LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Campagne agricole dans le Mouhoun : Des inquiétudes pour la gestion des stocks

Publié le lundi 16 octobre 2006 à 07h15min

PARTAGER :                          

La campagne agricole 2006/2007 connaît une évolution normale dans la région de la Boucle du Mouhoun. La poursuite de la saison des pluies jusqu’à ce jour a favorisé un développement satisfaisant des cultures, et le calme observé de la situation phytosanitaire permet ainsi aux spécialistes d’affirmer que les productions seront bonnes.

De même, le remplissage des principaux cours d’eau est un signe de bonnes perspectives pour la conduite des activités de saison sèche. Avec sa réputation de grenier du Faso, le taux de couverture en besoin céréalier devrait franchir la barre de 200% cette année, comme en 2003, dans la région de la Boucle du Mouhoun

A la date du 9 octobre, toutes les cultures présentent un bon aspect végétatif sur toute l’étendue de la région de la Boucle du Mouhoun. Le constat général qui se dégage , c’est que actuellement les producteurs sont préoccupés à la récolte du coton, du maïs, du niébé, de l’arachide et du fonio, tandis que le mil, le sorgho et le riz pluvial sont au stade de la maturation. Quant au sésame, il est au stade de la fructification. Selon les estimations des techniciens de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques de la région, il est attendu de la présente campagne, une production prévisionnelle d’environ 800 000 tonnes de céréales, soit une augmentation de 26% par rapport à celle de l’année dernière.

Pour le directeur régional de l’Agriculture, cet accroissement sensible des productions de maïs, de mil, de sorgho et de riz pluvial est dû à l’utilisation de la fumure organique et à la régularité des pluies dans le temps et dans l’espace. Maurice Traoré, qui juge la présente campagne très satisfaisante, exhorte les producteurs à trouver des stratégies et des mécanismes de conservation des céréales qui, par leur caractéristique sont très sensibles à l’humidité.

Toutefois, expliquet-il, le pourrissement du niébé dû aux pluies qui continuent de tomber n’influence pas la sécurité alimentaire. Cependant des craintes existent. Tout en espérant l’affaiblissement de la mousson au cours de la 2e décade du mois d’octobre, le directeur régional estime que les pluies ont plus d’avantages que d’inconvénients. Parce qu’elles permettent aux semis tardifs de mûrir et d’augmenter la production. Aussi, il est recommandé de récolter les épis de maïs et le coton propulsé au sol par le vent.

Autosuffisance alimentaire

Si tout le monde s’accorde à reconnaître que la présente campagne est très satisfaisante, la grande inquiétude de la gestion et de l’écoulement des stocks reste et demeure. Des quantités importantes des stocks de maïs de la campagne dernière sont encore emmagasinées et attendent de trouver preneurs. Cette situation mérite une réflexion individuelle et collective aussi bien du côté des producteurs que des techniciens de l’agriculture de la région. En tout cas, Mamadou Kindé (producteur) en est conscient. Pour lui, ne maîtrisant pas les prochaines campagnes, il est bon de valoriser les productions des bonnes campagnes.

"Cette année, c’est le doum ka fa" (autosuffisance alimentaire en langue dioula) dit-il, avant de lancer un cri du cœur à l’endroit du gouvernement, allant dans le sens de la création des mécanismes de commercialisation des produits agricoles. Point besoin de rappeler que le véritable handicap des producteurs est l’enclavement de la région qui rend inaccessible le grenier du Faso.

Qu’à cela ne tienne, une meilleure organisation de ces producteurs pourrait leur être bénéfique. C’est pourquoi, certains d’entre eux multiplient les contacts avec des commerçants de céréales. S’il est vrai que des bonnes moissons se profilent à l’horizon, force est de constater que bon nombre de producteurs, notamment des villages de Gnassoumadou, Bayé, Béna et Kelworo dans la province des Banwa ont été fortement touchés par des inondations à la dernière décade du mois d’août et à la 1re décade de septembre.

Des dégâts matériels et des pertes d’animaux ont été recensés dans les différentes zones sinistrées. Plusieurs périmètres des exploitations de ces populations sinistrées ont été détruits par les eaux. Selon le directeur régional, des actions productives de relance socioéconomique sont en cours.

Il s’agira de production végétale de saison sèche par l’irrigation, de la reconstitution de stocks de semences, de l’appui à l’aménagement des bas-fonds inondables, de la reconstruction du cheptel et de la promotion des activités génératrices de revenus. Ces initiatives permettront sans doute aux sinistrés de surmonter cette douloureuse situation. Sur le plan hydrologique, à la date du 3 octobre, les principaux points d’eau de la région ont connu un niveau de remplissage supérieur à celui de l’année dernière à la même période.

Les relevés pluviométriques font état de 768,6 mm d’eau de pluie en 65 jours à Boromo ; 889,4mm d’eau de pluie en 62 jours à Solenzo, 854,2mm d’eau de pluie en 51 jours à Nouna, 853,9 pour 64 jours de pluie à Dédougou, 664,8mm d’eau de pluie en 45 jours à d’eau et 543,5 mm d’eau de pluie en 500 jours à Tougan. Si on a enregistré plus de 6 pluies dans la première décade du mois d’octobre, il faut cependant noter qu’à la même période de l’année dernière, aucune pluie n’est tombée dans la région.

La situation alimentaire est bonne et on assiste actuellement à l’apport important de nouveaux produits de récolte sur la place du marché. Les prix des céréales sont acceptables et sont à la baisse par rapport aux mois passés et par rapport à la même période de la campagne écoulée. A titre d’exemple, le sac de 100 kg de maïs est vendu à 6 000 F, tandis que le sac de mil coûte 6 500 F et le kg de niébé 75 F.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km