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Palais de justice de Banfora : 8 mois de prison ferme à cause d’une moto

Publié le jeudi 19 octobre 2006 à 07h47min

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Le Tribunal de grande instance de Banfora, en sa séance du 17 octobre 2006, avait à statuer un fait divers des plus déconcertants : une affaire de disparition d’une moto empruntée par un homme, la trentaine d’années passées. Le verdict qui a suivi le procès condamne le prévenu à 08 mois de prison ferme pour n’avoir plus ramené ladite moto.

Cette affaire s’est déroulée dans la Léraba. Le prévenu a comparu en compagnie du couple victime qui l’a traîné à la barre et qui réclamait purement et simplement son engin, estimé à une valeur de 375 000 F. Comment en est-on arrivé la ? Le prévenu, qui n’a pas du tout convaincu à l’audience, reconnaît avoir emprunté la moto objet du litige.

Le motif : il devait se rendre à Douna, pour chercher un médicament pour sa mère souffrante. Devant la sensibilité de la question (une raison de santé) comment refuser un tel service ? En l’absence de son mari, propriétaire de l’engin et en déplacement, la femme, sans hésiter, remit la moto à cette relation du couple. La suite est connue. Selon l’explication du prévenu, en chemin, il a rencontré une de ses connaissances qui lui a demandé à faire le trajet en sa compagnie.

Boucher de son état et d’ethnie peul, explique le prévenu, ce dernier devait se rendre à Sindou pour une affaire de mouton qu’il devait ramener. Il se proposa de mettre du carburant dans la moto. Le deal est vite conclu et voilà les 02 hommes sur l’engin emprunté. Le prévenu, qui, curieusement, semblait avoir oublié sa propre destination malgré l’état d’urgence supposé de sa maman et qui avoua ne pas savoir très bien conduire, laissa la direction au boucher qui, lui, non seulement sait conduire, mais maîtrise mieux la zone.

Une fois à Sindou, poursuit le prévenu, le boucher n’aurait pas eu satisfaction et le chemin devait se poursuivre jusqu’à Wéléni. Le conducteur, une fois de plus, se serait proposé de mettre du carburant. Une fois là-bas, il serait allé échanger avec des mécaniciens qui lui indiquèrent une direction à suivre. Le boucher revint prendre la direction et fonça, ayant toujours derrière lui l’envoyé parti chercher le médicament.

Chemin faisant, précise le prévenu, son ami soutiendra une panne de l’engin. Un mécanicien au prochain village est sollicité pour remédier à la panne. Dès que ce dernier eut fini, le boucher demanda au prévenu, qui était assis, à essayer l’engin. Il en profita pour disparaître. Voilà en tout cas, le récit des faits tels relatés par le prévenu à la barre, qui se défend, arguant qu’il ne pouvait imaginer en aucun moment son compagnon capable de le rouler de la sorte.

Suivra après le récit de l’infortunée dame et ce fut l’étonnement général dans la salle. Après avoir volontairement donné l’engin en croyant faire du bien, c’est en vain qu’elle attendit le retour de l’engin, ce qui l’a amenée à entreprendre des démarches. S’étant rendue chez le prévenu, elle avait constaté que ce dernier n’était toujours pas de retour. Renseignements pris auprès de la maman censée malade, cette dernière affirma qu’elle n’avait envoyé personne.

Les choses devenaient donc sérieuses et une plainte fut déposée chez les forces de l’ordre. La dame explique que c’est deux jours après, que des gens sont venus lui signaler la présence du prévenu, remarquée à partir de ses chaussures laissées devant sa porte. Le prévenu s’étant enfermé à l’intérieur, on a dû forcer la porte pour qu’il soit cueilli par les forces de l’ordre. Devant ces déclarations, le prévenu n’aura plus à redire.

Le propriétaire de l’engin, appelé à son tour à la barre, réclamera le remboursement de sa moto, qu’il a estimée à 375 000 F. Le verdict qui a suivi a déclaré le prévenu coupable des faits et il a écopé de 8 mois de prison ferme. Il est aussi condamné au remboursement de la moto, à hauteur de la somme de 375 000 F.

Luc Ouattara

Observateur Paalga

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