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Burkina : Quand les citoyens refusent de casquer

Publié le mercredi 6 septembre 2006 à 08h02min

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Très cher oncle. Le président Blaise Compaoré continue sa percée diplomatique. En effet, après avoir bien conduit, à moins de nouveaux rebondissements, le dialogue intertogolais à son terme, il s’est retrouvé tout récemment en Italie où il a participé à l’édition 2006 de la rencontre interreligieuse organisée par la communauté sant’Egidio.

Il faut dire que cette communauté s’est toujours investie dans la résolution de nombreuses crises à travers le monde. Beaucoup de Burkinabè se disent fiers de voir leur pays se dépenser pour la paix dans le monde.

Cependant, ils souhaiteraient que notre président jette de temps en temps un coup d’oeil dans ce qui se passe chez lui. En effet, le bien-être des populations participe lui aussi de la recherche de la paix, surtout à l’intérieur. Toujours est-il que pendant que Blaise Compaoré préparait ses valises pour aller parler de paix en Italie, le vendredi 2 août, on assistait à ce que nous avons appelé la révolte des sans-casque. A l’occasion, Ouagadougou a pris la physionomie d’un champ de bataille. On a enregistré de violents affrontements entre citoyens (qui entendaient dénoncer la récente décision d’imposer le port du casque aux usagers d’engins à deux roues) et forces de sécurité.

Cher oncle. Tu sais que le Burkina est qualifié de Chine ou de Pays-Bas d’Afrique à cause du nombre d’engins à deux roues. Il faut reconnaître que ce n’est pas toujours de gaieté de coeur que les Burkinabè se contentent de ce moyen de locomotion. Beaucoup vivent dans un état de précarité tel que posséder déjà une mobylette est une performance dans l’échelle de la considération sociale.

Edicter, dans ces conditions, des lois sans tenir compte de l’état d’esprit des citoyens, c’est aller à contre-courant des précautions que doit prendre tout dirigeant. Il n’y a pas de peuple éternellement suiviste. Nous avons toujours dit qu’une décision n’est acceptée que lorsqu’elle est largement expliquée et discutée. Ce préalable n’ayant pas été la ligne de conduite des autorités, ce qui devait arriver est arrivé. Des dégâts matériels et humains tant du côté des manifestants que des forces de sécurité. Les autorités viennent heureusement de surseoir à la décision.

C’est une attitude de sagesse en attendant que les Burkinabè se remettent du cauchemar de la rentrée scolaire, de la hausse du prix des hydrocarbures, de l’absence de moyens de transport collectif en nombre suffisant, de la revue à la hausse de la facture de l’électricité... sans oublier les effets collatéraux de toute cette flambée des prix. C’est tout simplement pour te dire qu’il convient, en tout lieu et à tout moment, qu’un dirigeant se souvienne qu’il détient son pouvoir des citoyens qui ont consenti à lui faire confiance. Cette confiance peut à tout moment lui être retirée.

Très cher oncle. Tu n’ignores pas que les joies et les peines sont inséparables comme le nez et le furoncle. Cette année, les signes annonciateurs d’une bonne saison pluvieuse paraissent palpables. Même le Sahel, habituellement déficitaire pluviométriquement, a connu des inondations qui ont provoqué de nombreux dégâts humains et matériels. Evidemment, mieux vaut le déluge que la sécheresse. L’on se rappelle la grande sécheresse des années 1973 qui a coûté la vie aux hommes et au bétail. Déluge pour déluge, on ne peut pas dire que Ouaga, la capitale, est épargnée.

Tout en souhaitant le remplissage des trois barrages qui alimentent la ville, il faut reconnaître que certains quartiers situés en contre-bas de ces retenues d’eau, ont pratiquement les pieds dans l’eau. Chaque année, on est obligé d’évacuer les riverains de ces zones vers des abris de fortune. Le problème est si récurrent que l’on se demande ce que sont devenues les promesses des autorités communales de leur attribuer de nouvelles parcelles dans une zone plus sécurisée.

Très cher oncle. Si le football t’intéresse, tu as dû apprendre que les Etalons ont été battus (2 buts à 1) à Dar es-Salam, dans le cadre de la première journée des éliminatoires de la CAN Ghana 2008. Il faut dire que le Burkina vient d’avoir un nouvel entraîneur. Ceci explique-t-il cela ? Affaire à suivre.

Très cher oncle. Le Burkina vient de perdre encore un ancien ministre, après le décès, il y a une semaine environ, d’un autre ancien ministre. Il s’agit de Yomborémapi Jean Célestin Magnini, mort à l’âge de 74 ans. Ancien instituteur et ancien inspecteur des douanes, il fut ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et fait Chevalier et Officier de l’Ordre national. Il fut sur tous les fronts de la lutte syndicale et politique : secrétaire général du syndicat des douanes, militant du PRA (Parti du regroupement africain) aux côtés de Nazi Boni, du RDA (Rassemblement démocratique africain), du RDDI et du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Ceux qui ont connu Magnini disent qu’il fut un homme de caractère, doté d’une forte personnalité. Nous présentons à la famille éplorée, nos condoléances les plus attristées.

En attendant, nous avons aperçu ADO (Alassane Dramane Ouattara) et son épouse à Ouaga. Le leader du RDR est-il venu en vacances ou en consultation ? Pour l’instant, je ne saurais te le dire. De même, certains témoins disent que le Premier ministre Banny aurait fait le déplacement de Ouaga. Inutile de te dire que le grand banditisme a la vie dure au Burkina. Tout récemment, un réseau de malfrats a été démantelé. Parmi les membres du réseau, figurait un ex-rebelle ivoirien. C’est le système des vases communicants.

Enfin, les ministres, après leurs vacances annuelles bien méritées, sont de retour. Ils avaient besoin de ce repos compte tenu des dossiers corsés qui les attendent, surtout sur le plan social et dont le traitement diligent ne saurait souffrir d’aucun attentisme.

Ton neveu

Le Pays

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