On se souvient qu’aux élections municipales du 23 avril 2006, le parti-Etat CDP raflait à Kossouka 37 des 39 sièges à pourvoir, laissant l’ADF/RDA et le PDP/PS se partager les deux sièges restants. Ce fut au terme d’un achat massif de consciences opéré à la veille des consultations au domicile d’un DAF, militant feuillu du parti-Etat descendu expressément de Ouagadougou pour l’opération (nous sommes au village et tout, jusqu’aux sommes distribuées, se sait).

Tout ce que comptait le département comme leaders d’opinion furent arrosés. Résultats : un "tuk guiili" honteux. L’opposition accusa cependant le coup sans broncher et alla jusqu’à participer à l’installation du maire CDP qui, une fois n’est pas coutume, avait un bon profil moral.

Mais voici qu’à Napalgué, village natal de notre honorable député (...) à l’Assemblée, mais aussi village des oncles maternels du leader local du PDP/PS, ce dernier parti réalisa un score honorable qui frustra notre très honorable député qui le fit savoir et de manière véhémente au candidat malheureux PDP/PS de Napalgué : "Il est inadmissible que l’enfant de O. H. B. me fasse subir une telle humiliation", vociféra la député au jeune O.H., ignorant simplement qu’entre elle et le candidat, il y avait le même degré de parenté qu’avec le leader du PDP/PS. Mais, madame le député, indépendamment de ces liens de parenté, n’est- il pas permis à quelqu’un du village de Napalgué d’avoir une option politique autre que celle que vous avez choisie ?

Achat ouvert de conscience

L’intimidation ne semblant pas payer, madame le député passa à l’achat ouvert de conscience. Elle convoqua le candidat PDP/PS à Ouahigouya. Prétextant un manque de moyen de déplacement, le jeune O.H. déclina l’invitation. On lui fit rejoindre Ouahigouya remorqué sur une moto CDP. Ici on lui demanda son prix pour quitter le PDP/PS.

 Je n’en ai pas un à proposer, rétorqua le candidat O.H.

 Alors, nous te proposons une moto. Qu’en dis-tu ?

¬- J’irai réfléchir et porter l’information aux autres militants que j’ai représentés à ces élections, renchérit O.H.

 Alors nous viendrons assister à une assemblée générale que tu convoqueras à cet effet.

Comme O.H. est un jeune commerçant qui veut s’essayer en librairie-papeterie, il lui fut proposé quand il se ravitaillait à la librairie de l’association A.M.M.I.E. de surseoir au règlement de sa facture fournisseur (on verra pour ta facture lui souffla-t-on) mais O.H. déclina encore l’ offre et régla au comptant. Pour la réunion souhaitée, madame le député se fit appuyer par tout ce que le CDP compte comme militants (j’allais dire alimentaires) feuillus, pesants, ressortissants de Kossouka et résidant à Ouagadougou (...). L’assemblée du village eut lieu le samedi 23 septembre pour voir la député et sa suite renouveler en l’améliorant leur offre d’achat de conscience au candidat PDP/PS (une moto plus un moulin et un forage pour le village) contre une démission publique de O.H. du PDP/PS. Le jeune ne céda pas.

Quant aux habitants de Napalgué sortis pour les entendre, ils eurent droit à 100 000 francs (50 000 pour les hommes 25 000 pour les femmes et autant pour les jeunes), somme jamais déversée par ces nouveaux riches à Napalgué. C’est dire que, quelque part, l’opposition quand elle existe et vit, cela peut amener les nouveaux riches à dénouer le cordon de leur bourse pour que les populations spoliées puissent avoir des miettes (...).

Mauvais ménage entre morale et politique

Et quand on sait que cette opération d’achat de conscience était jumelée à une offre de mosquée au village de Inou, on est en droit de se demander à quel Dieu se réfèrent ces militants du CDP quand ils s’exhibent dans nos églises le dimanche et dans nos mosquées le vendredi ? Il est vrai que pour des militants de ce parti, politique et morale peuvent faire difficilement bon ménage mais enfin ! (...). Posons des actes qui puissent nous permettre entre frères de nous regarder les uns les autres, les yeux dans les yeux. Et puisque nous sommes à Napalgué, madame le député, Naguindgba attend aussi votre offre d’achat pour quitter le PDP/PS !

Pr Alain Nindawa Savadogo

Le Pays