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Moussa Bara, maire de Béguédo : "La question de la migration devient préoccupante"

Publié le mercredi 10 janvier 2007 à 06h47min

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Moussa Bara, maire de Béguédo, commune située à environ 45 km du chef-lieu de la province, Tenkodogo, est l’un des partenaires privilégiés des "Italiens" bergoviens. Dans l’entretien qui suit, l’homme parle des rapports que son équipe entretient avec l’Association des ressortissants de Béguédo en Italie (ARBI), ainsi que des futurs chantiers. Ladite association est forte d’une communauté estimée à 17 488 habitants.

A combien estimez-vous le nombre de Bergoviens vivant en Italie ?

Ils sont estimés à environ 5 000.

Qu’en est-il de leur apport à la commune ?

Leur apport à la commune est inestimable. Ils ont beaucoup apporté dans beaucoup de secteurs, notamment dans le domaine de la santé, avec la construction de la maternité. Ils ont également contribué à la réfection de la route principale qui va du centre de Béguédo au dernier village de la commune. Par ailleurs, ils ont contribué à la construction d’écoles, etc. Je puis vous assurer que leur contribution est inestimable et capitale pour nous.

Vous est-il déjà venu à l’idée d’immigrer en Italie, comme beaucoup de vos frères bergoviens ?

Non, mais beaucoup ont émigré dans ma famille. Ce sont peut-être les études qui ont contribué à me retenir au pays. Je pense que la plupart de ceux qui y vont n’ont pas eu la chance comme moi d’aller à l’école, et c’est, à mon avis, ce qui motive leur départ pour l’Europe.

Quel lien existe-t-il entre la commune et les "Italiens" ?

Jusqu’à présent ils investissent dans la commune, notamment à travers l’érection de logements. Il y a aussi l’aide au développement. En plus de cela, ils ont construit beaucoup de maisons à Ouagadougou, qu’ils ont mises en location. Mais notre souhait est de les amener à faire des investissements à caractère commercial au niveau de Béguédo. Il est vrai que les logements rapportent, mais nous souhaiterions qu’ils travaillent dans des domaines plus bénéfiques et profitables aux populations de notre commune.

Avez-vous une estimation de leur apport à votre commune ?

En terme de valeur, j’avoue ne pas pouvoir avancer de chiffres, mais sachez qu’ils ont toujours apporté leur soutien à toutes les réalisations des autorités de la région.

Dans quels domaines, par exemple ?

Je viens de parler du commerce, par exemple. Avec l’électrification de Béguédo, beaucoup d’activités génératrices de revenus verront le jour. La commune de Béguédo a besoin d’un certain nombre d’infrastructures commerciales ou d’animation.

Quelles difficultés rencontrez-vous sur le terrain en ce début de décentralisation ?

Les difficultés sont énormes car, quoi qu’on dise, Béguédo est une commune rurale comme les autres. Il faut d’abord amener les gens à comprendre le rôle qu’ils doivent jouer. Il y a un important travail de sensibilisation à faire. Il faut amener les populations à comprendre que c’est, avant tout, elles qui constituent la force de la commune. Il faut faire comprendre aux habitants qu’il est temps pour eux de se prendre en charge ou de prendre en charge leur commune.

La migration des jeunes de votre région vers l’Italie est en train de prendre de l’ampleur. N’avez-vous pas peur, à cette allure, de gérer une population vieille et invalide ?

C’est justement une question qui nous préoccupe énormément. C’est surtout la jeunesse qui migre vers l’Italie. Nous comptons créer les conditions pour l’amener à revenir s’installer ici ou à rester sur place. Nous réfléchissons actuellement avec les autorités sur les conditions à créer pour fixer nos jeunes.

L’émigration de cette frange de la population n’est pas propre seulement à Béguédo. Il en est de même pour les causes.

La mairie entretient-elle des relations avec l’Association des ressortissants de Béguédo en Italie (ARBI) ?

Oui, nous travaillons énormément avec l’ARBI. Nous avons, récemment, eu une rencontre. Les mois d’août et de décembre sont la période de vacances pour nos frères vivant en Italie. En décembre nous avons rencontré les populations et nos ressortissants en Italie pour parler de la mairie et des attentes. Des engagements ont été pris. Nos frères vivant à Béguédo et ceux résidant en Italie ont décidé de tout mettre en œuvre afin que la commune rayonne dans les cinq années à venir. Ils ont tous décidé de soutenir la mairie dans ses actions de développement.

Quels sont les grands chantiers aujourd’hui à Béguédo ?

La mobilisation des fonds n’est pas toujours facile pour les mairies rurales. Nous comptons néanmoins, avec l’aide de nos frères vivant en Italie, agrandir notre Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). C’est un chantier important. Nous avons introduit des demandes et obtenu le soutien de nombreux amis Italiens. Sur le plan local, il faut mobiliser les ressources. La mairie n’ayant pas les moyens, il nous faut nous organiser. Le commerce occupe une place importante dans la vie de notre commune. Nous organiserons donc ce secteur afin de permettre à la mairie d’avoir des ressources lui permettant de fonctionner.

Propos recueillis par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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