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<I>Une lettre pour Laye</I> : Le ministre, son chien et les vigiles

Publié le vendredi 1er septembre 2006 à 08h23min

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Chez Wambi,

S’est-il agi d’un déluge ? Question que se posent jusqu’à l’instant même les populations de Naamsiguiâ dans la commune rurale de Bourzanga. La raison en est bien simple : 96 ménages sans abris ; des édifices religieux en ruines ; un grand pont endommagé sur l’axe Ouaga-Djibo.

C’est en tout cas, la triste nouvelle que m’ont rapportée des voyageurs en provenance du Bam, après la grosse tornade du 24 au 25 août dernier, dans cette partie du Burkina. Et jusque-là, les populations de ce village, en majorité des Nionionsé, s’interrogent sur l’origine de cette furie de la nature jamais égalée depuis des décennies.

L’amoncellement des nuages ces temps-ci suscite maintenant des prières pour circonscrire le danger. Y a-t-il meilleure preuve que celle-là pour attester d’une fin de saison en fanfare ?

Eh bien, cher cousin, jusqu’au terme du mois d’août, le ciel n’a point tari de générosité, et je m’en vais de donner à titre illustratif les relevés pluviométriques de la dernière semaine, celle du 24 au 30 août 2006 : Dori : 34,1 mm ; Ouahigouya : 33,2 mm ; Ouagadougou-aéro : 15,3 mm ; Dédougou : 20,7 mm ; Fada N’Gourma : 47,9 mm ; Bobo-Dioulasso : 98,3 mm ; Boromo : 46,5 mm ; Pô : 46,5 mm ; Gaoua : 47,3 mm ; Bogandé : 47,6 mm.


Comme tu le sais, cher cousin, la fin des vacances ministérielles est propice à toutes sortes de supputations et de grands discours. Celle de l’année en cours n’échappe aucunement à la règle . Et c’est ainsi qu’on parle de l’imminence d’un réaménagement de l’équipe gouvernementale.

Sans pouvoir dire exactement qui s’en va, qui va à un autre poste ou qui quitte l’équipe que dirige Paramanga Ernest Yonli, on suppute sur au moins trois départs. Alors assisterons-nous d’ici quelques jours à un tel réaménagement ?

Vraiment, rien n’est vraiment sûr car tout dépend du bon vouloir du chef de l’Etat qui, souvent, remet à plus tard les décisions qu’il a à prendre, tout simplement parce qu’avant, l’affaire est déjà dans le domaine public. Et tu le sais mieux que moi, le grand sachem agit toujours au moment où l’on s’y attend le moins. Alors ! Dérogera-t-il cette fois-ci à sa tradition ? L’avenir nous le dira.


A la veille de la rentrée scolaire, quelque part, dans le Burkina profond, parents et élèves se demandent à quel saint, sinon à quel ministre se vouer, et pour cause. Des menaces de fermeture planeraient sur certaines écoles du primaires réalisées dans le cadre du Programme décennal de développement de l’enseignement de base (PDDEB) courant 2005.

Depuis que les entrepreneurs se sont saignés pour s’exécuter, le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) traîne les pieds pour honorer leurs factures. Septembre 2005, ce n’est certainement pas hier. Et pourtant, avant même la réception provisoire des ouvrages, la rentrée scolaire 2005-2006 a pu s’y effectuer sans opposition aucune.

Depuis, disais-je cher cousin, le ministère de l’Odile nationale fait la sourde oreille et, pire, lance de nouveaux appels d’offres par le truchement de Faso Baara au titre de l’année en cours. Pourquoi engager de nouvelles dépenses quand on éprouve de la peine à éponger des factures parfois centenaires ?

Il me revient, en tout cas, que certains entrepreneurs envisageraient la fermeture desdites écoles pour s’épargner des pertes supplémentaires au cas où les occupants des lieux venaient à les détériorer. Là, en tout cas, ils n’auront pas tort, puisque la réception provisoire n’a toujours pas été faite. Mais oseront-ils mettre leurs menaces de prise en otage des écoles PDDEB à exécution ? Difficile d’y répondre cher Wambi.


Un fait des plus cocasses qui alimente les conversations à Pissy, au secteur 17 de la capitale, cher Wambi, c’est le conflit qui oppose un ministre de la République à une agence de gardiennage pour une histoire de chien. Cette semaine, en effet, le ministre a rompu le contrat qui le liait à l’agence qui assurait la sécurité à son domicile, refusant même de payer les salaires de juillet et d’août des vigiles, au motif qu’ils auraient laissé échapper son chien.

Et cela fait deux mois que Milou qui n’était d’ailleurs pas enchaîné demeure introuvable. Pour le ministre, cher cousin, les vigiles devaient également veiller sur le cabot, et sont par conséquent responsables de son évasion. La société de gardiennage de rétorquer que ses vigiles sont responsables de la sécurité de la cour et des installations, un point, c’est tout.

Avis donc aux populations de Pissy, afin que monsieur le ministre retrouve son chien et que les vigiles soient payés. Mais quelque chose me dit, cher cousin, que cela relève maintenant de l’impossible car, j’en connais qui n’hésiteraient point de croquer du chien ministériel. A moins que du côté du "tam-tam", de Saâba, Bassinko, et même à "Confiance yaar", on me porte un cinglant démenti. N’est-ce pas que quand on n’a point de dossier, on gère les chiens ?


Je ne t’en dirai pas plus, voyons plutôt ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- Un contentieux de gros sous, des milliards et des milliards de nos francs, oppose ces jours-ci l’entreprise Oumarou Kanazoé (OK) à une société française. Aux dernières nouvelles, la société française aurait été condamnée, mais pour que l’entreprise OK puisse récupérer son dû, ce serait la croix et la bannière.

A ce qu’on dit, rien que le principal avoisinerait 7 milliards de francs CFA. En principe, les deux parties devaient se rencontrer hier jeudi pour trouver un compromis. Qu’en a-t-il été ? On le saura certainement les jours à venir.


- Le village d’enfants "SOS" de Kossodo (secteur 25) vient de prendre une décision pour la moins surprenante et qui risque de compromettre l’année scolaire de plusieurs élèves (maternelle-primaire). En effet, le jardin d’enfants "SOS", depuis plusieurs années, était ouvert à tous les enfants sans distinction de classe sociale ou de situation professionnelles des parents.

Mais voilà que depuis quelques jours la donne veut changer suite à une décision de la direction de l’école de ne pas inscrire et réinscrire pour cette rentrée scolaire (2006-2007), les enfants dont les parents ont une "situation sociale acceptable". Comme raison avancée, l’école à l’origine a pour vocation l’enseignement des enfants défavorisés. Alors, plusieurs questions se posent :
- pourquoi depuis plusieurs années, l’école a été ouverte à tous ?
- pourquoi, c’est à cette rentrée qu’on se rend compte que l’école a été ouverte pour les enfants défavorisés ?
- pourquoi n’avoir pas informé les parents d’élèves au début des vacances pour qu’ils se préparent en conséquence ?

Les parents d’élèves que nous sommes demandons à la direction de revoir sa décision au moins pour cette rentrée et peut-être commencer à l’appliquer l’année prochaine ; ce qui permettrait à chaque parent de se préparer.

J’interpelle par la même occasion le ministère en charge de l’Enseignement de base, celui de l’action sociale et la direction du Village d’enfants "SOS" pour nous aider à trouver une solution acceptable. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu.

Un parent d’élève mécontent


- Les militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Zoungwéogo étaient en conférence provinciale le 13 août 2006. A l’entame des travaux qui portaient sur la vie du Parti, le bilan des élections présidentielle et municipales et les perspectives des législatives de 2007.

Cette rencontre, tenue à huis clos, aura permis de comprendre les ambitions que les uns et les autres nourrissent déjà pour les prochaines échéances électorales (en l’occurrence les législatives de 2007).

Tenez :

Le responsable régional du CDP du Centre-Sud et les deux premiers responsables au niveau régional et provincial (différent du Secrétaire général provincial), se sont jeté des fleurs, voulant revendiquer à leur compte les victoires obtenues dans la province grâce à leurs initiatives et à leurs sacrifices.

Et pourtant ! Que de dévouement, d’engagement, d’initiatives, d’appui et de sacrifices de la part des responsables à la base et des personnes de ressources !

Et pourtant ! Que diront les militants qui sont allés voter... ?

Et pourtant ! Ces militants ont relevé les grosses insuffisances organisationnelles lors de la présidentielle, des élections municipales et des Conseils municipal et régional.

Les avis de ces pauvres militants ne comptent pas ; ce sont les sentiments des autres, eux les grands, qui

Et pourtant ! A la critique du manque de bilan (matériel, financier, etc.), l’un d’eux rétorquera qu’il n’a pas de bilan à faire à la hiérarchie inférieure, et même s’il devait le faire, il se garderait de tout dire parce qu’il y a des secrets de gestion à ne pas dévoiler et cela serait même dicté par le Bureau politique national (BPN).

Mais les militants n’étant pas dupes, ils ont bien entendu et bien compris. A bon lecteur aussi de bien lire et de bien comprendre.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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