ces valeurs ne sauraient être confondus dorénavant avec les détenteurs du pouvoir politique ou administratif...) », ou encore sur cet autre Arrêt N° 58 du 16-06-2000 de la Cour d’Appel que nous évoquerons plus loin ? Tous ces jugements n’ont-ils pas acquis l’autorité de la chose jugée ? Ne constituent-ils pas, en la matière, une jurisprudence, s’agissant de l’affaire coutumière du Rissiam ?

Monsieur le Professeur, nous ne sommes pas dupes pour ne pas comprendre pourquoi vous vous attachez tant à l’arrêt n°106 et décidez de faire la sourde oreille devant les contradictions flagrantes que renferme cet arrêt (une décision judiciaire qui contredit les décisions déjà prises, non contestées et devenues définitives, de la même instance et celles d’instances hiérarchiques supérieures). Tout finira par se révéler ! Mais, en attendant, nous nous gardons d’émettre d’autres commentaires sur cet Arrêt n°106 qui, vous le savez, constitue un dossier toujours pendant, même si, dans certains milieux, on se plaît à soutenir que cette affaire est déjà à jamais enterrée...

2) Le Kiuugu : signification et célébration.

Signification : Le Kiuugu est une fête coutumière d’action de grâce instituée par les ancêtres depuis la fondation du Rissiam et qui a pour but d’honorer la mémoire de ceux-ci et de les remercier pour tous les bienfaits dont les vivants ont bénéficié durant la saison écoulée.

Célébration : La fête du Kiuugu est célébrée chaque année à la fin de l’hivernage. Le clou de la fête est, d’abord, la célébration, dans la journée, de la cérémonie par le Rissiam-Naaba avec la participation du dépositaire des coutumes du Rissiam (le chef de Boussouma) et sa suite, du Fourfa-Naaba, premier dignitaire coutumier de la descendance de Naba Tansongo et son groupe, des chefs coutumiers de village, des gardiens de la tradition orale (les benda), etc. ; puis, le rituel des offrandes (la nuit) sur les tombes de tous les souverains enterrés à Boussouma, par le chef de Boussouma, assisté par des notables, sur ordre et avec du nécessaire fourni par le Rissiam-Naba.

C’est ce qui s’est déroulé le 02 décembre 2006 à Zandkom et à Boussouma et qui n’a rien à voir avec cette parodie de célébration à Sabcé dont fait état Albert Patoin, et qui n’a jamais connu la participation des personnes « clés » citées plus haut, ni ouvert les portes de Boussouma pour les offrandes sans lesquelles on ne peut parler de Kiuugu. Alors, lequel de Naaba Tougouri et de « Naaba Wobgo » célèbre alors parallèlement les fêtes coutumières ?

3) De la présence du Kassiri-Naaba de Ouagadougou à la fête du Kiuugu en tant que représentant du Moogho-Naaba

De mémoire d’habitant du Rissiam, selon le Professeur, le Moogho-Naaba n’a jamais envoyé de Représentantà Sabcé à l’occasion du Kiuugu, encore moins à Zandkom...

Nous lui concédons cette affirmation. Toutefois, le monde évolue et nous avec. C’est pourquoi l’adage qui disait que « Qui veut voir le pape va à Rome » est devenu caduc, puisque nous avons vu le pape par deux fois à Ouagadougou !

Aussi, si feu sa Majesté Naaba Kougouri, accompagné de feu Laglé-Naaba Anbga (paix à leurs âmes) et de bien d’autres Ministres de la Cour Royale de Ouagadougou, a déjà rendu une visite de courtoisie au Rissiam-Naaba Yemdé (père de l’actuel Naaba Tougouri) à Sabcé en avril 1969, il n’y a rien d’étonnant que son successeur et fils envoie un représentant à la fête du Rissiam-Naaba s’il le veut. Dans tous les cas, je ne dirai pas davantage sur cette partie, à la place de qui de droit.

4) De la reconnaissance du Rissiam-Naaba par le Moogho-Naaba

Bien qu’ils soient des royaumes autonomes, des relations traditionnelles (comme citées dans l’historique) ont toujours lié le Rissiam au Royaume de Ouagadougou. En outre, les Moogho-Naaba ont toujours reconnu les souverains du Rissiam et même intervenu quelquesfois pour régler certains litiges coutumiers...

4.1. Quelques exemples :

Quand le futur Naaba Liguidi, alors qu’il était encore chef de Zandkom, fut brimé par deux fois par l’administration coloniale de Ouahigouya : d’abord en 1901 au profit de son jeune frère germain, le Kougsabla-Naaba qui devint Naaba Siguiri, puis en 1917 au profit de son neveu Naaba Koutou (le fils de son autre jeune frère germain, le Souryala-Naaba), celui-ci porta l’affaire devant le Moogho-Naaba Kom.

Et c’est par respect de l’investiture coutumière dont avait déjà bénéficié le postulant des mains du chef de Boussouma, dans la maison de Naaba Tansongo, que celui-ci n’avait pas été détrôné... Mais après sa mort, survenue deux ans après, le Moogho-Naaba Kom fit rétablir Naaba Liguidi dans ses droits et celui-ci devint le 25e roi du Rissiam en 1919. C’est pourquoi le premier enfant qu’il eut après son accession au trône (une fille) a été prénommée Sidbéwagdogo (la vérité est à Ouagadougou), en signe de reconnaissance au Moogho-Naaba qui, pour le Rissiam, est son père. Sidbéwagdogo, seule survivante des enfants de Naaba Liguidi, vit à Boulènga-Kongoussi.

En janvier 1959, la mort de Naaba Sanoum, survenue en décembre 1958, et l’investiture coutumière de son successeur, Naaba Yemdé, furent officiellement annoncées au Moogho-Naaba Kougri par une mission conduite par le Wéd-Kim-Naaba, Rakisrima Nassa, de Sabcé. En retour, des envoyés de sa Majesté, sous la direction du Kassiri-Naaba Siguiri, père de l’actuel Kassiri-Naaba, se rendirent à Sabcé pour signifier au nouveau Rissiam-Naaba sa reconnaissance par le Moogho-Naaba.

4.2. De la reconnaissance de Naaba Tougouri

S’agissant de la reconnaissance de Naaba Tougouri, le Professeur Albert Patoin est bien en retard, car celui-ci n’a pas attendu le 02 décembre 2006 pour inviter le Kassiri-Naaba afin de témoigner de sa reconnaissance par le Mogho-Naaba. Que monsieur Albert Patoin sache que de son vivant, sa Majesté Naaba Kougri, père de l’actuel Moogho-Naaba Baongo, a reconnu Naaba Tougouri en qualité de chef de Rissiam.

Et c’est au nom de cette reconnaissance qu’en janvier 1970, alors que se tenait dans la Cour royale à Ouagadougou un conseil supérieur du syndicat des chefs coutumiers de Haute-Volta auquel participait Naaba Tougouri, « Naaba Wobgo », qui avait tenté, lui aussi, d’y prendre part, s’est vu prié par le Rag-Naaba Maurice, sur ordre de sa Majesté Naaba Kougouri, de quitter la Cour Royale, parce que le Moogho-Naaba ne reconnaissait pas deux chefs dans le Rissiam.

Et à l’issue dudit conseil, son Président, au nom des chefs coutumiers, a adressé, le 23 janvier 1970, une lettre au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de l’époque, pour se plaindre de l’immixtion de l’administration dans les affaires coutumières du Rissiam. Monsieur Albert Patoin peut prendre connaissance d’une copie de celle-ci s’il le veut.

De plus, le 12 novembre 1988, le Rissiam-Naaba Tougouri, reconnu comme tel, a été reçu par sa Majesté Naaba Baongo dans son palais, accompagné de son introducteur officiel, le Laglé-Naaba et du Kassiri-Naaba, en présence de plusieurs Ministres de sa Majesté. Il convient de mentionner également les missionnaires de Naaba Tougouri reçus plusieurs fois tant par feu Naaba Kougri que par Naaba Baongo.

Enfin, le Professeur Albert Patoin parle d’unité et de paix pour le Rissiam. Comment cela peut-il se concrétiser quand il y a, dans ce Rissiam, des personnes mal intentionnées qui passent tout leur temps à pervertir la réalité multiséculaire des coutumes du Rissiam par tous les moyens :

diffusion de faussetés sur des médias
propagation de documents mensongers sur l’histoire du Rissiam, tels que : • la dynastie du Rissiam ; • la nomination de Naaba Yemdé en janvier 1959 ; • quelques éléments de la chefferie coutumière du Rissiam/Sabcé, à partir de Naaba Sanoum ;

• putch manqué à Boussouma (cf Le Pays n°2517 du 26/11/2001) ; • le Tengsoba de Boalin, président du collège électoral et l’histoire d’un trône, alternance entre deux lignées d’aspirants au trône (le Pays n° 2518 du 27/11/2001)...

Comment monsieur Albert Patoin peut-il parler d’unité et de paix, alors que son comportement démontre le contraire ? Quelques exemples :

1) Dans le village de Birou, un certain Ranini Ouédraogo, se disant « Chef » de ce village parce que nommé parallèlement par « Naaba Wobgo », revendique les terrains coutumiers auprès de la famille du chef régulièrement investi. Il fut débouté de sa revendication tant en première instance (Jugement n°9 du 26/04/1995 et N°7/98 du 26/01/1998 du Tribunal de Grande instance de Ouahigouya) qu’en appel où, pourtant, il a bénéficié de l’assistance de deux avocats (arrêt n°3 du 07/01/2000). Ranini mort en 2002, l’occasion semblait être donnée à Rawanguian de sauver la face.

Ce qu’il fit ? Il nomma encore un autre chef fictif à Birou, et c’est notre apôtre de la paix qui reçut mandat, en 2004, de remettre en cause, donc 04 ans après, les jugements ci-dessus cités, malgré l’autorité acquise de la chose jugée ! (cf. procuration du 23-04-2004, signée de « Naaba Wobgo » et légalisée par le Commissaire de police de Sabcé).

2) Le chef coutumier de Bango, frère cadet de Naaba Tougouri, est décédé en décembre 2003 après 42 ans de règne. Il a laissé derrière lui des héritiers. Quatre mois après son décès, alors que le défunt n’a pas encore eu droit aux funérailles coutumières, la rumeur a couru que M. Albert Patoin se faisait appeler « chef de Bango » : cela vient de se confirmer par la propre signature de l’intéressé dans L’Observateur Paalga du 19 décembre 2006. Or, de notoriété publique chez les Moosé en général et en particulier dans la descendance de Naaba Tansongo du Rissiam, la succession d’une personne décédée (surtout un chef coutumier) n’est ouverte qu’après les funérailles de celle-ci.

Par ailleurs, « Naaba Wobgo », qui l’a certainement nommé, alors que, n’ayant pas la qualité de chef coutumier du Rissiam, comme nous venons de le démonter, il n’était pas habilité à nommer un chef coutumier de village. C’est justement cela, la nomination « fantaisiste » dont vous faites état dans votre droit de réponse, monsieur le Professeur ! Cela, ajouté à vos projets d’expropriation des pauvres paysans de leurs terres, comporte bien des « risques d’atteinte à l’ordre public » ! car, j’imagine les réactions de ceux-là que vous voulez évincer à tort ! Monsieur le Professeur, merci de confirmer à l’opinion publique que le plus souvent, ce sont ceux qui sont les premiers à crier aux voleurs qui sont les vrais voleurs !

Pour terminer sur cette nomination doublement fantaisiste et irrégulière, je vous invite à vous référer à l’arrêt n°58 du 16/06/2000 qui, pour débouter un certain Ouédraogo Gueswindé Charles de sa revendication des terres coutumières de Rounou, en qualité de « chef » de ce village, a dit, entre autres, dans son argumentaire : « attendu qu’il résulte de l’arrêt n°4 du 23/02/1973 que la qualité de chef de village de Sabcé n’a pas été reconnue à Ouédraogo Rawanguian, attendu que c ’est Ouédraogo Rawanguian qui a nommé Ouédraogo G. Charles, attendu que l’arrêt ne lui a pas reconnu sa qualité de chef, il ne pouvait lui-même à ce titre nommer un autre chef... qu’il convient de tirer conséquence de cet arrêt de la Cour suprême... ».

Monsieur le Professeur, tirez-en vous aussi les conséquences dès maintenant, car ce que vous avez fait n’est pas de la coutume. C’est indigne de la part d’un homme de votre rang. En tout cas, votre digne père, Naaba Sanoum (paix à son âme !), n’a pas eu, durant son long règne, à bafouer les coutumes du Rissiam. Si vous vous réclamez de lui, vous devez réfléchir et vous ressaisir ! A défaut, l’histoire nous rattrape tous toujours !

Et je laisse à l’opinion publique, au vu des deux exemples cités ci-dessus, de juger si de tels actes viennent de quelqu’un d’honnête et qui veut la paix.

Ouagadougou, le 12 février 2007

Ouédraogo N. Daniel

Notes :

1. Toutefois, prévenus de ce mouvement dans la nuit, les coutumiers ont pris les précautions nécessaires pour célébrer ce rite avant l’arrivée des gardes-cercle.

2. Cela lui éviterait de faire la confusion entre les résidences temporaires et les véritables capitales du canton d’une part, de l’autre, entre les tombes symboliques et les tombes réelles et, ce faisant, d’induire l’opinion publique en erreur sur les réalités coutumières et historiques du canton du Rissiam.

L’Observateur

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