Au terme de l’article 282 du code général des collectivités, "En cas de décès, de démission, de révocation ou de tout autre empêchement absolu et définitif, il est procédé à l’élection d’un nouveau maire dans un délai maximum de trente jours.

En attendant, cette élection, la conduite des activités de la commune est assurée dans les conditions suivantes :

dans le cas où la vacance du poste est provoquée par le décès du maire, le premier adjoint, ou à défaut le deuxième adjoint, est d’office chargé de l’intérim ;

dans les autres cas de vacance du poste, il est procédé, dans un délai maximum de sept jours, à la nomination d’un intérimaire conformément aux dispositions de l’article 281 ci-dessus".

Dans le contexte de Banfora, nous sommes dans un cas de vacance de poste suite au décès du maire et c’est dire que les acteurs ont maintenant moins de 30 jours pour élire un nouveau maire.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on se retrouve ainsi à la case départ quand on sait que l’élection du défunt maire s’était déroulée sous haute tension politique marquée par un procès où le parti majoritaire, le CDP, réclamait l’annulation pure et simple desdites élections.

En attendant, dans la cité du Paysan noir, c’est la grande inconnue. En effet, qui succédera à Mamadou Niangouan Koné ? Le RDB, qui a perdu son homme-orchestre, pourra-t-il toujours préserver le fauteuil de la mairie ?

Le CDP se réservera-t-il de présenter un candidat au regard de la situation pour éviter un second coup dur au RDB ? Dans quel climat se tiendront ces élections quand on sait que le RDB compte dans ses rangs des militants radicaux nostalgiques du changement qu’ils avaient obtenu ? Dans certains milieux politiques et administratifs, c’est quelque peu l’inquiétude.

Le CDP compte 35 conseillers auxquels s’est rallié l’unique élu de la CDS et le RDB en compte désormais 39. Théoriquement, le RDB possède la majorité simple avec ses 39 conseillers. Mais avec la "chute" du rempart qui était Mamadou Koné, des surprises peuvent survenir, tant il est vrai que si le grand arbre tombe, les oiseaux s’envolent.

Pour le moment, dans les rangs du RDB, des noms circulent déjà sur certaines lèvres pour la succession à la mairie. C’est par exemple celui de M. Soulama Souleymane de SYNERGIE à Ouagadougou qui, dit-on, aurait été un confident du défunt. Conseiller régional, c’est lui qui, dit-on, assurait l’intérim du parti, et, à ce titre, a déjà convoqué certaines rencontres.

Parmi les figures emblématiques du RDB à Banfora, il faut noter M. Amary Sanogo, un ami de longue date du défunt et siégeant aussi au Conseil régional, M. Traoré Issouf Lallé, 2e adjoint au maire et M. Tou Ardiouma, le premier adjoint, qui, depuis, assure l’intérim.

Du côté du CDP, rien ne semble définitivement arrêté. Certaines sources proches de ce parti soutiennent que des concertations se poursuivent et il reviendrait aux élus municipaux du parti de dégager la position à tenir. A Banfora, on attend toujours cette position qui serait très déterminante dans la reprise de l’élection du maire.

Dans cette situation combien délicate, on ne peut que souhaiter une heureuse issue. Cela interpelle tous les acteurs tant politiques qu’administratifs, parce que la paix sociale en dépend.

Une véritable sensibilisation de part et d’autre des militants s’impose au préalable, car le fauteuil vide, depuis le 18 septembre 2006, pourrait être la "propriété" de n’importe quel parti, le CDP ou le RDB en l’occurrence.

Et il conviendrait que les militants acceptent le dénouement voulu par leurs représentants au Conseil municipal de Banfora.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga