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<I>Une lettre pour Laye </I> : Où sont passés les avocats de Marcel

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 10h53min

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Cher Wambi,

Finies maintenant les incessantes récriminations, les pluies sont bien au rendez-vous de la campagne agricole, comme peuvent en témoigner les relevés de la semaine du 20 au 26 juillet 2006 que je porte à ta connaissance. Une fois encore, grand merci à la Représentation de l’ASECNA au Burkina Faso qui nous permet de suivre l’évolution pluviométrique de la saison.

Ainsi donc on a enregistré à : Dori : 34,1 mm ; Ouahigouya : 69,8 mm ; Ouagadougou-aéro : 87,6 mm ; Dédougou : 32,2 mm ; Fada N’Gourma : 72,7 mm ; Bobo-Dioulasso : 48,3 mm ; Boromo : 82,6 mm ; Pô : 73,3 mm ; Gaoua : 43,0 mm ; Bogandé : 35,2 mm. Et ça recommence à bouger ! Ça n’a pas la même envergure qu’en 1998, mais c’est une désapprobation presque générale qui a accueilli le non-lieu prononcé en faveur de l’adjudant Marcel Kafando, la semaine écoulée, dans l’affaire Norbert Zongo.


Avocats de la partie civile et partis d’opposition multiplient les protestations et les dénonciations pour réitérer l’absolue nécessité de mener l’enquête à son terme afin de savoir dans quelle assiette l’ancien directeur de publication de l’Indépendant a été mangé, qui a donné l’ordre de le faire, et qui l’a fait. Pendant ce temps, du côté des avocats de Marcel Kafando, c’est un silence radio qui est observé depuis une semaine.

Pourquoi ne vont-ils pas, eux aussi, au charbon, en donnant leur lecture de l’ordonnance aujourd’hui querellée à la presse nationale et internationale qui n’en demandait pas mieux ? Ne veulent-ils pas se mouiller ? En tout cas, cher cousin, je me suis surpris à constater que c’est plutôt Issaka Lingani et son canard, l’Opinion, qui font le boulot à leur place.
Mais qui sait, peut-être nous réservent-ils une surprise !

En attendant, c’est Koudougou, la capitale du Boulkiemdé, la cité qui a vu naître Norbert Zongo, qui sera sous les feux de l’actualité le dimanche 30 juillet, et pour cause. Partis politiques et défenseurs des droits humains s’inviteront, en effet, à partir de 8h00 au Théâtre populaire de ladite ville pour un meeting, suivi d’une marche de protestation contre ce qu’ils qualifient d’acte "inique qui cache mal les intentions d’enterrer définitivement l’affaire". Folle journée en perspective ? Je ne saurais y répondre.


Restons dans ce chapitre pour dire, cher cousin, qu’une délégation de l’Association des magistrats à la retraite, au nombre desquels Yatassaye Amadou et Joseph Kéré, a été reçue hier à leur demande par le procureur du Faso. Ces anciens sont revenus à la maison, dit-on, pour s’informer à la source des tenants et des aboutissants de cette ténébreuse affaire. Après avoir échangé avec ses visiteurs du jeudi matin, le procureur leur a remis un exemplaire de son réquisitoire définitif de non-lieu qu’il a transmis au juge d’instruction Wenceslas Ilboudo le 13 juillet 2006. Il aurait tout aussi bien pu faire, semble-t-il, une réquisition aux fins de plus simple informé, mais il n’a pas jugé utile de le faire après la rétractation de l’unique témoin à charge, Jean-Racine Yaméogo.

Mais le magistrat instructeur, qui a signé l’ordonnance de non-lieu le 18 juillet, n’était pas non plus obligé de suivre le parquet. S’il l’a donc fait, c’est qu’il était sur la même longueur d’onde que le procureur. En fait, cher cousin, au-delà des arguments techniques qu’on invoque pour justifier cette décision de justice et les combines politiciennes que d’aucuns suspectent sérieusement, je me suis laissé dire que le facteur humain a pu jouer grandement dans cette nouvelle donne judiciaire.

Voilà en effet un jeune magistrat, qui venait à peine de franchir la trentaine, et à qui on confie un dossier de ce genre. Et exclusivement, puisqu’il ne devait s’occuper que de ça. Et voilà 8 ans qu’il traîne cette affaire, pour ne pas dire ce boulet, sans avancer véritablement. N’en avait-il pas la volonté ? Etait-il impuissant ? Etait-il tenu en laisse même si, théoriquement, le juge d’instruction est indépendant ? Je ne saurais le dire.

Une chose est sûre, 8 ans c’est long, et Wens peut avoir éprouvé un sentiment de lassitude. Il peut avoir pensé à sa carrière qui est encore bien longue devant lui et de ce fait décidé de jeter l’éponge, surtout si, à son âme et conscience, les faits dont ils disposent ne lui permettaient pas de maintenir l’inculpation de Marcel Kafando.

Ce facteur humain a pu être déterminant et qui sait si le magistrat instructeur, qui n’a pas envie de passer toute sa vie sur cette affaire, n’a pas envie de faire autre chose. Lâcheté ? Couardise ? On peut toujours en dire ce qu’on veut.

Mais au fait où en est le dossier présentement puisque les avocats de la partie civile ont fait appel dans les 6 jours qui suivaient l’ordonnance de non-lieu en vertu de l’article 186, alinéa 186 du Code de procédure pénale ? Il me revient que, comme il se doit, le juge d’instruction a saisi le procureur du Faso qui a ensuite transmis le dossier le mardi 25 juillet au procureur général (P.G.), lequel a dix jours pour saisir la Chambre d’accusation. La question se pose maintenant de savoir si celle-ci peut dire autre chose que ce que le parquet et le cabinet d’instruction ont décidé. Dans ce cas, l’instruction reprendrait son cours, avec le même juge ou alors un autre prendra la relève.

Le cas échéant, ce sera le dépôt de la procédure au greffe du tribunal de grande instance de Ouagadougou "pour être reprise en cas de survenance de charges nouvelles". Mais comme c’est le ministère public qui, seul, apprécie l’importance de ces "charges nouvelles" et donc l’opportunité de rouvrir le dossier ou pas et que également le Parquet a des relations hiérarchiques directes avec la chancellerie, autrement dit avec le ministre de la Justice, on n’est pas près de voir ce dossier brûlant appelé à la barre.


Cher Wambi, en fin mars 2006, celui que je ne te présente plus, Me Halidou Ouédraogo, président du MBDHP et de l’UIDH, était évacué en France suite à une attaque cérébrale. Admis dans un premier temps à l’hôpital américain de Neuilly (France) puis transféré à la Clinique Mirabeau, le "président du pays réel" a suivi une longue rééducation dans un centre spécialisé à Lyon. Après cette piqûre de rappel, sache qu’une source très proche de l’illustre malade m’informe du retour de celui-ci ce lundi 31 juillet dans la nuit. Déjà, l’Amicale pour le soutien à Halidou Ouédraogo (ASHO), qui avait multiplié les initiatives en sa faveur, s’active pour lui réserver un accueil chaleureux.


Tu te rappelles, cher cousin, il n’y a pas si longtemps, je te parlais d’une proposition de loi portant institution d’une pension de retraite des députés. L’idée fait toujours son chemin et, mieux, le Groupe de travail installé à cet effet le 15 juin 2006 a tiré ses conclusions le 29 juin dernier, par l’envoi de son rapport au président de l’Assemblée nationale. D’emblée, je dois te dire que le Groupe de travail en question était ainsi composé de :
- Président : Bernard T. Nabaré, député ;
- Vice-président : Théodore D. Sawadogo, député ;
- Rapporteur général : Fidèle Toé, député ;
- Rapporteur général adjoint : Somlassida Ramdé, ABAP ;
- Membres : Théodule Houonne Da, Béli Etienne Gué, Bangré Lévis Ouédraogo, Ousséni Tamboura.

A ce qu’on dit, cher cousin, Bernard T. Nabaré et son équipe n’ont pu bénéficier de l’appui sollicité du juriste et du cadre, des services financiers et comptables pour éclairer leur lanterne. Si bien qu’ils ont dû s’inspirer du projet de proposition de loi du Parlement burkinabè de 2001, ainsi que des lois malienne, nigérienne, sénégalaise, gabonaise, française, canadienne et belge relatives à la retraite des députés. En tous les cas, à l’issue des quinze jours de délibérations, ils ont formulé des recommandations dont je te propose ci-après la teneur :

- qu’il soit autorisé une mission d’information auprès des Parlements qui ont une expérience dans l’institution d’un régime de pension de retraite des députés, à savoir le Sénégal, le Mali et le Niger en vue de s’inspirer des processus qui ont permis l’adoption des textes en la matière et leur mise en œuvre ;
- que l’Assemblée nationale dégage les moyens nécessaires pour permettre d’effectuer dans les meilleurs délais le recensement de tous les bénéficiaires de la pension de retraite des députés ;
- que les fonds pour la Constitution du droit à pension de retraite parlementaire soient intégrés dans le projet de budget de l’Assemblée nationale, gestion 2007.

Sûrement, cher cousin, tu te demanderas comment est-ce que la pension des élus sera calculée. Eh bien, le Groupe de travail a fait les simulations suivantes, sur la base de l’indemnité permanente du député burkinabè, soit 400 000 FCFA.

1) Taux d’annuité retenu, hypothèse d’annuité 3%

Retraite proportionnelle, soit cinq ans de cotisations :
- Pension annuelle : 720 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 180 000 FCFA
- Pension mensuelle : 60 000 FCFA

Retraite complète, soit dix ans de cotisations :
- Pension annuelle : 1 440 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 360 000 FCFA
- Pension mensuelle : 120 000 FCFA

2) Au cas où le taux d’annuité serait de 4%

Retraite proportionnelle soit 5 ans de cotisations :
- Pension annuelle : 960 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 240 000 FCFA
- Pension mensuelle : 80 000 FCFA

Retraite complète, soit dix ans de cotisations :
- Pension annuelle : 1 920 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 480 000 FCFA
- Pension mensuelle : 160 000 FCFA

3) Si le taux d’annuité retenu est de 8% comme au Mali, on aura.

Retraite proportionnelle, soit cinq ans de cotisations
- Pension annuelle :1 920 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 480 000 FCFA
- Pension mensuelle :160 000 FCFA

Retraite complète, soit dix ans de cotisations
- Pension annuelle : 3 840 000 FCFA
- Pension trimestrielle : 960 000 FCFA
- Pension mensuelle : 320 000 FCFA.

Comme je l’ai signalé haut, cher cousin, ce ne sont encore que des simulations, mais il n’y a pas de doute que le débat qui se mènera autour de ce projet sera des plus houleux dans les cabarets. En tout cas, s’il est adopté, c’est certainement ceux des élus qui auront fait carrière à l’Assemblée qui se la couleront douce. Pour ma part, j’évite de citer des noms, de peur d’en oublier.


Saboteur à la pêche sur la lagune Ebrié ! Toutes mes excuses à toi et à tous les parents du village, cher Wambi, que j’ai fait languir dans ma dernière lettre, par cette révélation inachevée. Après avoir battu ma coulpe, je m’en vais te dire que Drissa Traoré "Saboteur", le coach des Etalons seniors, a séjourné effectivement en Côte d’Ivoire du 14 au 18 juillet derniers. Tu devines aisément pourquoi. Nos Etalons doivent impérativement renouer avec la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN 2008) et, après son retour à la tête de la sélection nationale, Saboteur voit le défi à sa porte.

En tout cas, de sources dignes de toi, de son séjour sur les bords de la lagune Ebrié, il serait revenu avec cinq (5) oiseaux rares, des Burkinabè de Côte d’Ivoire qui entendent défendre les couleurs de la patrie. Ils s’entraineraient actuellement au COMET (Ouaga 2000), avec les locaux présélectionnés, en attendant la vague des professionnels évoluant en Europe notamment.

Quant aux Etalons juniors, ils séjournent actuellement à Niamey où ils livreront samedi un match amical contre le Mèna du Niger, dans la perspective des éliminatoires de la CAN de leur catégorie. Le 5 août prochain, en effet, ils joueront le premier match qualificatif à Ouagadougou contre l’équipe junior de la République démocratique du Congo (RDC). On m’apprend que pour ce faire, du renfort est venu d’Italie afin d’optimiser nos chances. Ne sois donc pas étonné de voir évoluer au sein des Etalons juniors Jacques Wekouri. C’est un des nôtres qui monnaie ses talents à Citadela en série C du championnat italien.


C’est sur cette note d’espoir que je t’invite à présent à honorer le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Depuis son divorce d’avec l’ADF/RDA de Me Gilbert N. Ouédraogo, on se demandait bien dans quel groupe parlementaire atterrirait maintenant le député Cyril Goungounga. Eh bien, depuis le milieu de la semaine écoulée, celui-là qui vient de ressusciter son PARIS, se serait inscrit au Groupe parlementaire CFR (Convention des forces républicaines) battant pavillon mouvance présidentielle.


- Ce week-end encore, bien de maires de nos communes rurales et urbaines seront installés dans leurs nouvelles fonctions. Il en sera ainsi le dimanche 30 juillet 2006 pour :
- Talato Bernard Bouda, maire de Gogo (province du Zoundwéogo) qui sera installé à partir de 10 h 00 dans la cour de l’école Centre A de ladite commune ;
- Xavier T. Nana, maire de Doulougou, province du Bazèga, qui recevra son écharpe à partir de 15h00 ;
- Jean Sambo Sawadogo, maire de Boulsa, capitale du Namentenga, qui sera installé à partir de 9h00.


Juge ou partie ? C’est la question que des citoyens écœurés du département de Mansila, dans le Yagha, adressent à leur préfet, qui aurait giflé un paysan. Tout serait parti d’un différend opposant les sieurs Hama Ada et Boubacar Oumarou au sujet d’un champ. Au cours de l’année 2005, le tribunal départemental, après confrontation, décidait que ledit champ appartenait à Hama Ada, avec possibilité de recours pour Boubacar Oumarou en cas de non-satisfaction.

Néanmoins, étant donné l’imminence de la saison hivernale, le tribunal admit que Boubacar Oumarou continuerait d’exploiter le champ pour le restituer à la fin de la campagne à Hama Ada.

Ce dernier, qui ne l’entendait pas de cette oreille, se présenta au préfet muni du procès-verbal de jugement, pour lui manifester son souhait de défricher son champ tout de suite. Quelle ne fut pas sa surprise de s’entendre dire que malgré le procès-verbal il se devait de patienter ?

Hama Ada outrepassa l’injonction du préfet et engagea ses travaux. Informé, le préfet débarqua au champ, accompagné de bénévoles et d’un agent forestier, pour lui rendre la monnaie de son impertinence. Hama Ada aurait été tabassé et jeté dans une prison de fortune. Ce pourquoi les populations grognent à l’idée que c’est celui-là même qui est censé jouer au pompier qui met le feu aux poudres.


Demain matin à partir de 8 heures, deux dignes fils du Burkina Faso, aujourd’hui disparus, seront honorés par la municipalité de Ouagadougou. Il s’agit de Bougourawa Amadé Ouédraogo, homme politique décédé le 26 juillet 2005 et d’El hadj Sékou Tall, véritable bibliothèque de son vivant, mort en 1998. En effet, dès demain des rues seront baptisées des noms de ces deux personnalités. Le premier aura sa "rue" à Ouaga 2000 et le second la sienne à Samandin (secteur 7) de la capitale.


Attention ! De faux diplômes circulent à Ouagadougou. En effet, depuis 2004, deux Nigérians, en complicité avec une jeune fille, actuellement mère d’un bébé de deux mois, établiraient de faux diplômes du BEPC et du BAC qu’ils revendent sur le marché, respectivement à 150 000 et 200 000 FCFA. Chacun jouant un rôle précis : la demoiselle scanne le document, et un autre est chargé de trouver des clients. Le système fonctionnait à merveille jusqu’à ce que la Brigade de recherche (BR) du commissariat central de police de Ouagadougou parvienne à mettre la main sur la jeune fille. Quant aux deux maîtres d’œuvre, ils courent toujours.


Un autre délinquant, Mady Sankara qu’il s’appelle, est également tombé dans les filets de la police. Bandit transnational basé à Hamélé, à la frontière ghanéenne du côté de Léo, il était récemment à Ouagadougou où il aurait cambriolé une boutique et emporté plus d’un million de francs CFA et 84 portables haut de gamme. La BR serait allée l’arrêter à Hamélé et aurait retrouvé plus de 60% des biens volés, qui ont été remis aux victimes.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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