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Lutte contre le banditisme : Les dozos de Ti s’organisent

Publié le lundi 7 août 2006 à 07h17min

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Dans un passé très récent, l’insécurité faisait partie du quotidien des populations de nos villes et campagnes. Cette recrudescence a amené les autorités en charge de la sécurité à opter pour la police de proximité.

La mise en œuvre de cette politique sécuritaire a reçu l’adhésion totale des dozos de Ti, localité située dans le département de Tansila dans les Banwa. Depuis lors, ces vaillants chasseurs mènent des actions efficaces dans la traque des bandits de grands chemins aussi bien dans le territoire burkinabè que malien.

Leur dernière action date du 29 juin dernier où ils ont réussi à appréhender Seydou Mamadou Diarra, complice et éclaireur des bandits d’un pays voisin. Ce dernier a été jugé et condamné à 18 mois ferme par le tribunal de grande audience de Dédougou le 2 août dernier. Selon le président des dozos, leurs actions s’expliquent par le fait que le tableau des attaques est des plus sombres, avec de nombreuses victimes qui ont soit perdu la vie , soit été dépossédées de leurs engins. L’exemple de ces dozos est à saluer quand on sait que personne n’est à l’abri du phénomène et que la lutte contre le banditisme ne saurait être l’affaire des seuls services de sécurité.

Koussé Konaté s’est exprimé en ces termes : "Nous avons accueilli favorablement l’adoption de la police de proximité, parce qu’il y a 8 ans environ que nous collaborons avec les services de police et de gendarmerie de notre localité pour lutter contre les bandits. Cependant, nous avions quelques appréhensions du fait que nous travaillons dans l’illégalité, malgré notre récépissé. Aujourd’hui, nous nous réjouissons de mener nos actions en toute quiétude". S’il est vrai que la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et le développement ne saurait se faire dans un climat d’insécurité générale, l’exemple des dozos de Ti devrait faire tâche d’huile et mériter une attention particulière de la part des autorités en charge de la sécurité. Cette association, selon son président, regroupe une cinquantaine d’adeptes qui contribuent à la lutte.

« Nous avons maintes fois été menacés par des bandits que nous avons appréhendés et remis aux autorités policières. Cependant, cela n’émousse outre mesure notre volonté car nous disposons de pouvoirs mystiques et occultes pour mener notre combat", a expliqué le vieux Koussé avant d’ajouter que Dieu aidant, ils connaissent l’antidote des malfaiteurs, ce qui leur permet d’appréhender une trentaine de malfrats qui sont en prison à Dédougou et à Yorosso au Mali.

A la question de savoir si des pesanteurs sociales n’influencent pas cette traque, le président des dozos répond qu’ils disposent de moyens pour séparer le bon grain de l’ivraie, et qu’aucune calomnie ne peut les induire en erreur. "Des villages environnants se sont inspirés de notre association pour mettre en place la sienne dans la mesure où la sécurité dans le village est l’affaire des habitants", a affirmé le dozo.

Manque de moyens

S’il est vrai que les dozos sont animés d’une farouche volonté de combattre le banditisme dans leur région, force est de constater qu’ils sont aussi confrontés à certaines difficultés. "Souvent, pour la promptitude et l’efficacité de certaines actions, nous sommes amenés à nous déplacer sur de longues distances, et le manque de moyens de déplacement fait défaut, alors que si ce sont les policiers ou les gendarmes, ils sont vite répérés par les délinquants et ils s’échappent" a reconnu Koussé, avant de confesser que des opérations périlleuses l’ont conduit à démanteler un réseau de gang. Pour lui, par la grâce de Dieu, il n’existe pas de délinquant redoutable. Lorsqu’un être humain commet des gaffes, il n’est plus protégé par Dieu, dit-il. La police de proximité mise en oeuvre par les autorités satisfait l’association des dozos de Ti.

Aussi se réjouit- elle des décisions de justice, car tous les malfrats appréhendés par eux ont fait l’objet de lourdes condamnations. Toute chose qui les galvanise. "Si nos délinquants étaient aussitôt relaxés par la justice, nous douterions de nos capacités. Certains nous avaient même lancé des défis qu’ils ne feraient pas un trimestre en prison et qu’à leur libération, nous serions tués.

Fort heureusement, ces derniers sont en train de purger des peines de 2, 3 et même 5 ans de prison ferme", a expliqué Koussé, d’un air rassurant. Comme on aime à le dire, la sécurité commence par soi-même, et au président des dozos de renchérir que chaque citoyen, d’où qu’il vienne, doit contribuer à sa façon à réduire les vols et les attaques à main armée. "Si les malfrats sont dénoncés de toutes parts, les prisons seront saturées et les vaillantes populations pourront mener dans la quiétude, des activités pour développer leur localité", a conclu notre interlocuteur du jour.

En termes clairs, le président des dozos de Ti lance un appel pour une mobilisation et une franche collaboration entre les populations civiles et les forces de sécurité dans le combat contre le banditisme. Si nous avions craint que le témoignage à visage découvert dans la presse du président des dozos risque de porter un coup à la réussite de certaines actions, l’homme lui, est resté imperturbable. Il estime qu’il y a suffisamment d’hommes aguerris dans son écurie qui ne pourront pas tous être identifiés par les malfrats.

L’action des dozos fait effet dans la Boucle du Mouhoun et au Mali ; souhaitons que cet exemple soit pris par l’ensemble des forces vives de notre pays pour barrer la route à ces malfrats qui écument à longueur de journée, les populations des villes et des campagnes. Aussi, il est nécessaire de rappeler que la loi punit quiconque a connaissance d’une situation délictuelle et ne la dénonce pas. Alors ouvrons l’œil et le bon pour éviter d’être poursuivis par l’article 65 alinéa 5 du Code pénal.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

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