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Corruption et rackets à Yako : "A quoi jouent les défenseurs cagoulés du préfet ?"

Publié le mercredi 20 septembre 2006 à 07h58min

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Suite à la publication de l’article du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) intitulé "Le préfet de Yako dans de sales affaires" par le quotidien "Le Pays" n°3698 du 1er septembre 2006, on a assisté, la semaine dernière, à des réactions tendant à blanchir le préfet.

D’abord un premier écrit paru dans "Le Pays" n°3704 du lundi 11 septembre 2006 titré : "Des agents prennent la défense du préfet". Malheureusement, cet article n’avait pour auteurs que des "agents" fantômes. Ce fut ensuite un "groupe d’enseignants du Passoré" qui s’est cru obligé d’emboîter le pas aux premiers dans le n°3705 du mardi 12 septembre 2006 du même journal (1).

Cette défense en ligne nous paraît tout à fait légitime parce qu’elle participe à la clarification des positions des uns et des autres. Ce qui caractérise tous ces "groupes" cagoulés défenseurs du préfet, c’est la faiblesse de leurs arguments. Comme nous allons le montrer, que ce soit dans la forme ou le fond, les adeptes du préfet passent complètement à côté de la plaque, et compliquent davantage la situation de leur protégé/protecteur.

Du point de vue de la forme, il faut relever que dans le premier article : "Des agents prennent la défense du préfet", les prétendus auteurs n’ont eu ni le courage, ni l’honnêteté de signer leur déclaration. Et pourtant, à la page 9 de la livraison du journal, la soi-disant mémoire en défense des "agents" s’achève par l’inscription lamentable : "ont signé : des agents".

A moins que cela soit une méprise de la part du journal, il nous semble vraiment curieux de savoir que des auteurs d’une déclaration qui se veut une réplique sérieuse à des révélations de cette envergure ne se donnent même pas la peine de décliner leur identité, leur signature. Auraient-ils peur ou auraient-ils honte de leur soutien ? A moins que le soutien des soi-disant "agents" soit, en fait, une mascarade.

Sans remettre en cause la vigilance et le professionnalisme du journal "Le Pays", force est de constater que le 2e écrit publié juste le lendemain (mardi 12 septembre) présente les mêmes camouflages que le premier. Cette fois-ci, ce sont des "enseignants" que l’on jette dans la cabale contre le REN-LAC, sans autre forme de signature que celle d’"Un groupe d’enseignants du Passoré".

S’il y a bien "état d’incohérences", comme le susurrent les avocats cagoulés du préfet de Yako, il faut aller le chercher dans les soutiens virtuels que Monsieur le préfet et ses conseillers occultes suscitent maladroitement à gauche et à droite. A l’allure où vont les choses, il ne serait pas étonnant que dans les jours à venir les journaux publient d’autres soutiens au préfet Bassolé signés : "Un groupe d’éleveurs du Passoré", "Un groupe de femmes de Yako", "Un groupe de préfets du Nord", etc.

Le REN-LAC mène la lutte contre la corruption à visage découvert. Il souhaite mener les débats avec des hommes et/ou des femmes qui s’assument, qui prennent leurs responsabilités, pas avec des fantômes qui se cachent derrière de prétendus groupes sans visage. Le premier critère de crédibilité, c’est d’abord la déclinaison de son identité, chose que refusent les défenseurs du préfet. Si le REN-LAC réagit à vos propos, c’est, avant tout, par respect pour les lecteurs.

Du point de vue du fond, le REN-LAC s’attendait à ce que ses contradicteurs soient un peu plus consistants, un peu plus convaincants ; qu’ils montrent en quoi les trois actes du préfet que le REN-LAC a dénoncés ne sont pas fondés. Hélas ! Ils ont préféré s’attarder sur des choses superflues et s’empêtrer dans des contradictions inextricables qui trahissent leurs intentions de défendre le préfet à tout prix. "Depuis plus de dix ans, les JS s’établissent à 1 000 F (à Yako)", déclarent les fameux "agents" qui, par ailleurs, justifient la répartition de la somme perçue.

En termes clairs, le message RAT n°2006600027/MATD/DCAT du 22/02/06 est délibérément violé à Yako. Cela veut dire, messieurs les "agents", qu’il y a détournement, au vrai sens du terme. Les avocats du préfet veulent-ils cacher le soleil avec leurs mains ?

Pire, ils déclarent sans ambages en NB que "depuis les instructions du MATD relatives à l’établissement des JSAN à 600 F, le tribunal départemental a ramené le montant de l’établissement à 600 F, et c’est ainsi jusqu’à nos jours". Le REN-LAC est désolé de le dire, messieurs les "agents", mais vous mentez. Vous mentez parce qu’en juillet 2006, le JSAN s’établissait bel et bien à 1 000 F à la préfecture de Yako ; le REN-LAC en a été témoin et il détient des preuves.

"Les informations erronées relatives à la durée de séjour du préfet Bassolé à la tête du département de Yako nous amènent à douter de la crédibilité de cette structure (REN-LAC)", affirment nos contradicteurs. Mais d’où détenez-vous cette information ? Qui a parlé de la durée de séjour du préfet Bassolé à Yako ? Le REN-LAC a dit qu’en 18 mois (janvier 2005-juillet 2006), environ 7 000 JSAN avaient été établis à la préfecture de Yako, ce qui correspond à un montant de "4 200 000 F CFA impunément détournés par le préfet de Yako". Que celui-ci s’appelle préfet X ou préfet Y, cela nous importe peu. Nous parlons de Bassolé parce qu’il est préfet, s’il ne l’était pas, l’individu ne nous aurait pas intéressé.

Messieurs les "agents" défenseurs du préfet, mais il n’y a pas que les JSAN ! Que dites vous des certificats de non-logement abusivement délivrés ? Et les rackets opérés sur les populations ? Tout cela serait-il une invention du REN-LAC ? Si le préfet Bassolé n’avait rien à se reprocher, pourquoi aurait-il eu besoin de se rassurer en faisant référence à ses appuis politiques qui seraient bien placés dans les arènes du pouvoir à Ouagadougou ?

A l’endroit du "groupe d’enseignants du Passoré" nous disons ceci : on peut avoir une cour à Yako, y loger sa mère et son épouse ; on peut loger avec son épouse dans un bâtiment administratif. Tout cela est normal. Mais pensez-vous qu’il est normal que M. Kondombo Alassane Roland (directeur) et son épouse (institutrice) soient logés dans un bâtiment administratif, et qu’en même temps chacun d’eux bénéficie encore de certificat de non-logement, donc d’indemnités de logement, sous prétexte que c’est un couple ?

Pensez-vous normal que M. Tiono Félix, attributaire d’un logement administratif à Song-Naba, continue de bénéficier d’indemnités de logement, sous prétexte qu’il n’y loge pas ou qu’il a sa propre cour à Yako ? Souvenez-vous des dénonciations du REN-LAC relatives à l’usage abusif des mêmes indemnités de logement à l’ENEP de Loumbila.

C’est le logement qui constitue un droit, pas les indemnités de logement. Les indemnités de logement ne sont servies que si l’Administration n’a pas pu trouver un logement à l’administré qui y a droit. Les indemnités de logement ne sont qu’un substitut. Il ne faut pas inverser les choses. Messieurs du "groupe des enseignants du Passoré", c’est bien de défendre ses collègues ou son préfet, encore faut-il le faire dans l’éthique et dans les règles de l’art.

Les informations publiées par le REN-LAC ont fait l’objet de vérifications. Nous ne parlons que de ce que nous avons vu et vérifié. Les ragots, le mouchardage et autres règlements de comptes ne nous intéressent guère. Epargnez-nous ces mesquineries.

Le REN-LAC se propose de publier vos réactions, vos suggestions, vos dénonciations, si cela est conforme à la déontologie et à l’éthique professionnelle. Vos critiques et suggestions sont les bienvenues. Pour toutes informations et suggestions, contactez-nous à l’adresse suivante : Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC) 01 BP : 2056 Ouagadougou 01, Tél. : 50 -33- 04- 73, Email : renlac@renlac.org, site : http: //www.renlac.org. Tél. vert : 80-00-11-22 (gratuitement).

Note :
(1) Un autre journal, "L’Evénement", a fait d’autres allégations. Nous y reviendrons.

Le REN-LAC

Le Pays

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