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Banfora : Des éleveurs menacés par des villageois à Toumousseni

Publié le vendredi 29 septembre 2006 à 07h17min

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Dans le village de Toumousseni, localité située à une vingtaine de kilomètres de Banfora, sur l’axe qui mène à Sindou, les Peulhs passent des moments difficiles depuis le 9 septembre 2006.

En effet, suite à une bagarre intervenue entre l’un d’eux qui suivait son troupeau et un cultivateur, ils (les Peulhs) vivent sous la menace des villageois. Ce jour-là, un berger d’une vingtaine d’années environ faisait brouter son troupeau non loin du champ d’un habitant du village.
Lorsque le cultivateur arriva sur les lieux, il dit au Peulh que son troupeau ne devait pas se trouver en ces lieux car ce n’était pas un pâturage. Le Peulh aurait répondu qu’il en était conscient et que l’essentiel pour lui était d’éviter que le troupeau mette les pieds dans le champ.

Ces propos n’ont certainement pas satisfait le cultivateur, qui empoigna le berger. Dans cette lutte, le coupe-coupe du Peulh aurait blessé le cultivateur à la main. Sentant le danger venir, le berger terrassa son adversaire du jour et prit la fuite alors que d’autres villageois venaient soutenir leur parent. Ceux-ci, semble-t-il, avaient des armes blanches.

C’est alors que les villageois se rendirent au marché où ils versèrent par terre le lait des femmes peulhs tout en leur interdisant d’y revenir. Un véhicule transportant des passagers en majorité peulhs aurait également été arrêté par les villageois mécontents de ce qui venait de se passer entre le berger et leur parent. C’est ainsi que trois engins appartenant à des Peulhs furent saisis et déposés chez le délégué du village.

La situation devenant invivable, les Peulhs, avec à leur tête le père du berger, se rendirent à la préfecture puis à la gendarmerie pour se plaindre. Le délégué est convoqué à ces deux niveaux où il répondit pour la première fois. Il était question pour lui, lors de cette convocation, d’établir les preuves que le troupeau du berger avait effectivement commis des dégâts dans le champ, et de déposer à la gendarmerie les engins qu’il détient chez lui. Ce qui n’a pas été fait, et les convocations qui suivront, surtout celles de la brigade territoriale, resteront sans suite. Le délégué refusait de se présenter à la gendarmerie. Le chef de la brigade territoriale lui fit savoir qu’on ne pouvait se rendre justice soi-même.

Les gendarmes sur le terrain

C’est pourquoi il dépêchera une mission le mardi 26 septembre 2006 pour se rendre à Toumousseni afin de récupérer les engins. Les villageois justifiaient leur attitude par le fait que le sang qui a coulé suite à la blessure d’un des leurs. Selon eux, en pareille situation, les rites exigent deux boeufs, deux chèvres et deux poulets. Chose que les Peulhs balayèrent du revers de la main. Ils disent qu’ils sont installés dans le village il y a plus de trente ans et sont bel et bien au courant de la contrepartie que le règlement à l’amiable d’une telle situation exige. Selon les Peulhs, la réparation de la faute ne nécessite que deux chèvres et deux poulets. Et d’argumenter que s’ils acceptaient ajouter les deux boeufs, cela risque de s’imposer à tout le monde à l’avenir.

Les gandarmes sont revenus à Banfora avec les engins mais ont déclaré que la mission ne fut pas du tout facile. Après un mauvais accueil, les villageois, qui étaient nombreux chez le délégué (environ 70), les ont fait traîner jusqu’à 13 h avant de leur remettre les engins (motos). C’est finalement le mercredi 27 septembre 2006 que le délégué se présentera à la brigade territoriale. Mais, pour des raisons de contraintes professionnelles, le commandant n’aura pas le temps de le recevoir. En attendant, les Peulhs sont impatients de retrouver leurs engins qui ne pourront leur être remis qu’une fois l’affaire tirée au clair.

Cette situation, semble-t-il, n’est pas un cas singulier dans ce village. Certains cas s’y étaient déjà produits et s’étaient soldés par des pertes en vies humaines, avons-nous appris.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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