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Boucle du Mouhoun : Plaidoyer pour une région abandonnée

Publié le lundi 13 novembre 2006 à 07h08min

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La région de la Boucle du Mouhoun est marginalisée. C’est, en effet, le constat de la Coalition des organisations de la société civile de ladite région (COSC/RBM) qui appelle à travers le mémorandum ci-après, à la mobilisation pour l’aboutissement des justes préoccupations des populations, tant au plan politique, qu’à ceux économique et socio-culturel.

La région de la Boucle du Mouhoun est frappée de plein fouet par une crise multidimensionnelle qui a une répercussion directe sur son développement. Les effets de cette crise prennent l’allure d’un divorce entre gouvernants et gouvernés.

La région de la Boucle du Mouhoun dispose d’un potentiel important de ressources naturelles, hydriques, fauniques et aquatiques. La production céréalière dépasse par moments 200% des estimations. La production des cultures de rente occupe une place importante. Le produit local brut (PLB) par habitant est l’un des plus élevé du pays. Mais paradoxalement, la région est classée au plan national avant-dernière dans l’échelle de pauvreté (12e/13).

Cette situation complètement disproportionnée interpelle plus d’un sur l’ampleur et la profondeur de la crise qui sévit dans la région. Les populations du grenier croulent sous le poids de la pauvreté. La misère est partout présente. De plus en plus, les populations n’ont pas accès aux services sociaux de base.

Les autorités politiques ne font presque rien pour le développement de notre région. C’est triste, mais c’est la réalité. Pour tout dire, la région est effectivement exploitée, oubliée, abandonnée, délaissée par les autorités politiques de notre pays. Tous les ingrédients sont réunis pour que les gens aient le sentiment de ne pas appartenir à un même pays. Notre région ne mérite pas un tel sort.

Ce ne sont pas dans les faits les cadres stratégiques régionaux et autres programmes d’actions prioritaires qui vont apporter des solutions idoines aux préoccupations des populations de la région. Ce qu’il faut pour la région, c’est une très forte volonté politique du gouvernement du Burkina Faso de la sortir de son état de délaissement à travers des actions concrètes. Cette marginalisation du Mouhoun interpelle tous les fils et filles de la région et, partant tous les Burkinabè sur la nécessité de s’organiser et d’agir au plus vite pour sauver la situation.

ans le souci donc de prendre en compte les préoccupations essentielles des populations, la Coalition des OSC appelle les filles et fils de la région à se mobiliser avec elle pour poser à tous les niveaux et à faire aboutir les justes et légitimes préoccupations énumérées ci-après :

Au plan politique

- La participation effective de la société civile aux instances où se discutent les intérêts des populations de la région ;
- la révision du code électoral pour permettre des candidatures indépendantes des personnalités de la région dont l’intérêt pour son développement est reconnu par les populations ;
- la dotation de la région d’un schéma régional d’aménagement ;
- une approche correcte de la question nationale dans le souci de préserver l’environnement social contre les dérives ethnicistes, xénophobes, régionalistes...
- une véritable politique de décentralisation soutenue par une autonomisation effective des nouvelles entités avec entre autres des budgets conséquents gérés dans la transparence et la construction d’intrastructures communales dignes de ce nom.
- Le principe de récuser tous les responsables administratifs et politiques en cas d’atteinte à l’honneur, à la dignité et aux intérêts des populations de la région.

Au plan économique

- Le désenclavement total de la région avec le bitumage des routes principales et la mise en état régulier des routes secondaires ;
- la mise en place de projets pertinents et d’industries de transformation des produits de la région (coton et produits de cru notamment) et la gestion efficiente de ceux déjà existants ;
- la modernisation et le développement du secteur agricole : • encadrement technique des paysans ; • modernisation des moyens de production agricole ; • hausse du prix du coton au producteur, l’enlèvement et le paiement de ce coton dans les meilleurs délais ;

• équilibre entre la culture de rente et la culture vivrière en facilitant l’accès des paysans aux facteurs de production moins coûteux et de meilleure qualité.
- la gestion judicieuse et parcimonieuse de l’écosystème en vue de préserver les ressources naturelles ;
- la création d’opportunités véritables pour l’emploi des jeunes et la mise en place d’un fonds d’appui aux jeunes ;

- la préservation du potentiel agricole et le contrôle rigoureux de l’excédent céréalier ;
- la maîtrise de l’eau pour permettre aux populations de s’adonner aux cultures de contre-saison ;
- l’arrêt de la forte pression fiscale exercée sur le secteur informel et les petits et moyens acteurs économiques(tâcherons, tailleurs, mécaniciens, menuisiers, étalagistes, tenanciers de kiosques, restaurateurs...) ;
- la promotion et la valorisation de l’expertise locale.

Au plan social et culturel

Le développement et l’accessibilité des moyens de communication aux populations rurales (téléphone fixe, mobile, Internet...) ;
- la résolution de la question de l’habitat par l’accès au logement et la promotion des matériaux locaux (pierres taillées) par les communes ;
- la construction d’une université, d’écoles et de centres de formation professionnelle dans la région ;
- la construction d’infrastructures culturelles et sportives (maison des jeunes, terrains de compétition, stade omnisports, bourse du travail) ;
- l’étude et la réhabilitation des sites touristiques de la région.

- la valorisation de la culture de la région par le financement et la promotion de notre riche patrimoine culturel en organisant des festivals de masques, de musique traditionnelle et des expositions artisanales pour nos tisserands, potières et autres artisans.
- l’accès à des coûts raisonnables des populations aux services sociaux de base (santé, eau, électricité, éducation...) :

• prise en charge effective des soins d’urgence dans nos formations sanitaires ;
- dotation des formations sanitaires de référence, d’ambulances et de matériels de travail performants ;
- gratuité des accouchements dans les maternités ;
- gratuité des Anti-rétroviraux
- gratuité des soins de santé pour les personnes du 3e âge ;
- viabilisation des zones d’habitations (eau, assainissement, électricité) ;
- baisse du coût des services sociaux de base ;
- l’étude et la valorisation des langues en voie de disparition en l’occurrence la langue Pana.

Ont signé : CPNA/BF Dakio B. Pierre AFSD Coulibaly Aminata Here digui Zerbo Ousmane Chefferie coutumière Dayo Basile UP/CGTB Kindo Harouna UNSL/FO Naco B. Esaïe SYNTAS Zoungrana Arouna SYNATEB Mana Betélo SYNATEL Moumouni Sawadogo ASM Traoré Denis CNTB Traoré Salimata ODJ Tamini Alexis ASAMA Kondé Nazoun ACYD Dembélé Samou ONSL Ouattara Siaka SNEAB Sangaré Issa MBDHP Kadinza Lamoussa USTB Ouédraogo Souleymane UPPMP/PANISE Dakio L. Benaza ANRBF/S/MHN El hadj Sissao M. Enfance Sans Frontières B. Mana Communauté musulmane Bagayoko Issouf Communauté catholique Abbé Bombiri Ernest Communauté protestante Pasteur Kaho T. Simon

Observateur Paalga

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