LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Korona : Le nouveau chef contesté

Publié le mercredi 4 octobre 2006 à 06h33min

PARTAGER :                          

Dans notre parution du mercredi 27 septembre, nous faisions cas de l’intronisation de Sibiri Sagnon comme nouveau chef du village de Korona à Banfora. Quelques jours après cette intronisation, le fils de l’ancien chef qui, lui-même est le cousin du nouveau chef, s’élève contre cette intronisation.

Il le fait savoir par une lettre dont le procureur de Banfora, le préfet, le maire, le haut-commissaire et le commandant de la brigade de gendarmerie sont ampliataires.

Suite à de nombreuses divergences relatives à la désignation de mon cousin Sibiri Sagnon pour succéder à feu Goafo Sagnon dont je suis l’unique fils comme chef de village de Korona, je viens par la présente vous livrer ce qui suit : nonobstant moult explications que j’ai livrées sur ce dossier de façon concise, et en dépit de l’opposition des autres membres de la descendance de feu Goafo Sagnon pour mieux permettre à M. Sibiri Sagnon et à ses complices de faire une appréciation objective, cette démarche n’a malheureusement pas réussi à les convaincre ou leur faire entendre raison.

Cette prise de position de bonne ou de mauvaise foi, n’est certainement pas la panacée. Elle renferme à n’en pas douter une appréciation subjective, voire un jugement erroné, honnêteté intellectuelle oblige. Ce dossier a besoin d’une indispensable analyse approfondie. Si de cette analyse se dégage une réelle faute reconnue par l’auteur, une sanction peut alors s’appliquer au regard des dispositions réglementaires traditionnelles.

A cet effet, il existe toute une panoplie ou gamme de sanctions appropriées selon la gravité de la faute.

Assurément, la position que vous venez de prendre en produisant un document sans aucune base reconnaissant mon cousin Sibiri comme chef de village de Korona, autrement dit, hériter de feu Goafo Sagnon sans que les membres de notre famille et même l’unique fils du vieux que je suis se soient concertés, traduit au demeurant, un comportement en terrain conquis, voire sans conteste un abus de pouvoir ; c’est une provocation.

Sinon comment peut-on admettre que la succession de mon père alors chef du village et coutumier, se passe sans un conseil de famille préalable et dans un climat tendu, puisse se dérouler de façon objective à l’abri de tout subjectivisme ou d’erreurs d’appréciation ?

En pareille ciscortance, la logique voudrait, dès lors qu’apparaissent de profondes divergences de point de vue ,que l’on fasse appel à des compétences ou se référer à la coutume.

Au lieu de cela, sans pouvoir mesurer le préjudice moral causé à la famille, vous avalisez cette trahison savamment orchestrée par mon cousin et ses complices à mon encontre. Or, vous savez pertinemment que ce document n’a aucun fondement légal.

C’est pourquoi, d’entrée de jeu, je vais devoir vous interpeller afin que nous restions sincèrement dans le cadre strict de la tradition qui se veut strictement coutumière et non politique. Nous pourrions alors en toute objectivité, faire une appréciation conséquente de ce dossier. C’est vous dire avec conviction que cette désignation, non conforme dans son objectif, n’était pas primordiale.

Ceci dit, pour les besoins de la cause, revenons aux faits. Depuis le décès de mon père le 18 août 2005, date du début du complot fomenté par Sibiri Sagnon et Tou Farnogo (ennemi de la famille Goafo Sagnon), vous n’ignorez sans doute pas que ce dernier et mon père avaient des divergences qui les avaient entraînés devant la justice. Ils ont eu des mois durant à chercher des moyens pour nous détruire, pour ne retenir en définitive qu’un, à savoir le retrait de la chefferie traditionnelle à la descendance de feu Goafo Sagnon.

Au décès du papa, notre famille était confrontée à un concours d’événements incontournables qu’il fallait gérer, notamment le vide laissé par la disparition de notre père.

A n’en pas douter, ce concours de circonstances laissait voir en filigrane toutes les difficultés morales que pourrait rencontrer une quelconque famille pour y faire face.

Pour ce faire, contraints par le temps, nous dûmes surseoir à la succession de notre père pour nous atteler à résoudre les problèmes pressants. Et c’est le moment propice qu’ont choisi mon cousin et son complice pour corrompre les vieux du village, et par la même occasion prendre en otage l’héritage que nous a légué notre père. On pourrait qualifier ce comportement de hold-up traditionnel.

Dois-je vous rappeler une fois de plus qu’il a trahi la famille en rassemblant les vieux du village sans qu’elle (la famille) soit associée. Ils sont passés de porte-à-porte pour négocier les cartes d’identité des citoyens pour faire un procès-verbal afin d’assouvir leurs desseins. Leur attitude laisse croire qu’il y a anguille sous roche. Leur comportement frise le complot.

Au regard des faits, nous devons reconnaître aujourd’hui un certain vice de procédure au fait du manque de concertations entre les vrais héritiers. Il n’en demeure pas moins que dans le fond, une telle lacune entache le fondement de cette désignation et son objectif.

Pour moi, l’essentiel à retenir de ce dossier aujourd’hui est que les points de vue soient utilisés à bon escient et dans l’intérêt général des héritiers de feu Goafo Sagnon. C’est vous dire simplement que chef de canton de plusieurs villages, vous avez parallèlement le devoir de procéder à une petite investigation.

C’est votre père qui a installé le mien comme chef de village de Korona, à la place de son papa et non celle de son grand frère. Vous avez également pris la place de votre papa. Pourquoi n’en serait-il pas de même aujourd’hui ? A mon sens, la chefferie traditionnelle n’est pas collégiale. C’est-à-dire qu’elle n’est pas partagée.

La sacro bonne tradition que nous voudrions afficher ici comme une bible a pour guide le discernement dans son application, en un mot, la justice. L’honnêteté intellectuelle vous commande donc d’appliquer les règles de la tradition avec discernement. Ainsi Montesquieu, dans son livre "L’esprit des lois", ne disait-il pas que les lois créées doivent revêtir une portée générale. Elles portent un esprit. En d’autres termes, elles sont créées par l’homme pour régir la société avec pour finalité l’homme. Raison pour laquelle elles sont toujours accompagnées de mesures d’application. De même, que vaudrait la justice dans le monde moderne sans la jurisprudence ? L’éthique qui sous-tend une telle succession doit prévaloir en pareille circonstance.

Cela ne doit pas être nullement une fuite de responsabilité, ni une démission, mais doit constituer simplement une affaire d’équité. Pourquoi deux poids, deux mesures ?

En tout état de cause, souffrez qu’aujourd’hui je vous demande non seulement la relecture de ce dossier avec un regard neuf, impartial sur le mode de désignation du successeur préjudiciable à ce dernier mais d’interpeller mon cousin et son complice. Il convient certainement, en pareille circonstance, que leurs attitudes soient justifiées, puisque nous prônons tous la transparence. Ils sont tenus d’y répondre.

En conclusion, je m’oppose à la désignation de M. Sibiri Sagnon, fils du grand frère de mon papa comme successeur de feu Goafo Sagnon dont je suis l’unique fils.

Si ma requête rencontrait votre assentiment, je puis vous assurer que ma reconnaissance serait grande et à la hauteur de toute initiative que vous auriez bien voulu prendre en ce sens.

Dans l’espoir que vous prendrez, M. le chef de canton de Banfora, ma requête en considération, je vous prie d’agréer, l’assurance de ma haute considération.

Lassina Sagnon

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km