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Inondations dans l’Oudalan : 877 ménages sinistrés

Publié le vendredi 11 août 2006 à 07h15min

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136 mm d’eau tombée en six heures le 9 août. Gorom-Gorom présente le 10 août le visage d’un champ dévasté par un troupeau d’éléphants. Les populations ne peuvent retenir leurs larmes face à ce qu’on qualifie de désastre : environ 877 ménages sinistrés, selon un premier recensement.

Les secteurs les plus touchés de la ville sont les n° I et 4. Les secteurs n° 3 et 5 sont partiellement concernés. Cette situation s’explique, de l’avis de Amadou Maïga, comptable au haut-commissariat, par le fait que ces secteurs sont logés dans les bas-fonds ou situés aux abords des rivières.

« Si vous regardez les secteurs touchés, on dirait qu’on n’a jamais construit de maison en ces endroits », a-t-il déploré, l’air triste. Le côté Sud de la voie principale du secteur n°5, toutes les maisons se sont écroulées, emportées par l’eau. « L’essentiel des constructions était en terre battue, ce qui explique peut-être que tout s’est écroulé quand les eaux ont pénétré les maisons », a constaté un élément des forces de sécurité, commis aux rôles de secouristes pour la circonstance.

Le secteur n°1, le plus grand de la ville, a été le plus ravagé. Hormis quelques maisons en dur, tout le reste est parti avec les eaux. Il a fallu de peu pour qu’un père de famille d’une quinzaine d’enfants, qui avait refusé de quitter sa maison, voit le toit s’écrouler sur lui. « Dès que les forces de sécurité ont réussi à l’entraîner dehors, la maison s’est écroulée », a-t-il fait remarquer.

Même si les eaux ont commencé à quitter les principales artères de la ville pour rejoindre les rivières, les spécialistes trouvent qu’il va falloir attendre 5 jours à une semaine pour que la voie qui relie Dori à Gorom-Gorom soit libérée. Actuellement, à la faveur des inondations, des obstacles constitués essentiellement de cassis, empêchent la liaison entre Gorom-Gorom et les autres localités.

La situation a été compliquée par le pont de Saogo (12 km au Sud-Est de Gorom-Gorom) débordé par les eaux et le barrage de Tougo qui a cédé suite à ces eaux. Ainsi, Gorom-Gorom se voit coupé du reste du Burkina.

Le .jeudi 10 août, l’administration publique fonctionnait au ralenti et la plupart des employés étaient occupés à porter secours aux sinistrés. Le marché de Gorom-Gorom, qui se tient tous les jeudis, est totalement désert.

Les secours à pied d’œuvre

« C’est dur, dur », s’est écrié un habitant qui ne savait pas où donner de la tête tant les dégâts sont importants. Depuis les inondations, l’administration avec en tête ses principaux responsables, a mis en place un comité de crise afin de parer au plus pressé. Comprenant le conseil municipal, le COPROSUR, la gendarmerie, la police, l’Action sociale, et l’administration, ce comité a travaillé d’arrache-pied toute la nuit du 9 août pour chercher un abri aux sinistrés.

Les écoles primaires Centre et Est de Gorom-Gorom, la garderie, la Maison des jeunes et le centre de la Croix- Rouge ont été retenus pour abriter les sinistrés. Au regard du nombre des sinistrés évalué à environ 500 au premier recensement, nombreux sont qui n’ont pas eu le privilège de trouver un abri. La majorité des sinistrés du secteur n°1, le plus grand de la ville n’a pas encore trouvé un abri jusqu’en fin de matinée, le 10 août. Ils ont dormi à la belle étoile aux endroits où l’eau ne pouvait pas les atteindre.

Très tôt dans la matinée du 10 août, les secours ont commencé à fouiller les décombres pour dégager les tôles et retrouver le matériel qui peut encore être sauvé. Le mobilier et les vivres sont irrécupérables. « Il n’y a rien à faire », s’est écrié un sinistré, fondant en larmes parce qu’il a tout perdu.

Selon les témoignages, la montée des eaux a provoqué la sortie des reptiles et un enfant a été mordu la nuit par un serpent alors qu’il marchait dans l’eau. Aux dernières nouvelles, l’enfant qui a été admis au centre médical se porte mieux. Certains sinistrés qui tentaient d’enlever leurs tôles se sont blessés.

Les inondations de 1984 et 1988 à Gorom-Gorom, selon un sexagénaire, Ag Hamid, n’ont pas fait autant de dégâts que celles du 9 août. Les spécialistes chiffreraient les dégâts enregistrés à plusieurs dizaines de millions de F CFA. Ils craignent même une pénurie alimentaire puisque la localité est coupée du reste du pays. En attendant, ce sont les dernières réserves de vivres que le comité de crise est en train d’acheter dans les boutiques et magasins de la place afin d’aider les sinistrés. Le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Pascaline Tamini et le ministre délégué chargé des Collectivités locales, Soungalo Ouattara sont arrivés en début d’après-midi pour soutenir les sinistrés.

Ayouba MAÎGA
AIB/Gorom-Gorom

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