En 1998, Naaba Sooré, chef coutumier de Kononga, obtient de ses partenaires un soutien financier pour la construction d’un bâtiment à usage de dispensaire, et un logement pour le personnel. En son temps, le choix du site avait créé un différend entre deux (2) quartiers du village de Kononga. Il s’agit notamment du quartier Tengsobongo et le quartier Nayiri (le dispensaire étant construit dans le quartier Nayiri). Aujourd’hui, le dispensaire de Kononga en question n’existe que de nom.

Les évacuations sont faites vers Ouahigouya. Lors de la campagne des élections législatives de 2002, le CDP avait promis de construire un dispensaire pour le département, dans le village de Kononga en particulier selon les responsables ADF/RDA de Kononga. Une promesse d’ailleurs bien saluée en son temps par les populations villageoises.

Ne voyant pas réaliser leur dispensaire, et dans le souci d’avoir coûte que coûte leur centre sanitaire pour se soigner, les habitants de Kononga sont allés présenter leur dossier à un projet soutenant les initiatives de développement local dans la région du Nord.

Un dossier dont les populations devraient joindre obligatoirement l’autorisation de construire, chose qu’elles n’ont pas obtenue. Aujourd’hui, le projet a pris fin et les populations se retrouvent sans dispensaire.

Selon les dires du chef de terre Souleymane Ganamé, militant de l’ADF/RDA, Saïdou Ouédraogo, secrétaire général de l’ADF/RDA, Salif Ganamé, secrétaire général adjoint ADF/RDA, Amidou Bélem conseiller municipal ADF/RDA, c’est dans la matinée du 07 janvier 2007, que le préfet de Namissiguima Issa Tamboura Tall, le secrétaire permanent du CONASUR Amadé Bélem et une troisième personne dont ils ne retiennent pas le nom, sont venus leur demander de quitter leur parti (l’ADF/RDA) pour le CDP car « les responsables du CDP ont obtenu un financement pour la construction de votre dispensaire, mais à la condition d’un ralliement au CDP sinon pas de dispensaire ». Une proposition que le chef de terre Souleymane Ganamé et les militants de l’ADF/RDA ont rejeté du revers de la main en répliquant en ces termes : « beaucoup de nos enfants ont milité dans le parti CDP. Aujourd’hui, ils sont revenus à l’ADF/RDA.

Vous savez le pourquoi. Pour Saïdou Ouédraogo, secrétaire général de l’ADF/RDA, « leur choix porté sur l’ADF/RDA est une question de dignité, d’intégrité et de convictions politiques, donc pas question de le quitter, advienne que pourra ».

Ceux que le préfet est allé rencontrer soutiennent qu’ils préfèrent perdre le dispensaire, mais jamais ils ne quitteront l’ADF/RDA : « notre politique n’est pas celle qui détruit, mais celle qui construit » concluent-ils. Le conseiller municipal de l’ADF/RDA Amidou Bélem, voit autrement les choses. Très modéré, il explique : « notre souci majeur dans le village est le développement de Kononga à travers la construction du dispensaire. Si le CDP peut construire le dispensaire pour les populations, elles l’applaudiront. Nous acceptons la politique du développement ».

D’un air visiblement découragé, le jeune conseiller Amidou Bélem affirme : « contrairement à notre parti l’ADF/RDA, les militants du CDP se réunissent régulièrement à Kononga ici », avant de conclure que « le CDP pouvait avoir beaucoup de militants à Kononga s’il ne faisait pas de fausses promesses ».

A Ouahigouya, nous avons pu rencontrer le préfet Issa Tamboura Tall pour en savoir davantage. Il nie toutes les accusations portées contre lui et explique en ces termes : « je n’ai jamais demandé à quiconque de quitter son parti pour le CDP. Je suis allé à Kononga pour leur faire comprendre que le village bénéficiera d’un dispensaire à travers le programme de développement sanitaire du district de Ouahigouya. Ce programme prévoit la construction d’une maternité, d’un dépôt MEG, des logements pour le personnel. A ce titre, je leur ai demandé de taire leurs divergences sur le choix du site et vivre en symbiose pour l’intérêt des populations. Si cela s’apparente à une campagne politique, j’assume mes responsabilités.

L’administration est neutre et je représente le gouvernement dans mon département. Donc, il est de mon devoir aussi de faire comprendre à ces populations, la politique que le gouvernement Burkinabé entreprend dans le domaine sanitaire. Les populations confondent maires et préfets. J’entreprends régulièrement des tournées pour connaître et vivre leurs réalités quotidiennes et rendre compte à ma hiérarchie. Si cela s’apparente à une campagne politique, je l’accepte mais c’est celle du gouvernement.

Quand nous avons lutté pour qu’il y ait deux (2) forages à Kononga et normaliser l’école de Kononga à trois (3) classes, alors si c’est de la politique, est-elle bonne ou mauvaise ? » Pour des militants CDP du village concerné, le besoin en dispensaire est évident. Selon Ali Ganamé, ils n’ont « jamais forcé ou essayé de corrompre les militants de l’ADF/RDA de rejoindre le CDP.

Le préfet de Namissiguima est venu rencontrer les populations pour que nous nous entendions sur le choix du site devrant abriter notre dispensaire. Si les militants de l’ADF/RDA voient en cela une tentative de corruption, nous disons que c’est la bonne. Notre souci dans le village est que les populations puissent se soigner convenablement que tu sois du RDA ou du CDP », a-t-il expliqué. Pour Seydou Ganamé, un autre militant CDP, le préfet a joué à l’apaisement : « le préfet de Namissiguima est venu jouer à l’entente, à la cohésion sociale, à l’harmonie des populations.

Le choix du site abritant l’ancien dispensaire, a été une source de séparation des habitants en son temps. Maintenant qu’un financement a été obtenu pour nous construire un dispensaire adéquat, je ne vois pas pourquoi on ne va pas s’entendre pour bénéficier de ce joyau ». Selon lui, « personne n’a essayé de corrompre un militant de l’ADF/RDA. Ni nous, ni le préfet de Namissiguima.

La politique pour nous c’est un jeu. La preuve en est que nous vivons en harmonie dans le village bien que nous partageons de façon égale les conseillers. Je crois que les militants de l’ADF/RDA de Kononga cherchent une porte de sortie voyant venir leur défaite pour les élections législatives ».

Namissiguima est situé à 25 km de Ouahigouya avec une population estimée à 27 705 habitants dont 25 villages. A l’issue des élections municipales du 23 avril 2006, l’ADF/RDA et le CDP ont eu chacun un conseiller. Bien que la campagne politique pour les législatives ne soit pas ouverte pour le moment, beaucoup de partis ont parcouru déjà toute la province du Yatenga de façon officieuse à la rencontre de leurs militants. Les élections législatives de mai 2007 s’annoncent rudes et serrées pour les partis qui iront en compétition.

Jean -Victor OUEDRAOGO
AIB/Ouahigouya

Sidwaya