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Crise au conseil municipal de Diébougou : Un mois pour trouver un terrain d’entente

Publié le lundi 19 février 2007 à 08h38min

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Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, a conduit le 15 février 2006 une mission de médiation à Diébougou en vue de trouver les voies et moyens pour une résolution de la crise qui, depuis la mise en place de l’organe exécutif du conseil municipal, divise les populations de ladite localité.

Au terme des concertations avec chacun des camps, le ministre a décidé de la mise en place d’une commission de concertation et de dialogue, et dont les travaux devraient aboutir, au bout d’un mois, à une proposition concrète de sortie de crise.

Les protagonistes de la crise au sein du conseil municipal de Diébougou ont seulement un mois pour s’entendre. Ainsi en a décidé le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, qui a conduit le 15 février dernier une mission de médiation pour un apaisement dans la crise socio-politique qui perdure depuis les élections municipales du 23 avril 2006 dans la commune urbaine de Diébougou, chef-lieu de la province de la Bougouriba, dans la région du Sud-Ouest.

A cet effet, le ministre a décidé de la mise en place d’une commission de concertation et de dialogue, et dont le pilotage a été confié à l’Administration, notamment au haut-commissaire, et à la société civile. Mais en attendant le rapport des travaux de cette commission, aucune session du conseil municipal ne devrait avoir lieu au cours des 30 jours. C’est le 30 mai 2006, jour de l’élection des membres du bureau du conseil municipal, que la crise s’est déclenchée. Ce jour-là, l’alliance CDP-RPP Gwassigui s’était retirée de la séance d’élection des membres du bureau, si bien que l’organe exécutif de la commune de Diébougou n’a été constitué que des représentants de l’ADF/RDA.

Le maire Nicolas Dah ayant été élu par 31 voix, proportionnellement au nombre de représentants dudit parti, contre 24 pour le CDP et 5 pour le RPP-Gwassigui. Cette situation a entraîné la formation d’une opposition constituée des conseillers CDP et RPP-Gwassigui au sein du conseil municipal, qui boycotte toutes les sessions du conseil municipal, rendant ainsi irrégulières toutes les sessions, compte tenu du quorum non atteint, et allant jusqu’à déposer des motions de défiance à l’encontre du maire.

Débutée autour de 10h, la médiation du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a duré environ sept heures. C’est le Centre diocésain de formation et d’animation (CDFA) qui a abrité la rencontre entre la délégation ministérielle, renforcée par la présence du gouverneur du Sud-Ouest, Rasmané Ouangrawa, du haut-commissaire de la Bougouriba, Joachim Somda, et du président du conseil régional, Mathias Hien, et les protagonistes de la crise.

Le ministre a d’abord procédé à des auditions préliminaires. Le premier groupe entendu a été celui du maire Nicolas Dah et son bureau. Suivirent ensuite les conseillers contestataires, la société civile, composée des communautés religieuses, dont l’évêque de Diébougou, Mgr Der Raphaël Dabiré, le pasteur Marcel Somé, des associations de jeunes, une représentante des femmes.

La parole fut enfin donnée à l’administration. Ce furent des rencontres préparatoires qui lui ont permis d’avoir une vue d’ensemble avant la grande rencontre où toutes les tendances se sont retrouvées dans une même salle pour se dire les vérités. Plus de 200 personnes dans une même salle, surtout quand on sait l’hostilité que nourissent certains pour d’autres, on peut dire qu’on l’a échappé belle car aucun heurt majeur n’a été enregistré.

Revenons donc aux différentes versions livrées au cours des préliminaires, surtout celles des antagonistes. Selon le maire Nicolas Dah et son groupe, essentiellement composé des conseillers ADF/RDA, et réconforté par une courte majorité de 31 postes contre 29 , la partie en face n’est qu’un mauvais perdant et rame à contre-courant de la démocratie. Selon eux, le CDP et le RPP ont voulu "acheter" certains conseillers de l’ADF/RDA dans l’intention de s’approprier le fauteuil du maire.

Si bien qu’à la veille de l’élection des membres du bureau, les conseillers de la majorité ont dû être internés pour parer à toute tentative d’achat de conscience, a confié Nicolas Dah. De leur côté, les contestataires n’admettent pas la majorité de l’ADF/RDA, parti au sein duquel il y aurait des démissions, selon leurs dires. A telle enseigne qu’on ne peut pas définir de façon claire la situation des quorums à Diébougou.

De la mésentente au sein des élus est née une fracture sociale à l’origne de troubles à l’ordre public. Selon le gouverneur de la région, cet état de trouble dans la comme de Diébougou a même affecté toute la province. Cela est grave, a-t-il prévenu, surtout à un moment où l’Etat, à travers l’option politique de la communalisation intégrale du territoire national, tente d’impulser un développement à la base, avec l’implication de toutes les classes sociales. Une chose est sûre, à Diébougou, il régnait un climat de méfiance et d’insécurité généralisée, et même que dans chaque camp certains agents de l’ordre public sont cités comme faisant partie des vandales.

Tantôt un commissaire de la localité, tantôt un gendarme résidant à Bobo Dioulasso. On évoque également des opérations de guerre ayant pour noms "opération épervier", "opération tempête de la savane" ou "opération tuez-le". Ces affrontements ont débuté le 29 septembre 2006, à l’occasion de la visite du maire de Florac, une ville française jumelée à la commune de Diébougou.

Ce jour-là, alors que le conseil municipal était convoqué à la rencontre avec les visiteurs, une autre rencontre regroupant les militants de l’aile CDP-RPP se tenait au niveau du CDFA. Ayant vu en cela un sabotage de la manifestation, des éléments de l’ADF-RDA, pris de colère, sont allés manifester leur courroux à leurs adversaires. Et depuis lors, c’est la chasse-poursuite entre les collines de Diébougou et on raconte que certaines personnes restent encore cachées chez elles de peur de se faire battre dans la rue.

A noter que depuis 1995, soit une décennie, c’est le CDP qui dirigeait la commune de Diébougou, avec comme édile Hervé Magloire Kam. Selon le groupe des responsables administratifs, notamment le haut-commissaire, une mésentente régnait déjà au sein du CDP, bien avant même le 23 avril. Ce qui a profité à l’ADF/RDA. Le RPP Gwassigui qui, initialement, avait composé avec l’ADF/RDA, s’est subitement senti frustré, raison de son ralliement avec l’ennemi commun.

Toute chose qui s’est révélée lors de la rencontre plénière où les militants ADF/RDA et RPP s’accusaient mutuellement de trahison. Du reste, selon le conseiller Hien de l’ex-canton de Bapla, la situation dans la commune de Diébougou n’est pas un problème de partis mais d’individus. Les populations en avaient marre de la gestion de la cité par le maire sortant et, donc, souhataient un changement, si bien qu’elles ont dû voter contre le parti de celui-ci.

Somme toute, le MATD a réussi un coup de maître d’autant que, de ce qui est ressorti de la rencontre, sa venue était vivement souhaitée. Du reste, la grande rencontre qui a enregistré plus de 200 personnes dans la même salle, toujours au CDFA, avec 38 interventions, a permis aux uns et aux autres de se défouler. Les débats ont pris fin autour de 17h30.

Par Lassina SANOU

Le Pays

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