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<I>Une lettre pour Laye</I> : La Noël kenyanne de Blaise

Publié le vendredi 29 décembre 2006 à 07h47min

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Cher Wambi,

Après la pluie, le beau temps ! Passés, en effet, les événements tragiques des 19 et 20 décembre 2006 dont la capitale burkinabè a été le théâtre, la vie reprend son cours normal. Dieu et les ancêtres en soient loués, nous avons pu fêter Noël dans la paix, et nous avons bon espoir que cette même grâce nous accompagnera tout au long des festivités de fin d’année qui se poursuivent avec la Tabaski, la Saint-Sylvestre, tous deux le 31 décembre, et le nouvel an.

En attendant, je suis heureux de te redire que militaires et policiers ont mis balle à terre, et explorent maintenant les voies et moyens d’œuvrer dans la solidarité et la cohésion à éviter à notre pays les affres d’une discorde nationale. En attendant, les victimes de ces malheureux événements ont été inhumés dans le courant de la semaine qui s’achève.

Tu l’as certainement déjà appris, c’est au carré militaire du cimetière de Gounghin que reposent les victimes militaires, à savoir les soldats Kaboré Adi, Simporé Ben Isidine, Nacanabo Issouf et Ouédraogo Batiéba. Quant à celles policières, Sayouba Ouédraogo et Laurent Tiendrébéogo, elles reposent au cimetière de Taabtenga. Une fois encore, cher cousin, Dieu sèche les larmes de leurs parents, amis et frères d’armes et puisse la terre du Burkina Faso leur être légère !

Depuis, cher Wambi, la seule voix que nous avons hâte d’entendre, est celle du premier des Burkinabè, chef suprême des armées, Blaise Compaoré pour ne pas le nommer. Sans être dans le secret des dieux, il me revient que le grand sachem accorde à la résolution de ce dilemme une importance capitale. Serait-ce donc pour cette raison qu’il a différé à une Noël ultérieure l’invitation à lui faite au Kenya ? Je ne saurais y répondre.

Toujours est-il que son allocution de fin d’année est très attendue en ville comme en campagne. En tout cas, la gravité des événements commande qu’il sorte de l’ordinaire afin de redonner confiance tant à ses compatriotes qu’à nos partenaires au développement, car cette intermède tragique de décembre peut bien déteindre sur notre jeune démocratie et la stabilité dont nous aimons tant nous vanter.

Tu veux savoir, cher Wambi, si la police a repris normalement ses activités suite aux événements ? Pour en savoir davantage, le journal L’Observateur Paalga a diligenté une équipe qui a fait le tour de quelques commissariats de Ouagadougou, et qui a constaté une timide reprise au niveau de la police nationale, mais une reprise quasi totale au niveau de la police municipale. Cette enquête a donné lieu à un compte rendu paru dans l’édition n°6795 d’hier jeudi.

Ce compte rendu a été assorti d’un encadré intitulé : "Qui a vandalisé les dortoirs des CRS ?"’ Encadré qui a valu la convocation, ce même jeudi d’hier, du directeur de publication de L’Observateur Paalga, M. Edouard Ouédraogo, par la Section de Recherche de la IIIe Région de la Gendarmerie nationale. Raison ? La gendarmerie se sent diffamée par l’encadré en question ; si fait que le directeur du journal a été entendu sur P.-V. (procès-verbal).

Arrivé à 11h 30, il a quitté les lieux aux environs de 14h, et devait être relayé dans la soirée à partir de 16h 00 par le journaliste auteur de l’article, Christian Zongo, stagiaire. Interrogé, M. Edouard Ouédraogo a répondu que l’audition s’est déroulée dans une ambiance détendue.

Avant de refermer cette page, cher cousin, je me suis laissé dire que les armes saisies au camp de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) après le sauve-qui-peut en cette folle nuit du 20 décembre ont été restituées à leurs propriétaires le mercredi 27 décembre. C’est un signe que la tempête est bien passée et que chacun devrait s’atteler maintenant à remplir la mission à lui confiée par la nation. Au boulot donc !


Cher Wambi, la levée de l’immunité parlementaire de la députée Bana Ouandaogo, présidente de la Croix-Rouge burkinabè, est revenue à la une de l’actualité suite à la sortie du procureur général face à la presse le 5 décembre dernier.

Cette affaire qui fait suite à l’inspection de la gestion financière de la Croix- Rouge burkinabé par les services de l’Inspection générale d’Etat en juillet 2000 a été pour la première fois ébruitée par la haute autorité de lutte contre la corruption, au moment de la remise de son rapport au Premier ministre en 2004. La déclaration de la Haute autorité faisait état de fausses facturations d’un montant de 674 millions de francs CFA.

A chaud, la présidente de la Croix-Rouge, madame Bana Ouandaogo, avait fait une déclaration à la radio nationale où elle disait en substance qu’elle apprenait comme tout le monde l’information donnée par le responsable de l’époque de la haute autorité, monsieur Honoré Tougouri, car n’ayant pas reçu une copie du rapport sur l’inspection des comptes de la Croix-Rouge burkinabè.

Depuis lors, certains agents et membres de la Croix-Rouge burkinabè avaient été incarcérés pour les besoins de l’instruction et, parallèlement, plusieurs écrits ont été publiés dans la presse pour inciter à la levée de l’immunité parlementaire de la présidente de l’institution, actuellement députée.

En effet, sans l’audition de la présidente, qui, selon les statuts et le règlement intérieur, répond devant les juridictions de tout acte de l’institution, aucune suite diligente ne peut être donnée à ce dossier. Avec la récente évolution de la situation du dossier qui a été présentée à la presse par le procureur général, tout laisse croire que l’affaire de la Croix-Rouge est une des urgences en matière de lutte contre l’impunité au Burkina Faso.

Ce qui amène, d’ailleurs, le citoyen lambda à se poser des questions sur les tenants et les aboutissants de cet acharnement juridique contre la députée Bana Ouandaogo. Au nombre de ces questions, l’on peut citer les suivantes :

la Croix-Rouge est une association privée et il semble que ni les premiers responsables, ni les donateurs, ni les bénéficiaires n’ont commandé les services de l’inspection d’Etat. Alors qui a bien pu commander les services de l’Inspection générale d’Etat et a quels desseins ?

Pourquoi ce dossier est-il plus médiatisé que d’autres dont le financement par l’Etat est avéré ? Dans tous les cas, disent certains, que l’inspection soit habilitée ou pas, qu’il y ait des desseins politiques ou pas, s’il y a malversations, les responsabilités doivent être situées et justice doit être rendue.

C’est également là, paraît-il, la position de madame Bana Ouandaogo qui, depuis le début de l’affaire, se serait montrée disposée à se mettre à la disposition de la Justice de son pays afin de faire avancer le dossier.

De sources bien informées, ce sont des proches à elle qui s’y seraient opposés, mais elle semble décidée maintenant à se soustraire à toute pression pour répondre aux questions du juge d’instruction et en finir, une bonne fois pour toutes, avec cette affaire qui n’a que trop duré. Si cette information se révélait juste, cher cousin, le mois de mars ne passerait pas sans qu’il y ait du nouveau dans ce dossier.

En tout cas, de sources concordantes, la députée Bana Ouandaogo pourrait créer l’événement de la nouvelle année en rendant sa démission de l’Assemblée nationale. Un pas que plus d’un élu burkinabè hésiterait à franchir.


Cher Wambi, la valorisation de l’expertise nationale dans les organisations régionales et internationales est, ces derniers temps, une réalité au Burkina Faso. En effet, après le PNUD, l’OMC, la BCEAO, le CILSS, pour ne citer que ces institutions où nos compatriotes ont fait leur expérience au plus haut niveau souvent, c’est au tour de la CEDEAO d’accueillir un grand responsable du pays à un niveau de responsabilité très élevé.

Car notre ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Jean de Dieu Somda, a été élu, par le Conseil des ministres tenu à Ouagadougou le 18 décembre dernier, vice-président de la Commission de la CEDEAO dont le siège se trouve à Abuja au Nigeria.

Pour te mettre dans le bain, sache que la CEDEAO a connu ces derniers temps une restructuration de son Secrétariat exécutif. En effet, en lieu et place du traditionnel Secrétariat exécutif, il y aura désormais une Commission, dirigée par un (01) président, en la personne du Ghanéen le Dr Mohammed Ibn Chambass, jusqu’alors Secrétaire exécutif, un (01) vice-président, notre compatriote Jean de Dieu Somda, et sept (07) commissaires. La nouvelle commission entrera en fonction en janvier 2007 pour un mandat de quatre (04) ans. Pour ta propre gouverne, je t’invite à découvrir ci-après la composition du bureau de la Commission de la CEDEAO.

Liste des membres de la Commission de la CEDEAO

1. Dr Mohamed Ibn Chambas, Président (Ghana)
2. M. Jean de Dieu Somda, Vice-Président (Burkina Faso)
3. Mme Adaoha C. Okwuosa, Administration et Finances (Nigeria)
4. Colonel Mahamane Touré, Affaires politiques, Défense et Sécurité (Mali)
5. M. Ousseini Salifou, Agriculture, Environnement, Ressources en eau (Niger)
6. M. Mohammed Daramy, Commerce, Douanes, Industrie, Libre circulation des personnes (Sierra Leone)
7. (Non pourvu), Développement humain et Genre (Sénégal)
8. M. Comla Kadjé, Infrastructures (Togo)
9. Lambert N’Galadjo Bamba, Politique macroéconomiques (Côte d’Ivoire).


Cher Wambi, le phénomène de la dépigmentation, qui n’a peut-être pas encore pris de l’ampleur à Laye là-bas, devient de plus en plus inquiétant dans les centres urbains. En tout cas, à Ouagadougou, il n’est pas rare de rencontrer des filles ou des femmes rouges, multicolores ou bariolées. Car, m’est-il revenu, les hommes adorant les femmes de teint clair, les filles se croient obligées de se dépigmenter pour conquérir l’âme sœur.

Tu t’es étonné la dernière fois, lors de la fête du Basga, de la rougeur de la peau de Nopoko, ta nièce venue à Ouagadougou depuis trois ans pour ses études secondaires. Tel est l’effet des produits dépigmentants dont les conséquences néfastes sur la santé de celles et ceux (puisqu’il y a aussi des hommes) qui la pratiquent sont indéniables.

Longtemps, je me suis demandé pourquoi il n’y a pas d’association pour combattre ce fléau, à l’image des organisations de lutte contre la drogue, le Sida, l’excision et j’en passe. Eh bien, je t’informe que ce sera bientôt chose faite.

En effet, une association dénommée "Yennenga", en gestation, et même presque à terme, verra le jour dans un proche futur. Ses initiateurs ne sont autres que Sylvie Ouédraogo du Conseil supérieur de la communication (CSC) et Michel Bossofa Somé, réalisateur à la Télévision nationale que je ne te présente plus.

Laisse-moi te dire qu’ils auront beaucoup d’adhérents, même que je connais des journalistes qui veulent se joindre à eux pour appuyer le ministère de la Santé dans le combat contre ce phénomène à la mode.


Eh bien, cher cousin, la présente lettre, tu t’en doutes, est la dernière de l’année 2006. Aussi, avant de la refermer sur le traditionnel carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je voudrais formuler à vous tous du village mes vœux anticipés de bonnes et heureuses fêtes de la Tabaski, de la Saint-Sylvestre et du nouvel an. Puisse le Dieu de nos ancêtres nous gratifier en cette nouvelle année 2007 du vrai salaire qu’est la santé, car, le sais-tu, le reste n’est que des indemnités.


Ça ne semble plus émouvoir les Burkinabè, habitués qu’ils sont à apprendre la nouvelle de la fin d’année à l’Assemblée nationale. Nos honorables élus auraient commencé à percevoir leurs fonds de soutien aux activités parlementaires, et ce, depuis le vendredi 22 décembre 2006 à la faveur de la clôture de la dernière session de l’année. Par le canal des groupes parlementaires, chacun d’eux aurait en effet empoigné 1,5 million de francs CFA.

Le reliquat de 1,5 million de francs CFA devrait être comblé aujourd’hui, si ce n’est déjà fait. Ce qui fera une enveloppe de 3 millions de francs CFA par député. Epérons que ce pactole permettra à nos honorables élus de finaliser leurs vieux projets avant l’expiration de la présente mandature, certainement en avril 2007.


Les services du haut-commissariat de la Kossi dont le chef-lieu est Nouna, seraient paralysés depuis le 26 décembre 2006. Le personnel réclame des arriérés de salaire. Depuis le mois de novembre, en effet, les travailleurs n’auraient perçu aucun kopeck. En cette fin d’année caractérisée par des successions de fêtes, c’est dur d’être dans une telle situation.

N’en pouvant donc plus de supporter cette galère, le personnel aurait fait un sit-in avant d’aller en grève. Il semble que les caisses de la province soient vides. Hier dans la matinée, on apprenait que le haut-commissaire Valentin T. Yonli faisait des pieds et des mains pour débloquer la situation. Et ce serait tant mieux pour tout le monde si une solution urgente venait à être trouvée.


Le 27 décembre 2006, les retraités ont manifesté leur mécontentement suite à la lenteur de la direction de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de répondre favorablement à leur demande d’avance sur la pension de 2007 pour les fêtes de fin d’année.

Ce mouvement d’humeur a fait l’objet d’un reportage publié dans l’édition du 28 décembre de l’Observateur Paalga. Les cris de ces pensionnés ont été entendus par le directeur général de l’institution, Innocent Coulidiaty, qui a donné l’ordre de les payer.

C’est pour des raisons sociales, comme l’envisageait le DG de la CNSS, qu’un arrangement a été trouvé en attendant qu’on explore les voies et moyens de sortir de ce cercle vicieux.


Depuis un certain temps, ça semble être la panique générale dans le milieu des entreprises nationales de forage. La raison, une société canadienne, débarquée dans notre pays, accaparerait, à leur détriment évidemment, presque tous les marchés nationaux et internationaux. Comment cela peut être possible sur notre sol, se demandent-elles, quand on sait que sur le continent africain et même au-delà, le président du Faso fait partie des plus grands chantres de la lutte pour des échanges commerciaux équitables ?

Elles interpellent donc les autorités burkinabè à leur épargner cette concurrence déloyale que leur font subir des sociétés du Nord, lesquelles leur prennent les marchés de forage d’eau, alors que celles-ci étaient venues pour le secteur minier. Ces entreprises nationales estiment en outre qu’il est temps pour elles de s’organiser pour défendre leurs intérêts matériels et moraux.

En tout cas, sous peine de se voir un jour réduites à buser des puits perdus dans les villages ou à mettre la clé sous le paillasson, ces entreprises entendent se mobiliser en association ou en syndicat pour barrer la route à ceux qu’elles appellent des envahisseurs de leur domaine.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.

Observateur Paalga

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