LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Marché central de Dédougou : Quand installations anarchiques et insalubrité se côtoient

Publié le mercredi 6 septembre 2006 à 07h28min

PARTAGER :                          

Fonctionnel depuis 2002, le marché central de Dédougou reste inachevé. Considéré comme la plus grande zone commerciale de la localité, le marché de Dédougou attire les regards et retient l’attention du plus curieux et même celle du passant le moins régulier par son caractère anarchique et insalubre. Gros plan sur ce marché qui fait tout de même la fierté de plus d’un Dédougoulais.

Le marché central de Dédougou se trouve au secteur N°1 au cœur de la ville de Dédougou. Il compte au total 172 boutiques, 176 étals et 28 box et n’est toujours pas achevé. Malgré son état inachevé, il est fonctionnel depuis mars 2002, et les commerçants attendent son achèvement intégral qui tarde aussi à venir.

Au Burkina Faso, c’est peut-être l’un des rares marchés modernes où d’innombrables hangars en paillote et de nombreuses boutiques en tôles métalliques se côtoient dans une anarchie parfaite. A l’intérieur du marché central de Dédougou, on dénombre environ une trentaine de boutiques métalliques et environ une soixantaine de hangars en paillote qui ont été construits par des commerçants et sans l’accord de la commune. Cela s’appelle tout simplement une occupation anarchique du marché.

L’intérieur du marché se caractérise par une insalubrité chronique et généralisée, la présence de flaques d’eau et de boue après une pluie. Le hall du marché est devenu un lieu où des gens défèquent et jettent toutes sortes d’ordures, même des préservatifs après usage. Le côté Est du marché, du côté de la pharmacie Heresso, est devenu un dépotoir où les porcs passent des moments de bonheur.

Le pourtour de « ce marché là » sera bientôt bitumé grâce au projet de bitumage des 1 km 800 entrepris par la République de Chine dans 5 villes moyennes du pays.

Les commerçants du marché de Dédougou sont conscients de l’état actuel de leur lieu de travail. Ils disent même en être très préoccupés. « On est surtout très préoccupé par le non-achèvement du marché » s’inquiète M. Zakaria Illy commerçant de marchandises diverses.

Les commerçants préoccupés par l’augmentation du loyer

Les commerçants ne manquent cependant pas de préoccupations à l’endroit de l’autorité municipale, qui est la 1re concernée dans la gestion du marché. Parmi ces préoccupations figure en bonne place, la hausse du prix de la location des boutiques qui est passé de 3000 F /mois à 6000 F/mois en août 2005. Le marché central de Dédougou, bien qu’il soit sale, encombré et inachevé, fait bien la fierté des autorités municipales de la cité de Bankuy. Celles-ci ne se font pas prier du tout pour la mobilisation des ressources financières tels les taxes et autres impôts perçus dans le marché. Et pour cela les quatre coins du marché sont régulièrement pris en otage par la police municipale pour des contrôles intempestifs de routines.

Quant à la perception des frais de location des boutiques du marché central, les agents percepteurs se font toujours accompagner par les forces de sécurité bien armées.

Cette pratique n’est pas du tout du goût des locataires du marché central de Dédougou. Ils sont très soucieux par cette façon de faire qui, disent-ils, n’est pas de nature à faciliter leur travail. « Actuellement, le loyer au niveau du marché est réclamé avec les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), armés aux côtés des percepteurs, alors qu’auparavant, ces choses n’existaient pas. Le jour où ils débarquent dans le marché, ils gèlent nos activités et chassent nos clients. C’est une affaire qui nous préoccupe beaucoup. A cela s‘ajoutent les tracasseries policières. La police municipale rackette les populations, surtout celle venue des compagnes. Ils leur retire leurs vélos et engins,conséquence : ces derniers s’abstiennent de venir en ville et cela fait aussi des clients de moins pour nous ». Regrettent certains commerçants.

Pour M. Gnami Valentin Konaté, nouveau maire de la commune de Dédougou, c’est bien normal que les agents percepteurs soient toujours accompagnés par les forces de l’ordre lors de leurs sorties. « Nous avons une police municipale, il faut qu’elle soit utilisée pour protéger les agents de perception pour les cas de retard ou de refus de payement des loyers » se défend le bourgmestre de Dédougou. Par ailleurs, des commerçants sous-louent des boutiques, une trentaine environ. Ils expliquent la désertion des hangars et la sous- location des boutiques par leurs camarades à cause de la hausse du prix de la location des boutiques et l’attribution de multiples boutiques à certains individus. Quant à M. Idrissa Dao, président de la commission d’attribution des boutiques et étals du marché central de Dédougou le désordre qui y règne est surtout dû à l’absence de lois interdisant formellement la sous-location des boutiques et leur installation anarchique dans le marché.

Le maire promet construire des bacs à ordures au marché

Les autorités municipales ont promis d’avoir une attention particulière pour le marché. Le conseil compte prendre suffisamment du temps pour examiner le dossier du marché. Entre autres actions qui seront entreprises par le nouveau conseil municipal, il y a l’achèvement de la construction du marché et la construction de bacs à ordures. « Nous allons achever la construction du marché avec le concours de notre bailleur.

Des bacs à ordures seront construits le long du marché et l’enlèvement des ordures se fera en partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités », a rassuré M. Gnami Valentin Konaté. Le maire de Dédougou ne compte pas s’arrêter à si bon chemin. « Nous sommes en train de négocier avec un autre partenaire pour qu’on nous construise une décharge pour ordures et ce partenaire là, c’est la Belgique », a poursuivi le locataire de l’hôtel de ville de Dédougou.

Sur la principale préoccupation des commerçants qui est la baisse du prix de la location des boutiques à 3000 F/mois, le maire a préféré jouer la prudence. Sur cette question M. Konaté est catégorique. « Nous avons pris un budget en cours d’exécution, si tout de suite on ramène le prix de la location des boutiques de 6 000 F à 3 000 F/mois, cela voudrait dire qu’au niveau de la location, on aura un manque à gagner de moitié. Nous ne pouvons pas nous engager à démarrer notre mandat avec un budget déficitaire », a expliqué le maire de la cité de Bankuy.

Parlant des frais de loyer du marché, Il faut noter que la seule location des boutiques et étals rapporte à la commune, la somme de 7 millions 10 000 F CFA par an. Même si ce montant est modique il n’est pas pour autant négligeable surtout pour une commune moyenne comme Dédougou. A Dédougou, la plupart des commerçants sont convaincus que leurs problèmes sont en partie dus aux méthodes utilisées par les autorités communales dans la mobilisation des ressources financières au niveau du marché. Quant à l’insalubrité du marché central de Dédougou, elle pourrait s’expliquer par l’absence de système d’enlèvement des ordures et de nettoyage.

Au regard de la situation de désordre total et généralisé qui règne dans le marché de Dédougou, il est grand temps que les autorités municipales s’y penchent sérieusement pour qu’on évite l’irréparable, un jour. Aussi que celles-ci accordent une grande attention aux préoccupations des commerçants en cultivant le dialogue permanent avec ces derniers si non leurs revendications pourraient facilement se transformer en révolte un jour ou l’autre.

Ousséini OUEDRAOGO
AIB/Dédougou

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km