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Reprise des municipales à Tanghin-Dassouri : Où sont passés les délégués de partis ?

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h20min

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14 723 électeurs inscrits. 13 partis politiques en compétition. 58 postes de conseillers à pourvoir. 41 bureaux de vote établis dans 29 villages. La commune rurale de Tanghin-Dassouri, située dans la province du Kadiogo, est en gestation.

Hier, 9 juillet, les élections municipales ont été reprises dans cette localité. Pas d’affluence, pas de heurts. Mais plusieurs délégués de partis ont boudé la surveillance du scrutin.

Bureau de vote n°1, village de Dazankièma. Azèta Ouédraogo, 40 ans environ, assise toute seule sur un banc, regarde défiler les électeurs. Elle observe aussi minutieusement le travail du président du bureau et de son équipe. Cette femme, déléguée du CDP, dit être là par conviction. « C’est un acte fort de notre processus démocratique, et il faut que nous en soyons témoins pour éviter les dérives », dit-elle, le visage rayonnant. Mais dans ce bureau de vote, il n’y a aucun autre représentant de parti politique. « Je ne sais pas pourquoi ils ne sont pas venus.

Chaque parti doit prendre ses responsabilités. Le CDP ne peut pas obliger les autres à être présents ». Le président du bureau de vote, Jean-Pierre Bambara, décortique la situation : « C’est un problème d’argent. Chaque parti doit prendre en charge ses représentants. Certains délégués de partis n’ont pas été payés lors des municipales du 23 avril dernier. Je sais de quoi je parle ; nous étions, à l’époque, dans le même bureau de vote.

Cette fois, ils ont décidé de ne pas venir. » L’un des délégués, rencontré au marché de Tanghin-Dassouri, le confirme : « On ne fait pas la démocratie le ventre vide. » Pas d’autres commentaires. Il met rapidement fin à la conversation et s’évertue à convaincre un client venu acheter du mil et des arachides. Plusieurs autres habitants de la localité ont préféré d’abord assurer leur pitance quotidienne avant d’aller voter.

Mounata Zongo et Aminata Rouamba avaient voulu aller accomplir leur devoir de citoyennes après le marché. « Mais dans la précipitation, nous avons oublié nos cartes d’identité à la maison. On a voulu venir vite, très vite, pour ne pas rater les premiers clients. » Elles rassurent cependant : « Nous allons tout faire pour aller voter. » Ousséni Ouédraogo, vendeur de chaussures, attend, lui aussi, que le marché désemplisse avant de faire son choix électoral.

Mais Bibata Yalkougdou, elle, n’aura pas cette chance : « Je me suis inscrite mais je n’ai pas eu de carte d’électeur », se lamente-t-elle presque. Puis, prenant à témoin son fils, elle déclare : « J’étais gravement malade ; j’ai demandé à mon enfant d’aller récupérer ma carte d’électeur. Il est allé plusieurs fois, mais on lui a dit que ce n’était pas encore établi. J’ai pourtant tellement envie de voter... » Mais très vite, elle se console : « Ce n’est pas grave ; la prochaine fois, je ferai tout pour ne pas être mise à l’écart. Je compte sur la bonne fois des politiciens qui seront élus. »

"Pas d’affluence"

Salif Tapsoba, lui, a marre de la politique : « Ils nous cassent les tympans ! Depuis 1991, on les élit, ils s’agrippent au pouvoir, mais ils sont incapables d’améliorer nos conditions de vie. Ils ne pensent qu’à leurs intérêts personnels. » Mais Emilie Ribière et Virginie Robin, deux sages-femmes françaises, de passage à Tanghin-Dassouri, ne sont pas de cet avis : « On ne peut pas vouloir la démocratie en un coup de bâton magique. C’est un processus. Le fait de reprendre ces élections à cause des fraudes est un bon signe. Ça signifie qu’on veut rester juste, qu’on recherche la transparence. » Audrey Curinga, Jean-Philippe Collard et Sidonie Lallogo, leurs compagnons, approuvent d’un signe de tête.

La présidente du bureau de vote n°1 du village de Itaoua, Simone Oho Kambou, est, elle aussi, fière de l’opération. « Le premier lot d’électeurs est venu tôt le matin, juste après l’ouverture du bureau de vote à 6h. » L’affluence a ensuite baissé. Mais nous sommes confiants ; ils vont certainement venir après la messe et après avoir fini de gérer leurs urgences au marché ».

Ici, 542 électeurs répondent pour l’acte 2 des municipales. Mais là aussi, plusieurs délégués de partis sont inscrits aux abonnés absents. Seuls le CDP et la CNDP sont représentés. Au bureau n° 2 du village de Wèguèlga, 4 partis sur 13 ont répondu présents : l’ADF/RDA, l’UNIR/MS, le RPP/Gwasigui et le CDP. Sur la liste des inscrits, on dénombre 513 électeurs. Mais hier, à la mi-journée, ils n’étaient pas nombreux à avoir voté.

Cependant, « il n’y a eu aucun incident ; les choses se passent normalement », tient à rassurer le vice-président de la Commission électorale départementale indépendante (CEDI), Antoine Ouédraogo. Le président de la CEPI du Kadiogo, Moussa Kaboré, après avoir visité plusieurs bureaux de vote, est formel : « Nous n’avons pas constaté d’irrégularité. Le problème, c’est le manque d’affluence, mais ça doit pouvoir se régler d’ici la fermeture des bureaux. »

Très peu d’observateurs ont été de la partie. Le Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS) était là. On a aussi entendu parler du MBDHP, mais nous n’avons pas pu en rencontrer les membres. Des représentants de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique ont également sillonné les bureaux de vote. Reste à savoir les résultats. Hier, au moment où nous bouclions cette édition, ils n’étaient pas encore disponibles.


Les partis en compétition

CDP, MTP, ADF/RDA, UNIR/MS, UFDD, PNP, UPD, RPP/G, ADDP, RDF, UPR, UNDD, CNDP.


Pourquoi on a repris le scrutin...

« Aux municipales du 23 avril, les listes des anciens villages et ceux nouvellement créés avaient été doublées. Cela pouvait, naturellement, entraîner des fraudes. Il fallait donc que la CENI revoie sa copie. C’est chose faite. Cette fois, il n’y a pas de problème. Ça se passe bien, très bien. » Parole du vice-président de la Commission départementale indépendante (CEDI), Antoine Ouédraogo.

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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