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Kossi : Béré un village burkinabè en territoire malien

Publié le jeudi 10 août 2006 à 06h25min

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Béré, hameau de culture, habité par les Burkinabè était un village de la commune rurale de Djibasso, situé à la frontière Mali-Burkina. La population a été surprise d’apprendre le mois dernier, de leur préfet, que cette localité est en territoire malien. Pour en savoir davantage, Sidwaya a rencontré le chef de Béré, Adama Dembélé.

Sidwaya (S.) : On vient de vous notifier que Béré est situé en territoire malien qu’en pensez-vous ?

Adama Dembélé (A.D.) : Pour nous, cette situation n’est pas encore bien claire car le bornage n’est pas encore effectif. Nous attendons que le bornage soit fait et s’il est bien établi que nous sommes en territoire malien, nous-nous en remettons à la volonté des autorités.

S. : Quel sentiment avez-vous eu quand les autorités vous ont informé que vous êtes en territoire malien ?

(A.D.) : Nous sommes nés ici et c’est ici que nos grands parents ont vécu bien avant les indépendances. Tous les villages voisins savent que nous sommes les propriétaires terriens de cette localité. Nous avons tous été surpris par cette information que nous a donnée le préfet du département de Djibasso. Depuis lors, toutes les nouvelles terres défrichées cette année, nous sont défendues d’exploitation. Hier, nous étions des autochtones et aujourd’hui nous sommes en passe d’être des étrangers sur une terre que nous avons occupé pendant très longtemps. Cela fait mal.

S. : Que comptez-vous faire donc face à cette nouvelle donne ?

A.D. : Dès que le bornage sera effectif, nous nous soumettrons à la décision de nos autorités. Je pense que nous allons déménager à Kombori pour nous y installer. Nous savons qu’étant ici, nous risquons d’avoir une existence difficile, connaissant l’esprit des populations des villages maliens voisins de la zone. Dès à présent nos champs de culture et même nos maisons d’habitation ont tous des preneurs déclarés, selon les informations qui nous parviennent tous les jours. Il y a un adage qui dit « quelque soit le temps que va passer, un morceau de bois dans l’eau, il ne pourra jamais se transformer en un caïman ». Nous sommes Burkinabè et nous resterons Burkinabè quoi qu’il en soit.

S.P. : Pourquoi à Kombori et pas ailleurs ?

A.D. : Nous relevons actuellement de Kombori et nous pensons que les choses seront plus faciles là-bas qu’ailleurs.

Entretien réalisé par Daouda KONATE
AJB/Nouna


Le chef de la délégation malienne se prononce sur la mission
Le préfet du cercle de Tominian, El Hadj Sidibé, chef de la délégation malienne, confie ses sentiments à la fin de la mission conjointe.

El Hadj Adama Sidibé (E.A.S.) : Nous venons de passer deux jours à écouter les populations à mieux comprendre les problèmes de cohabitation. C’est avec beaucoup de satisfaction que nous terminons cette mission conjointe Mali-Burkina Faso. Le terrain ne ment pas comme on le dit couramment.

Cela nous a permis de mieux comprendre et d’intervenir, en ce sens que je crois que vraiment les messages de paix, de fraternité et de bonne collaboration, le respect vis-à-vis des autorités et des engagements pris ont été bien transmis. Surtout que nous étions appuyés par les honorables députés du cercle de Tominian et de Nouna. Je pense qu’il y aura beaucoup d’amélioration dans la cohabitation de ces populations.

La méthode de travail est salutaire et dorénavant, je crois que nous aurons de l’appétit nous-mêmes à organiser des missions conjointes, tant i1 est vrai que nous sommes en train d’exécuter la politique de deux gouvernements entièrement d’accord, de deux chef d’Etat aujourd’hui cités en exemple dans le cadre de l’intégration sous-régionale.

Il n’y a vraiment pas de raison qu’au niveau de leurs populations et au moment ou nous sommes en train de tout faire pour la mise en œuvre de la notion de frontière, que les populations, pour des problèmes de cohabitation en viennent à des situations parfaitement regrettables.

S.P. : Existe-t-il des mécanismes de suivi des conduites édictées aux populations de part et d’autre ?

E.A.S. : Il y a parfaitement des mécanismes de suivi et de contrôle comme cela a été inscrit par les ministres en charge de l’Administration, par les deux gouverneurs de région qui ont rappelé les cadres de concertations entre les autorités administratives et, au-delà de tout formalisme en ce qui concerne ces rencontres, nous avons aujourd’hui toute la latitude devant n’importe quel problème avec spontanéité de communiquer, de nous contacter, d’améliorer nos rapports.

Donc, le premier mécanisme c’est l’information qu’il faut mieux organiser de façon constante, l’écoute des populations à travers tous nos services de base. Deuxièmement, il faut démystifier un tout petit peu, je dis bien démystifier et c’est pas nous qui démystifions, ce sont les politiques des deux gouvernements qui ont démystifié la notion de frontière qui fait peur et qui fait que les problèmes sont souvent occultés.

Aujourd’hui les deux chefs d’Etat, les deux gouvernements, les deux pays sont engagés pour la même politique et cela démystifie vraiment pour nous, hommes de terrain, le contact. J’ose croire une fois de plus qu’avec les rencontres, les sorties conjointes et la régularité de ces rencontres ainsi que la constance du circuit de l’information que nous serons à mesure de gérer à bon escient les problèmes entre les populations.

Et, mieux encore, assurer la cohabitation pacifique entre ces populations qui ont pour lots, disons-le, la pauvreté, la misère et qui ont pour devoir aujourd’hui de mettre en confiance nos partenaires de développement qui viennent et qui ne peuvent pas avoir confiance en nous quand nous sommes en guerre, dans les armes ou dans les malentendus.

D.K

Sidwaya

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