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<I>Une lettre pour Laye</I> : La bombe du sergent-chef

Publié le vendredi 4 août 2006 à 07h57min

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Cher Wambi,

Le ciel est si capricieux qu’il est risqué d’aller trop vite en besogne en cette saison hivernale. Alors que, dans l’ensemble, les semis ne sont encore qu’à la hauteur des chevilles, les pluies commencent à se raréfier en ce mois d’août. Mais faut-il pour autant s’alarmer ?

Les relevés pluviométriques de la semaine du 27 juillet au 2 août 2006, que je te propose ci-après, parlent, en tout cas, d’eux-mêmes.

Dori : 00 mm ; Ouahigouya : 10,9 mm ; Ouagadougou-aéro : 3,5 mm ; Dédougou : 40,0 mm ; Fada N’Gourma : 20,6 mm ; Bobo-Dioulasso : 27 mm ; Boromo : 7,1 mm ; Pô : 18,8 mm ; Gaoua : 21,1 mm ; Bogandé : 14 mm. Il reste donc à espérer, cher cousin, que Dieu et les ancêtres entendent nos supplications et nous accompagnent jusqu’au terme de la campagne agricole. Sinon, la vie sera encore plus chère au Faso.


Cela dit, ainsi que je te l’annonçais dans ma dernière lettre, Halidou Ouédraogo, le président du "pays réel", qui avait été évacué en France au mois de mars des suites d’une attaque cardio-vasculaire, est effectivement de retour depuis la nuit du lundi 31 juillet 2006. C’est une foule de parents, d’amis, de collaborateurs et de militants du MBDHP, de l’UIDH et du collectif, entre autres, qui est allée accueillir l’illustre convalescent à l’aéroport international de Ouagadougou en cette nuit-là.

En chœur, souhaitons-lui un prompt rétablissement afin qu’il puisse poursuivre le combat qui a toujours été le sien, celui de la défense de la veuve et de l’orphelin ; et pour l’éradication de l’impunité. A propos, cher cousin, la coordination nationale du Collectif des organisations de masse et de partis politiques, qui avait à son agenda une conférence de presse sur le non-lieu prononcé au bénéfice de l’adjudant Marcel Kafando dans l’affaire Norbert Zongo, a dû la reporter au mardi 8 août à 9h, toujours au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ).


Cher cousin, je ne t’apprends pratiquement rien en te disant que ce samedi est une date importante dans l’histoire de notre pays, hier Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso.

En effet, c’est un 5 août, celui de 1960, que, à l’instar de plusieurs pays jusque-là sous la coupe française, notre pays a acquis son indépendance pour ne pas dire sa souveraineté internationale. Une date donc historique qui offre l’opportunité aux populations de se remémorer leur vécu sous le joug français, de même qu’elle permet une projection sur les lendemains.

Si pour des raisons de pluies en ces mois d’août les cérémonies populaires (défilé et réjouissances) sont reportées au 11 décembre, il n’en est pas ainsi de certaines décisions politiques qui se prennent ce jour-là pour marquer le coup. Et qui dit politique dit animateurs de cette scène que sont le pouvoir en place, son opposition, etc.

C’est donc pour marquer à sa façon cet événement que le président de l’UNDD, Me Hermann Yaméogo, a choisi la ville de Sya pour donner une conférence sur le thème "La crise de la démocratie en Afrique : les causes et les remèdes". Le chantre du "tékré" bâtira son argumentaire sur le constat fait par l’Union africaine sur l’échec de la démocratie sur le continent du fait du charcutage des Constitutions. Une occasion donc pour lui d’évoquer la Charte africaine de la démocratie, qui sera bientôt soumise aux chefs d’Etat avant sa ratification par les Parlements.


"Il faut supprimer la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et revenir au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD)".

Cher Wambi, tu ne me feras pas l’injure de croire que ce vœu vient de ton oncle. Hélas, mille fois hélas, c’est un vœu, bruyamment exprimé, de la Convention des forces républicaines (CFR), qui a tenu ses journées parlementaires le week-end dernier.

Que cela vienne d’ailleurs n’étonnerait personne. Mais de partis membres de la mouvance présidentielle, ça ne peut qu’intriguer plus d’un. En tout, ils sont nombreux qui y voient la main du mégaparti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Mais que peuvent-ils bien nous réserver, ces gens-là ?

Pour qui se rappelle les combats menés aussi bien par la classe politique que par la société civile pour l’aboutissement de cette CENI consensuelle, cette sortie de la CFR sonne comme un oxymoron Qu’on ne soit donc pas surpris qu’un jour ou l’autre ces ouvriers de la 25e heure en viennent à remettre en cause le bulletin unique. Mais savent-ils seulement que le Burkina Faso préside aux destinées de l’Association des autorités électorales africaines (AAEA) ? Vraiment dommage, cher cousin !


Grande ferveur à la fois familiale, populaire et politique en perspective le samedi 12 août prochain à Ouarkoye, dans le Mouhoun et pour cause. Ce samedi de l’an de grâce 2006, Ouarkoye se souviendra d’un de ses illustres fils, arraché prématurément à son affection, à celle de tout notre pays et à celle de la Volta entière. Ce jour-là, en effet, Ouarkoye commémorera le 30e anniversaire du décès de Youmani Charles Tamini qui s’est éteint le 7 août 1976 à l’âge de 38 ans.

Trente-huit ans bien remplis, si on peut parler ainsi au regard des hautes fonctions qu’il a eu à assumer : professeur d’histoire-géographie, proviseur des deux plus grands lycées du pays, Zinda et Ouezzin, et également par deux fois ministre de l’Education nationale (janvier 1965 - janvier 1966 - février 1971 - février 1974).

Malgré de tels états de service, on a toujours déploré sa perte comme celle d’un homme qui s’en est allé sans avoir épuisé son carquois, tant sa région et son pays avaient à attendre et à espérer de lui. Secrétaire politique de l’UDV/RDA, son exemple a inspiré en son temps les jeunes de ce parti qui s’en étaient allés faire serment sur sa tombe pour un renouvellement du parti de l’Eléphant.

Ce fut ce qu’on appela en son temps le G12, dont quelques-uns des membres sont Paul Bouda, Paul Ismaël Ouédraogo, Ignace Kalmogo, Georges Sanogo. Pour en revenir à la commémoration à proprement parler, sache qu’elle débutera le 12 août à 10h00 par une messe anniversaire, suivie bien sûr de la bénédiction de la tombe, puis d’un rituel civil et traditionnel dont je n’avais pas tous les contours au moment où je traçais ces lignes.

Sache enfin que celui dont on commémore le 30e anniversaire du décès n’est autre que l’époux de premier lit de Pascaline Tamini, notre actuel ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. J’imagine déjà le monde des grands jours qui se déportera à Ouarkoye pour rendre hommage à l’illustre disparu. Alors, cher cousin, si tu tiens à être de la partie, ce n’est pas encore tard.


Mais en attendant, voyons ensemble ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- Ils ne sont pas nombreux de nos jours qui ont cette grâce de célébrer leur jubilé d’or de mariage. C’est pourquoi M. Charles Bila Kaboré, qu’on ne présente plus, fait partie des bienheureux. Lui, ancien haut commis de l’Etat burkinabè et... père de Roch Marc Christian Kaboré, qu’on ne présente plus également.

Le 11 août 2006 marquera, en effet, le cinquantenaire de son mariage et l’événement sera célébré par une messe d’action de grâce officiée par Mgr Thomas Kaboré, l’évêque du diocèse de Kaya, en l’église du Sacré-Cœur de Dapoya. Mgr Kaboré est, en effet, un témoin privilégié de la bénédiction nuptiale de la date historique du 11 août 1956 puisque, en son temps, enfant de chœur.


- Après le succès de la première édition du Bal de fin d’année (BFA), l’Amicale des anciens du Zinda (promotion 1969-1976) rééditera l’exploit ce samedi 5 août dans la salle climatisée du SIAO. Une manifestation qui, certainement, drainera bien de sommités de notre pays qui y ont fait les bancs dont le parrain, Paramanga Ernest Yonli, le premier ministre. Et quand on sait qu’une grande partie des recettes de ce bal servira à venir en aide aux élèves du Zinda, il y a de quoi être des premiers au SIAO ce samedi.


- Le dernier conseil des ministres a effectué un vaste mouvement de secrétaires généraux de régions ; de hauts-commissaires ; de secrétaires généraux des provinces ; et de préfets, entre autres. Bien sûr, nombreux sont ceux d’entre eux qui reçoivent actuellement des félicitations, mais tout aussi nombreux sont ceux-là aussi dont les populations et les militants regrettent déjà le départ.

Est de ceux là Maxime Bandaogo, haut-commissaire du Passoré, muté à la Kompienga. Pour le travail abattu dans cette province des plus difficiles, les populations comprennent difficilement son affectation. Mais quand on se rappelle qu’avant le Passoré, Maxime Bandaogo avait été haut-commissaire du Houet, du Boulkiemdé et du Sanmatenga, on se convainc qu’il est seulement appelé à un autre poste de combat.


- Qu’est-il arrivé à Mohamed Barka ? Le sus-nommé est, en effet, Malien d’origine marocaine qui travaillait sur un chantier de construction à Ouaga 2000. Perdu de vue depuis le dimanche 30 juillet 2006 dans la soirée, c’est seulement le mardi dernier, qu’il fut découvert mort dans sa chambre à la Patte d’oie. Une mort bien mystérieuse qui suscite depuis des interrogations.


- Depuis plus de deux semaines, Tsahal, l’armée israëlienne, bombarde le Liban pour "écraser le Hezbollah". Ponts, magasins, services publics sont pris sous les feux nourris des soldats d’Amir Peretz, le ministre de la Défense. Mais il n’y a pas que les Libanais résidant au pays des cèdres qui payent un lourd tribut à cette sale guerre.

La diaspora libanaise ressent dans sa chair cette tragédie. Ainsi en est-il de Khalil Jawad, qui travaille depuis des années au Burkina (à Burkina pas cher) et qui a perdu 10 membres de sa famille qui vivait à Haris, au sud du Liban : il s’agit de sa mère, de ses 3 frères, de sa sœur, de ses grands-parents et de sa tante. La communauté libanaise s’est rendue au domicile de l’intéressé pour lui présenter ses condoléances.


- C’est connu de tous, il faut toujours prendre très au sérieux les menaces de militaires. En tout cas, il est un sergent-chef des Forces armées burkinabè qui menace de "réagir par le feu, le mouvement et par le choc", si la demande de divorce d’avec son épouse, qu’il a déposée au palais de justice de Ouagadougou n’aboutissait pas. Nous n’en dirons pas plus, puisque la loi est stricte sur les questions de mœurs.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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