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Affrontements à la frontière Burkina-Mali : Les Burkinabè enregistrent leur 9e mort

Publié le jeudi 6 juillet 2006 à 08h13min

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Le 4 juin, le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, accompagné d’éléments de la sécurité et du haut- commissaire de la province de la Kossi, s’est rendu à Warakui, village frontalier du Mali qui a connu des affrontements les 30 juin et 1er juillet derniers (cf. notre édition du 5 juillet) entre Maliens et Burkinabè.

Objectif, rassurer les villageois et les inviter à la retenue. Ce sont des villageois gagnés par la psychose de l’insécurité qui ont échangé avec la délégation.

8 corps mutilés et criblés de plomb, 3 blessés dont 2 dans un état grave, 16 greniers et une charrette incendiés, 8 vélos et une charrette emportés, un cheval tué. C’est le triste bilan, côté burkinabè, des affrontements entre les populations de Warakui, dans le département de Djibasso, province de la Kossi, et Wannia, village de la commune rurale de Mafouné, à la frontière du Burkina et du Mali. Des blessés admis dans des formations sanitaires au Mali, 2 greniers incendiés et un vélo emporté. Ce sont les chiffres qui auraient été enregistrés, côté malien.

A l’origine de ces événements dramatiques, un problème foncier. Les populations de Warakui reprochent à celles de Wannia leur comportement expansioniste. Ces dernières grignoteraient petit à petit les terres agricoles au fil des années. Les terres à problème se trouvent en territoire malien, mais seraient des propriétés coutumières des ancêtres des habitants de Warakui, qui en auraient rétrocédé une partie aux populations de Wannia.

Ces dernières, qui ont débroussaillé une bonne partie de ces terres cette année, se seraient heurtées au refus de leurs frères et voisins de les laisser exploiter lesdits champs. S’en serait suivie une chasse à l’homme. Fusils de chasse calibre 12 et de fabrication locale, gourdins et autres machettes auraient été les armes utilisées par les différents belligérants. Les Burkinabè auraient pourchassé leurs adversaires jusqu’en territoire malien. Les Maliens, sans doute après un repli tactique, auraient répliqué violemment, et ce qui devait arriver arriva. Toutes les victimes ont été tuées en territoire malien.

Malheureusement, elles ont été amputées des bras. Ces parties auraient été enfouies dans un sac. Informées, les autorités burkinabè se sont déportées sur les lieux. Elles auraient refusé de prendre les corps sans les membres mutilés. C’est à ce moment que le sac contenant les mains a été vidé. Mais il y avait plus de mains que de victimes dénombrées. C’est sous la menace et le durcissement du ton que la 8e victime a été retrouvée. Un procès-verbal de remise des corps des victimes des affrontements a été établi le 1er juillet dernier.

Une 9e victime a été retrouvée le 4 juillet, la soif et la fatigue ayant sans doute eu raison d’elle. Elle serait tombée morte avec son fusil. Les populations de Warakui expliquent leur acte par le fait que les autorités refusent de prendre le problème, qui était latent, à bras le corps. Elles ont cependant pris l’engagement, devant le gouverneur de ne plus agir sans avoir avisé l’autorité. Le gouverneur, a invité les populations de Warakui qui se disent tenaillées par la psychose de l’insécurité à poursuivre leurs activités agricoles dans le calme.

Pour cela, des dispositions sécuritaires sont prises actuellement pour rassurer les populations tout le long de la frontière. Face à la situation, les deux Etats pourraient proposer un "no mans land" pendant une période de 5 à 10 ans, qui permettrait d’apaiser les cœurs, car les cas de Warakui et Wannia ne sont que la partie visible de l’iceberg.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

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