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Sanmatenga : Un héritage qui divise

Publié le mercredi 17 mai 2006 à 07h33min

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Kandé Yobi a assigné devant le Tribunal de grande instance de Kaya ses neveux Issaka et Boukaré pour abus de confiance portant sur 33 bœufs, 12 moutons et 13 chèvres. Le père de Yobi et à Issaka et Boukaré étaient des frères de sang. A la mort du père de Yobi, le père de Issaka prit Yobi sous sa coupe car il avait à peine six ans et demanda à sa mère de se trouver un mari.

Ce qui est certain, le père de Yobi a laissé du bétail à sa mort. A la mort du père de Boukaré, Yobi se trouva sous la coupe de ces derniers qui lui trouvèrent une épouse car il était devenu grand. Tous les trois vivaient dans la même concession et gardaient le bétail à tour de rôle. Il faut signaler qu’une partie du bétail se trouvait au Sud, en pays gourounsi. Un jour de marché de Korsimoro en 2003, Yobi attrapa un bélier pour ses besoins. Que nenni, lui dira Boukaré, car le bélier ne lui appartient pas. En outre, Yobi alla voir le chef coutumier peulh pour se plaindre parce que ses cousins le brimaient. Ainsi, Boukaré et Issaka furent convoqués.

Etant issus de la même famille, le responsable coutumier leur demandera de trouver quelque chose pour Yobi, ce qu’ils firent en lui remettant quatre génisses.

Néanmoins, après cet accrochage, la famille se scinda puisque Yobi alla se construire une concession. Après une randonnée infructueuse, sa mère le rejoignait pour s’occuper de ses petits-enfants, car Yobi avait maintenant quatre enfants. C’est à cet instant que Yobi alla se plaindre à la brigade territoriale de gendarmerie pour abus de confiance.

Le père de Yobi serait mort il y a plus de trente ans. Celui de Boukaré serait mort il y a une vingtaine d’années. Or, selon les Boukaré, avant la mort de leur père, il aurait remis à Yobi, 19 bœufs. Ce dernier les aurait vendus pour mener la belle vie. Appelée à la barre, la mère de Yobi ne put dire avec précision combien de têtes de bétail son époux avait laissé à sa mort. Pour les Boukaré, tout le bétail qu’ils détiennent, proviendrait de l’héritage laissé à leur mère par son père car elle était l’héritière unique. Ce que confirmera le chef peulh qui ajoutera que Yobi était venu lui dire que ses cousins lui avait donné quatre génisses.

Pour Yobi, il lui a dit qu’ils vont lui donner les génisses, mais les bêtes ne lui ont jamais été montrées. Alors pourquoi aller raconter au chef peulh et à ses témoins qui ont circulé à la barre qu’il a reçu quatre génisses.

Pourquoi attendre si longtemps après le décès du père de Boukaré pour réclamer sa part ? Pour Yobi, les vaches qu’il a et qui sont au nombre de sept ont été achetées avec les recettes obtenues de l’orpaillage. Alors combien de têtes de bétail réclame-t-il de nos jours ? Pour Yobi, il est le cadet et il prendra ce que les autres lui donneront car il a une famille à nourrir. Le 12 avril 2004, le Tribunal rejeté la plainte de Yobi Kandé et a relaxé Issaka Kandé et Boukaré Kandé pour infraction non constituée.


Drôle d’affaire

Kouka, habitant Belga, assignait Djenooma pour soustraction d’un coffret contenant 200 000 francs et menace de mort sur la personne de Mariam, son épouse. Un vrai polar américain. Djenooma est commerçant ou « tablier », si vous voulez. Son épouse vend du riz et Mariam l’épouse de Kouka l’aide dans cette tâche. Ainsi, Mariam lui fera des yeux doux, des avances qu’il refuserait. Selon lui, un soir, il croisa Mariam au bord de la voie qui attendait un camion pour rejoindre son village car elle s’était disputée avec son mari.

Comme il faisait tard, il l’hébergera chez lui et le lendemain il ira voir un de ses amis qui disposait d’une mobylette pour qu’il la dépose dans son village. Faux ! dira Mariam. Elle dormait dans la cour quand Djenooma est venu forcer la porte, fouiller la maison, mettre ses habits dans un sac et la contraindre à le suivre sous la menace d’un pistolet.

Pourquoi n’avoir pas crié et alerté les gens puisqu’il y avait des gens dans la concession. Elle avait peur pour sa vie et celle de son enfant. Pourtant, si Djenooma voulait attenter à sa vie, il avait tout le temps de le faire puisqu’ils se sont retrouvés en pleine brousse ensemble. Pour le mari Kouka, il possédait 200 000 francs qu’il gardait dans un coffre. Cette somme provenait selon lui des fruits de la vente de maïs qu’il avait cultivé à la Kompienga.

Pourtant à la gendarmerie, il aurait déclaré que cette somme venait du salaire qu’il percevait lorsqu’il travaillait avec un Libanais, coiffeur attitré du village et de ses environs. Il reconnaît avoir pris des lames à crédit avec Djenooma pour plus de deux mille francs, Allez-y comprendre quelque chose ? Djenooma a été renvoyé des faits de poursuite pour infraction non constituée car il est difficile de se rendre chez son rival pour le voler et séquestrer sa femme en la menaçant de mort.


75 000 francs et 8 mois pour un coup de sang

Il est de notoriété, que les producteurs de nos jours, sont agriculteurs et éleveurs.

Alors quand on voit les bêtes d’autrui brouter vos céréales, il y a de quoi élever la voix. Si le propriétaire des bêtes a le sang chaud et se sent plus fort, alors bonjour les dégâts. C’est ce qui est advenu entre Noufou et Tahirou qui sont du même village. Noufou a trouvé les bœufs de Tahirou dans son champ et est allé lui faire des remontrances. Ce qui n’a pas plu à Tahirou qui l’a invité à le suivre pour aller constater les faits.

En cours de route, il lui fera la fête et n’eût été la résistance de Noufou, il allait mourir. Aussi, le tribunal a condamné Tahirou à 8 mois de prison ferme et à 75 000 francs de dommages et intérêts à verser à Noufou pour coups et blessures.


Ils ont eu de la chance

Le Tribunal, ce jour, n’a pas eu la main lourde à l’encontre de Madi et Arouna. Pourtant, défaut de permis de conduire et refus d’obtempérer, voilà les faits à eux reprochés. Le 11 mars 2006, la brigade de gendarmerie de Tougouri, arrête le camion DAF conduit par Madi. Ce dernier était avec le chauffeur titulaire Arouna qui lui dira de ne pas s’arrêter. Une course-poursuite est engagé entre Tougouri et Boussouma où le camion sera immobilisé. Pour les occupants, ils ont cru que c’étaient des coupeurs de route car c’est vers ces lieux que ces individus opèrent souvent. Pourtant, les gendarmes étaient en tenue. Pour Arouna, il s’était blessé à Dori, voilà pourquoi il avait laissé le volant à Madi. Alors, c’est aussi que vous provoquez souvent les accidents, lui dira le procureur. Un mois assorti de sursis pour chacun, telle a été la sentence.

Jacques NONGUIERMA

Sidwaya

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