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Une région dans la décentralisation : Le Centre-Nord veut s’atteler au « développement concret »

Publié le jeudi 17 août 2006 à 07h43min

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Dans le droit fil de la pensée de Blaise Compaoré qui voit dans la poursuite et l’élargissement du processus de décentralisation et de déconcentration, « un choix stratégique majeur » dont l’objectif est de faire « reculer la culture de l’exécutif centralisateur au profit de nouvelles dynamiques qui assurent la participation et la valorisation des acteurs à la base », la région du Centre - Nord veut s’atteler à relever ce défi majeur.

Zambendé Théodore Sawadogo

C’est que nous a dit Zambédé Théodore Sawadogo, dont le parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est sorti grand vainqueur des élections locales. Regard panoramique sur une région qui peut être génératrice de grandes richesses pour peu que « chacun s’investisse dans cette œuvre de développement » et que l’Etat central donne « un petit coup de pouce ».

Constituée des provinces du Sanmatenga (dont le chef-lieu, Kaya est la capitale régionale), du Namentenga (chef-lieu Boulsa) et du Bam (« capitale », Kongoussi), le relief de la région du Centre - Nord est constitué d’une vaste pénéplaine monotone, peu accidentée, correspondant au bassin versant du Niger. Par endroits, on a cependant quelques vallées et des formations collinaires d’altitudes moyennes allant de 350 à 400 m. Deux nuances climatiques allant du Sud au Nord la caractérisent : le Sud correspondant à la zone climatique sahélo - soudanienne avec des précipitations annuelles variant entre 600 et 700 mm, la zone Nord, elle, a un climat sahélien qui reçoit moins de 600 mm d’eau par an. La végétation est constituée de savanes arborées au Sud et de savanes de hautes herbes au Nord.

Sur le plan démographique, sa population est estimée à 928 000 habitants selon le recensement général de 1996. Une population qui devra passer à 1 130 000 dans la décennie à venir. Le taux de mortalité est de 15 pour mille et celui de natalité de 46,6 pour mille.

Vivacité politique...

Si comme indiqué plus haut, le relief de la région est monotone, il n’en va pas de même pour la vie politique qui est très animée voire mouvementée par moments. Même si cela relève de l’histoire, l’expérience de Kongoussi lors du précédent mandat municipal est illustrative de cette assertion. Des querelles crypto-personnelles ont conduit à la mise sous délégation spéciale de la ville, pendant près d’un tiers du mandat. On ne peut donc que se réjouir du fait que les anciens rivaux se soient congratulés lors de l’installation de l’actuel édile de Kongoussi. Il reste à souhaiter que cette « cohésion sociale », que le commissaire politique régional du CDP, Théodore Zambédé Sawadogo appelle de tous ses vœux perdure pour le bonheur de la commune. A Tikaré cependant, cette cohésion sera difficile à avoir, les militants de l’ADF/RDA notamment étant persuadés qu’on leur a « volé » leur victoire. Pour autant, ils devront accepter le verdict des urnes et avoir à l’esprit que la communalisation intégrale doit être comprise aussi comme une saine émulation entre les localités. Entretenir des rancœurs reviendrait à se tirer une balle dans le pied. La vivacité politique de la région se manifeste aussi positivement, en témoignent ses nombreux cadres politiques et administratifs. Zambendé Théodore Sawadogo, Gaspard et Léopold Ouédraogo, Youssouf Ouédraogo, Philippe Ouédraogo... autant de sommités intellectuelles et politiques qui, en conjuguant leurs efforts, peuvent déplacer des montagnes. Conscient de cela, l’édile de Boulsa, Sambo Jean Sawadogo (lire par ailleurs) a pu dire qu’il y a « l’intelligensia » dans la région et qu’il ne manque plus qu’une « forte implication » de chacun pour qu’elle prenne son envol. Le doigté et l’esprit de rassembleur qui animent Zambendé Théodore Sawadogo ne seront pas de trop dans cet exercice.

... et économique...

En tous les cas, l’infrastructure existe, au regard de l’énorme potentiel socioéconomique. « Il n’est de richesse que les hommes » et dans ce domaine, la région est nantie avec une population jeune et à l’esprit entreprenant.

Au plan économique, les principales activités demeurent l’élevage, l’artisanat, l’exploitation du bois et l’exploitation minière artisanale. Avec le démarrage très prochain des activités de la société minière de Taparko, ce dernier secteur devrait être le moteur du développement régional. La contribution de la région à la production céréalière nationale est d’environ 7% (mil, maïs, sorgho, fonio). Pour les autres productions vivrières et les cultures de rente, les taux sont respectivement de 9% et de 3%. Le haricot vert jadis fleuron de l’économie régionale devra être réhabilité. Avec la politique volontariste entreprise au niveau de l’agriculture, il n’y a pas de raison qu’il en aille autrement.

Aussi, une meilleure maîtrise de l’eau permettra de dynamiser les cultures de contre-saison, sources de revenus non négligeables. Las but not the least, l’artisanat est un secteur en pleine expansion occupant des milliers de jeunes déscolarisés ou non scolarisés. Sous-sol riche et varié, esprit d’initiative et intelligence de ses fils, le Centre - Nord est un trésor caché, qui peut et doit être un des joyaux de la couronne que le Burkina Faso veut porter à l’horizon 2010. « Au travail » donc selon le « mot d’ordre » du commissaire politique régional, Zambendé Théodore Sawadogo.

Boubacar SY


Zambendé Théodore Sawadogo, commissaire politique régional CDP du Centre - Nord

« A chacun de faire ses preuves dans notre quête commune, le développement du pays »

A la faveur de notre « visite de travail » dans la région du Centre - Nord, nous nous sommes entretenu avec M. Zambendé Théodore Sawadogo, commissaire politique du CDP de la région. « Il faut faire du développement concret », voilà le leitmotiv de cet homme de conviction, adepte de l’organisation et du travail, qui pense par ailleurs que sa région peut être « un des pôles majeurs » du développement du Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : Quels grands enseignements tirez-vous au niveau de votre région, après les élections locales d’avril 2006 ?

Zambendé Théodore Sawadogo (Z. T. S.) : De façon générale, je voudrais indiquer que la campagne municipale s’est très bien passée dans notre région. Cette élection qui est une première du genre, nous a permis au niveau de notre région, de tester la mobilisation de tous nos militants et leur adhésion à ce processus de décentralisation intégrale. L’exercice a révélé au niveau de toutes les communes rurales, une mobilisation très forte des électeurs pour choisir leurs conseillers et ensuite, leurs maires et les bureaux chargés de piloter ces communes à l’avenir. Les populations ont donc compris que le développement commence d’abord par la base.

Partout où nous sommes allé, nous nous sommes rendu compte que cette introspection de la décentralisation est devenue une réalité au niveau de la région du Centre - Nord. C’est vrai qu’il y a beaucoup de partis qui ont compéti ainsi que le veut le jeu démocratique, mais, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) notre parti, s’est taillé la part du lion, en ne laissant qu’une seule commune rurale à l’opposition, notamment l’ADF/RDA.

A notre niveau, ce fut une belle campagne de moissons heureuses et un engagement du gouvernement à aller vers cette politique de décentralisation au niveau de la gestion économique et politique.

Zambendé Théodore Sawadogo : « Au-delà de la politique, nous devons faire du développement concret. »

S. : Cette communalisation intégrale se présente comme un défi pour les populations. Comment comptez-vous relever ce défi au niveau du Centre - Nord.

Z. T. S. : La première des tâches sera de conscientiser les populations par rapport à ce nouveau défi. Je pense que la plupart des responsables qui ont été élus, ont pris la mesure de cette tâche ainsi que de celles qui doivent les incomber à l’avenir. C’est vrai que nous n’avions que quelques communes urbaines et que nous nous retrouvions avec vingt-cinq communes créées dans lesquelles les conseillers doivent se mobiliser pour assurer leur propre développement. Nous les sensibilisons dans cette optique, afin qu’ils soient des répondants efficaces au niveau de tous les villages en inventoriant les besoins des populations. Ils doivent être en somme, le levain pour mobiliser et organiser les populations autour des projets qui seront mis en place, notamment au niveau des besoins fondamentaux, à savoir l’eau, la santé, l’éducation.

Ensuite, on pourra s’attaquer aux autres problèmes, à savoir ceux de décentralisation et de production agricole et de développement de l’élevage. Dans un proche avenir, nous allons organiser des rencontres - forums avec tous ces conseils et tous ces maires afin que chacun puisse avoir un tableau de bord relevant tous les défis et les problèmes ainsi que les solutions possibles. Nous pourrions ainsi nous acheminer vers des plans de développement locaux pour le bonheur des populations de ces communes rurales.

S. : Votre région a un fort potentiel minier et agro-pastoral. Qu’attendez-vous des autorités centrales pour booster davantage ces secteurs ?

Z. T. S. : C’est vrai que notre région regorge de pas mal de ressources. Sur le plan de leur exploitation, il faudra comme indiqué, un tableau de bord qui va reprendre, commune par commune, les plans de développement local, identifier les ressources spécifiques à chaque commune.

Au niveau du Namentenga par exemple, on a un fort potentiel agropastoral, cependant qu’au Bam il n’y a pas mal de plans d’eau. En fonction de ces richesses, nous allons mettre en place des plans d’encadrement mais de financement surtout pour que ces potentialités soient exploitées au profit des populations.

S. : Comme l’avait rappelé le président du Faso lors de la présidentielle dans votre région, il y a de « fins » politiciens. Maintenant que vous avez beaucoup de responsables, ne craignez-vous pas que « trop de viande ne gâte la sauce » ?

Z. T. S. : C’est plutôt le contraire que je pense. Vous savez qu’en matière politique, les luttes tournent autour des responsabilisations. Chacun veut être député, ministre, etc. La communalisation intégrale va nous permettre de responsabiliser chacun à son niveau, l’essentiel étant de s’atteler au développement. L’élection des conseils locaux a permis de dispatcher les responsabilités, de faire en sorte que la politique se joue au niveau des communes rurales, des villages. En déléguant certaines de nos prérogatives au niveau des villages, c’est la politique même que nous sommes en train de faire en la gérant au mieux. A chacun désormais de faire ses preuves dans notre quête commune, à savoir le développement du pays.

S. : Quel message particulier avez-vous à l’endroit des populations de la région du Centre - Nord ?

Z. T. S. : Il faudra que nous accompagnions l’Etat dans cette politique très utile de décentralisation intégrale. L’Etat central ne peut pas développer tout le Burkina Faso et chacun de nous doit désormais se sentir investi de la responsabilité de contribuer au développement de notre maison commune. Chacun doit mettre la main à la pâte, pour qu’au-delà de la politique, nous puissions faire du développement concret au profit de notre région. Au regard de l’enthousiasme et de l’engagement que ces élections locales ont suscités, je ne doute pas un instant qu’il en sera ainsi.

Une interview de Boubacar SY

Sidwaya

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