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Mairie de Pô : Des ex-élus indésirables

Publié le jeudi 26 octobre 2006 à 08h15min

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A la suite de la dissolution du conseil municipal de Pô survenue le 7 septembre dernier, nombreux sont ceux qui se demandent comment les travailleurs de cette mairie gèrent le quotidien. L’absence du président du conseil et de ses collaborateurs n’entrave-t-il pas le bon fonctionnement des différents services de cet édifice communal ? Nous avons fait le tour de ces services pour prendre le pouls de la situation.

"Nous sommes des administratifs. Nous n’avons rien à voir avec cette situation causée par les politiciens." Tels sont, en substance, les propos de la plupart des agents en fonction à la mairie de Pô. Certes, cela n’est pas faux. Mais, en tant que fils et filles de Pô, ils sont aussi affectés que la majorité de leurs concitoyens par la dissolution du conseil municipal. Car leur commune sombre chaque jour davantage dans le chaos, et ils en sont conscients. Aminata Tarnagda, secrétaire générale de la mairie à problèmes, qui gère les affaires courantes aux côtés du préfet, président de la délégation spéciale (PDS), relève que tout se passe comme d’habitude.

"La différence est qu’il n’y a pas de décision qui se prend dans le sens du développement." Didier Ouandorah du Comité de développement local (CODELPO) est plus explicite à ce sujet : "On faisait face à un organe délibérant et un organe exécutif qui travaillaient, réfléchissaient et prenaient les textes pour amorcer le développement de la commune. Maintenant, l’absence de ces deux organes pose problème dans la mesure où on ne peut plus mener un bon développement tel qu’on l’envisageait", fait-il remarquer.

Conscients de cela, certains agents qui font croire que la situation n’entrave en rien le bon fonctionnement de leurs services se laissent parfois emporter. En témoignent les propos de Alassane Bilgo : "Même si un charognard venait à occuper les rênes de cette commune, nous, ça ne nous dira rien ; cela ne changera guère nos habitudes quotidiennes". N’est-ce pas que de tels propos traduisent parfaitement le courroux de toute une population ?

La gestion du personnel en souffrance

Ils sont sûrement "fatigués", ces hommes et femmes qui, depuis près d’une décennie, côtoient ces hommes politiques. Et c’est peut-être ce qui expliquerait le relâchement constaté dans le travail au niveau de certains services. Idrissa Akodian de l’état civil pense qu’il y a depuis lors un véritable laisser-aller, car, précise-t-il, "personne ne demande qui est là et qui n’est pas là, chacun travaille selon sa conscience."

Aminata Tarnagda est plus ou moins au parfum de cette situation qu’elle gère de concert avec le préfet. "En ce qui concerne la gestion du personnel, le véritable problème qui se pose est celui des retards. Nous en avons parlé. Parfois ça va ; parfois non. Les agents viennent au service mais on sent partout un relâchement", a relevé la SG. Faut-il, pour ce faire, réprimer ? se demande, t-elle, avant de répondre que "c’est vraiment compliqué", et d’ajouter que "pour être sincère, je ne fais pas de reproches à qui que ce soit, sauf si c’est un cas d’extrême gravité".

Tout comme la SG, le PDS a un pouvoir limité et ne peut pas prendre de grandes décisions. Et Didier Ouandorah de regretter cela dans la mesure où, dit-il, c’est tout cela qui amène les problèmes, même au plan administratif. Car, explique-t-il, "on n’a pas un regard sur comment le travail doit être fait réellement. Il y a un laisser-faire." Ce qu’il faut aussi déplorer, c’est que, le préfet étant sur deux fronts à la fois, il va de soi que certaines situations lui échappent.

Pour Clarisse Adoulou, secrétaire particulière du maire, "le travail continue mais la seule difficulté, c’est que, le préfet étant ici (à la mairie) et à la préfecture à la fois, il lui est difficile de tout faire en même temps. La preuve, des courriers attendent parce que le PDS n’est pas là à tout moment pour s’en occuper." Une amère expérience qui, si elle perdure, va considérablement porter préjudice à la commune et à ses habitants. C’est pourquoi, tout comme ses collègues et ses concitoyens, Honoré Némaro de la Comptabilité pense qu’il faut vite rétablir la situation par la réorganisation diligente des élections dans la commune de Pô.

Comme cela a été décidé, les élections municipales seront reprises bientôt dans la commune urbaine de Pô afin de désigner les 63 conseillers des 25 villages et des 6 quartiers de Pô. A ce sujet, les choses ne seront probablement plus comme avant. Il y aura des chamboulements au niveau du positionnement des candidats sur les listes électorales. Toutefois, des ex-élus, à en croire certains, ne pourraient plus se représenter dans leurs fiefs. Car, dit-on, ces derniers seraient indésirables après la situation qui a conduit à la dissolution de la mairie de Pô. C’est ainsi que quelques "indésirables" seraient allés vers d’autres villages pour se présenter à ces élections.

Par Nouffou ZONGA

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