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Affrontements entre populations frontalières : les ministres malien et burkinabè prônent la réconciliation

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h09min

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De la rencontre des ministres de l’Administration territoriale du Mali et du Burkina sur le terrain-théâtre des affrontements meurtriers récents, est issu un communiqué conjoint, espoir pour la restauration d’un climat de paix et de concorde entre les populations frontalières.

Les affrontements violents intervenus les 30 juin et 1er juillet 2006 entre les populations frontalières du Mali et du Burkina Faso au sujet de l’exploitation de terres agricoles a fait neuf morts du côté burkinabè et des blessés graves du côté malien, ainsi que de nombreux dégâts, ont amené le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Clément P. Sawadogo à effectuer le samedi 8 juillet 2006 un déplacement à Ouoronkuy (Burkina Faso) et à Wanian (République du Mali) pour rencontrer son homologue malien, le général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales.

Cette rencontre au niveau ministériel visait à sensibiliser et réconcilier des populations des villages concernés.

En prélude à cette réconciliation, le ministre Clément P. Sawadogo, accompagné d’une délégation, a rendu une visite de courtoisie aux notables et parents des victimes de Ouoronkuy pour présenter les condoléances et exprimer la compassion du Président du Faso et de l’ensemble du gouvernement burkinabè.

Des échanges qui ont suivi, il a été donné l’occasion aux notables d’évoquer leurs préoccupations de l’heure : « la peur et la crainte subsistent, certes, toujours au sein des populations », a dit le sage Thomas Kiénou, porte-parole des notabilités de Ouoronkuy, mais l’espoir demeure. Nous demandons à notre gouvernement, de poursuivre des efforts soutenus pour garantir la sécurité des populations frontalières, ainsi que la sécurité de leurs biens », a-t-il dit. Pour éviter de tels événements malheureux à l’avenir, les notables ont invité le gouvernement à orienter leurs actions et à matérialiser les limites entre les deux pays à savoir le Burkina Faso et le Mali. Après avoir respecté cette tradition de courtoisie, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a accueilli à Ouoronkuy son homologue malien qui, également, était accompagné d’une forte délégation ministérielle.

A Ouoronkuy comme à Wanian, les deux ministres qui se sont succédé au cours des meetings, ont déploré les événements malheureux survenus entre les populations des deux localités. Ils ont exprimé leur compassion aux familles éplorées tout en souhaitant prompt rétablissement aux blessés.

Les deux ministres ont ensuite rappelé les liens séculaires qui unissent les deux pays et l’excellence des relations entre les deux chefs d’Etat, leurs Excellences Messieurs Blaise Compaoré du Burkina Faso et Amadou Toumani Touré du Mali, ainsi que leurs gouvernements. En présence des populations fortement mobilisées pour la circonstance, les deux ministres ont insisté sur l’adhésion des deux pays frères au processus d’intégration en cours et leur appartenance aux mêmes organisations sous régionales et régionales.

Ils ont par ailleurs réitéré que la nécessité de gérer les problèmes de frontière par le dialogue et la concertation conformément aux accords liant les deux pays en la matière. Ensemble, ils ont exhorté les populations à se surpasser et à renoncer à tout recours à la violence dans la résolution des différends entre elles.

Pour rassurer les uns et les autres, les deux ministres ont indiqué qu’il n’existe officiellement aucun problème de frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Sur les 1 286 km de frontière que partagent les deux pays, 600 km ont déjà été bornés et de commun accord les travaux de bornage se poursuivront par la matérialisation d’une distance de 200 km de frontière chaque année. En somme, un sursaut particulier a été demandé à toutes les populations frontalières pour oublier à jamais ces derniers événements malheureux.

Dorénavant, elles devront toutes, à l’avenir, faire confiance aux autorités compétentes en charge de résoudre au mieux tous les problèmes liés à leur existence, notamment la pauvreté et la misère.

De retour de Wanian, la délégation burkinabè a marqué un arrêt à Ouoronkuy pour expliquer davantage la teneur du communiqué conjoint aux populations. C’est au cours de ces échanges que les notables de Ouoronkuy ont demandé au ministre de s’investir personnellement afin que les biens enlevés par les ravisseurs soient restitués aux propriétaires dans de meilleurs délais.

A Ouoronkuy, la délégation ministérielle a procédé à la remise des produits d’aide d’urgence de l’Etat burkinabè aux victimes et ce, en fonction de la taille de leur famille. Cette aide gérée sur place par le service provincial de l’Action sociale et de la Solidarité nationale de la Kossi était composée de 15 tonnes de céréales, 5 tonnes de riz, 100 nattes, 100 couvertures, 10 cartons de savon, 60 sceaux et 5 ballots de friperie. Au regard de l’importance des pertes de produits vivriers occasionnées par la mise à feu de dix-huit (18) greniers à céréales répertoriés, le ministre Clément P. Sawadogo a annoncé aux populations d’autres aides alimentaires suivant l’évaluation des besoins faits par les services compétents.

Daouda KONATE, Envoyé spécial
AIB/Nouna


Communiqué conjoint

Un communiqué conjoint à effet immédiat visant à rétablir la confiance et d’assurer la quiétude sociale au sein des populations à la frontière a sanctionné la journée de travail des deux ministres à Wanian (Mali).

Ce communiqué instaure de commun accord les mesures d’urgence suivantes :

1. prendre des dispositions nécessaires pour protéger les personnes et des biens dans les deux localités et empêcher toute velléité nouvelle de trouble ;

2. instruire les autorités administratives frontalières à tenir des rencontres périodiques fréquentes afin de prévenir ou de résoudre les différends. A cet effet, les deux gouverneurs de Dédougou et de Ségou ont été instruits à se rencontrer dans la 2e quinzaine du mois de juillet 2006 ;

3. maintenir les exploitants sur leur champ de la saison écoulée jusqu’à ce que le bornage soit effectif ;

4. sensibiliser davantage les populations de la zone frontalière à la cohabitation pacifique ;

5. les deux délégations ont réaffirmé d’urgence de diligenter des enquêtes conjointes afin de situer les responsabilités et d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés du drame de Ouoronkuy et de Wanian.

Enfin, les deux ministres se sont félicités de l’engagement des deux délégations à œuvrer pour le renforcement de l’amitié et la fraternité existante entre les deux peuples burkinabè et maliens. Les deux délégations se sont réjouies de l’atmosphère empreinte de fraternité qui a caractérisé le déroulement de la rencontre.

Les deux ministres avant de se quitter ont chacun en ce qui le concerne instruit les autorités administratives locales et les services de sécurité de leur ressort à veiller à l’application immédiate et au respect strict de ces mesures.

Sidwaya

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