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<I>Une lettre pour Laye</I> : Avancement sans gombo

Publié le vendredi 7 avril 2006 à 08h49min

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Cher Wambi,

J’imagine qu’à Laye, comme à Simonville, les sages se posent des questions. Pourquoi, en effet, jusqu’en cette première semaine d’avril aucune goutte d’eau n’est tombée dans la région du Centre ? La pluie des mangues appartiendrait-elle désormais à la préhistoire ?

Alors que le ciel tarde à se manifester et que la chaleur s’écrase sur tous les êtres, les mangues, mûries malgré elles, ont déjà envahi nos différents yaars.

A la psychose de la grippe aviaire, déclarée au Faso depuis lundi dernier, s’est adjointe celle de la méningite. C’est impatiemment donc que les populations attendent ces premières pluies qui, espèrent-elles, viendraient balayer tous les virus et raffraîchir la cité. Point de doute que le Dieu de nos ancêtres saura exaucer ce vœu pieux.


En attendant, cher cousin, la campagne en prélude au scrutin municipal du 23 avril est lancée, comme tu le sais sans doute, depuis le week-end dernier. Un non-événement ? C’est, en tout cas, ce que nombre d’électeurs potentiels en concluent au regard de la morosité de cette première semaine de marketing politique. S’il est vrai que nombre de partis ont choisi de privilégier la campagne de proximité au détriment des grands meetings, il s’avère aussi que les moyens ne suivent pas.

Contrairement à la présidentielle où l’on a vu un déploiement de sommes faramineuses pour convaincre, cette fois-ci, il n’y a pratiquement rien à se mettre sous la dent. Question d’enjeu ? Peut-être. Mais sache, cher cousin, que pour ces consultations locales, l’Etat a encore subventionné les partis en lice à hauteur de 200 millions de nos francs CFA. Subvention répartie entre les partis et/ou formations politiques, au prorata du nombre de candidats présentés par chaque parti ou formation politique aux élections municipales.

Quand on sait qu’au départ de cette course sont alignés 73 partis, l’on s’aperçoit vite que chacun devra puiser dans ses fonds propres pour espérer atteindre la ligne d’arrivée. Pour t’en donner un bref aperçu, si le CDP s’en est tiré avec 44 millions, l’ADF-RDA 33 millions, le PDP/PS 12 millions, l’UNDD 11 millions, d’autres devront se contenter du menu fretin. A titre d’exemple, l’UNDP a reçu 79 164 FCFA ; le RPN : 79 164 FCFA ; l’ADR : 98 955 FCFA ; le MPJD : 84 122 FCFA.

Si donc, cher cousin, tu ne recevais pas ton tee-shirt de la campagne, la raison est bien simple. Mais au-delà de la pauvreté criarde de certains partis, c’est la carence du discours électoral et le manque de réalisme des acteurs politiques qui révoltent. En suivant, par exemple, les messages diffusés par "la chaîne du plaisir partagé", la Télévision nationale du Burkina, on se rend vite compte que certains se trompent de campagne et d’électorat.

Qu’à une consultation locale, on vienne s’adresser aux électeurs dans la langue de Voltaire, c’est à n’y rien comprendre. En tout cas, jusqu’à présent, tous ceux-là qui se sont fait bien entendre et comprendre, c’est ceux qui se sont exprimés dans les langues locales. Même à Koubri, aux portes de la capitale, on ne nous dira pas le contraire.

Pire encore est le cas de ceux qui ont seulement traversé la cour d’une école le premier jour de classe et qui s’échinent à s’adresser aux électeurs en français. Tout de même ! S’il vous plaît, disons clairement et simplement ce que nous proposons de faire de nos communes rurales ou urbaines, dans les langues que nous maîtrisons, c’est-à-dire, les nôtres et nous ferons une campagne utile.


Cher cousin, on sait que les politiciens sont capables de tout, surtout en période électorale, et il leur arrive même de jouer avec le feu, quitte à se brûler les doigts en entraînant au passage des innocents dans leurs vicissitudes. C’est ce qui risque de se passer au secteur 19 de Ouagadougou (Nonsin), où les musulmans sont l’objet d’une cour assidue de la part de certaines formations en lice pour les municipales du 23 avril prochain.

En effet, si j’en crois ce que m’a rapporté un fidèle du coin, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et le Réveil démocratique des masses (RDM) se livreraient une bataille impitoyable pour le contrôle de la Oumah. Il semble, cher Wambi, qu’un conseiller municipal du nom de Traoré Lassina y avait fait quelques investissements (mur d’enceinte, branchement d’eau, nattes de prière...) du temps où il était au CDP. Mais depuis, il a migré au RDM d’Eugène Diendéré.

Aujourd’hui, c’est son ancien parti qui fait dans la charité islamique en construisant hangar à la mosquée et maisonnette chez l’un des mollahs du coin et en distribuant sacs de riz à tire-larigot. Le lieu de culte est ainsi devenu un enjeu électoral majeur et on prête même à certains l’intention d’y tenir un meeting. J’espère, cher Wambi, qu’ils n’iront pas jusque-là, car, à s’amuser ainsi avec des sujets sensibles comme la religion, ces apprentis sorciers et ces politiciens à la petite semaine vont nous entraîner un jour dans l’abîme.


Tu te rappelles que le seul et unique « cadeau » que le chef de l’Etat avait fait aux agents de la Fonction publique à l’occasion de la nouvelle année 2006, c’était la décision de régulariser les avancements des années 2003, 2004, 2005 et 2006. C’est-à-dire que pour les années concernées, les avancements se feraient automatiquement, en attendant l’entrée en vigueur du nouveau système d’évaluation des agents de l’Etat.

Même si le cadeau était maigre, l’annonce fut bien accueillie. « Après tout, c’est toujours ça de gagner », se sont dit les « foncos » dont certains accusaient plusieurs avancements en retard. Surtout que « la correction », c’est-à-dire la constatation financière de ces avancements représente un joli pactole, pour des fonctionnaires toujours désargentés. Certains, pour ne pas dire la grande majorité, se mirent même à échafauder des projets dans la perspective de ce gombo frais qui n’allait pas tarder à être cueilli.

Pour la mise en œuvre de cette décision du grand Manitou, la mobilisation, à ce qu’il paraît, fut décrétée au ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, notamment dans les services chargés de la gestion des carrières des agents de l’Etat. « Parfois, on a même veillé pour travailler, afin qu’on ne vienne pas encore dire que c’est la Fonction publique qui bloque les choses », nous a avoué un élément du ministre Lassané Savadogo.

Résultat, la promesse d’une « régularisation rapide des avancements » faite par le chef de l’Etat est, selon certaines sources, peu ou prou tenue, et ils seraient des milliers de fonctionnaires à ce jour à être entrés en possession de leurs arrêtés d’avancement. Mais ce n’est pas pour autant que le tour est joué pour les pauvres fonctionnaires, car une chose est d’avoir son arrêté d’avancement au ministère chargé de la Fonction publique, une autre est d’avoir sa « correction », c’est-à-dire la constatation financière de son avancement au niveau du ministère des Finances.

Et c’est justement là que ça coince parce que mis à part quelques « bienheureux » qui auraient pu faire jouer leurs relations aux Finances, la majorité des fonctionnaires se serait invariablement vue dire : « on a tout arrêté, il n’y a pas d’argent ». Imagine donc la colère et le désarroi qui prévalent actuellement chez les fonctionnaires qui se sentent floués, car un avancement sans gombo, ou plutôt sans « correction » pour un fonctionnaire, c’est un peu comme remettre à quelqu’un un chèque en bois.

Et ils sont nombreux les agents de la Fonction publique qui errent désespérément dans les artères de la ville avec leurs arrêtés d’avancement en poche, ne sachant quoi en faire, comme des turfistes, les poches bourrées de « journaux officiels » (c’est comme ça que certains appellent les papiers des pronostics au PMU). Et comme en de pareilles situations, les rumeurs vont bon train, comme celle qui dit qu’on aurait bloqué les sous pour financer les élections municipales. Ce qui est sûr, vous ne trouverez personne actuellement au ministère des Finances qui pourra dire aux pauvres « foncos » quand le « blocus » sera levé. On vous a toujours dit que promesse de grand n’est pas héritage. N’est-ce pas, cher cousin ?


Ils sont nombreux aujourd’hui les Burkinabè qui s’impatientent de découvrir la nouvelle pièce d’identité conçue par l’Office national d’identification (ONI), et dont les premiers bénéficiaires se recrutent dans la sphère du gouvernement et des institutions étatiques. L’opération entamée depuis le 10 décembre 2004 avait, en effet, été suspendue, à telle enseigne que déjà certains avaient fait leur religion, selon laquelle la suspension serait due au constat tardif de l’absence du drapeau national sur la nouvelle Carte d’identité burkinabè (CIB).

Qu’en est-il exactement, cher cousin ? De sources dignes de foi, je me suis laissé dire que les services de l’ONI œuvrent dans l’objectif de la perfection, même si, dit-on, elle n’est pas de ce monde. Si l’opération avait été suspendue, ce serait dû à une insuffisance d’éléments de sécurité, constatée sur la première version. Ses concepteurs se seraient mis dans la peau des faussaires afin de détecter d’éventuelles failles, en vue de la sécuriser davantage.

C’est passé le stade expérimental, que les hommes du colonel Pierre Tiendrébéogo iront à l’assaut des populations dans les campagnes. Mais avant, l’ONI devra doter les différents commissariats ciblés à cet effet de cameras, d’équipements de contrôle (lampes ultra-violet à la disposition des policiers) ; de potences pour la réception des formulaires. L’innovation majeure serait l’installation de la biométrie faciale pour maximiser la sécurité de cette nouvelle CIB.

Le couronnement de cette entreprise sera la formation des femmes et des hommes qui seront chargés de donner à notre carte d’identité une nouvelle identité. Demain n’est donc pas la veille, cher cousin, et tu devras prendre ton mal en patience si tu veux avoir un produit de haute technologie.


Dans cette attente donc, cher cousin, voyons ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- Dans la désormais affaire "Planor Afrique S.A.-CNSS", on s’achemine vers un règlement à l’amiable. Bref rappel des faits pour ceux qui n’en auraient pas eu connaissance : Le 27 août 2004, par convention de prêt avec cautionnement solidaire et promesse de nantissement d’actions, signée au Cabinet notarial de Me Ezombié Noël Bayala, Planor Afrique S.A. dont le PCA est Appolinaire Compaoré, empruntait à la CNSS, la somme de 1,8 milliard de FCFA au taux de 6,5% plus 18% de TVA.

L’échéance était fixée au 31 décembre 2004. Deux ans après, la dette n’a pas été apurée, jusqu’à ce que l’affaire soit portée sur la place publique par journaux interposés. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que par chèques Bank of Africa n°2124847 et 2124850 respectivement datés du 30/01/2006 et 28/02/2006, Planor S.A a déjà réglé à son créancier 200 millions de FCFA. Il reste donc 1,6 milliard.

La CNSS, qui a déjà commis un avocat en la personne de Me Issouf Baddio, affirme qu’on s’achemine vers un règlement à l’amiable comme le stipule d’ailleurs l’article 14 de la Convention. Approché, le PCA de Planor S.A., Appolinaire Compaoré, se dit serein, car, selon lui, "tout a été fait selon les règles de l’art, c’est un prêt fait dans la transparence que Planor va rembourser... Je regrette que certains aient personnalisé l’affaire".

Le DG de la CNSS, Idrissa Zampalegré, confirme effectivement que "c’est une opération normale, effectuée normalement, car certains pensaient qu’il n’y avait même pas de document par rapport à cette convention... c’est conformément à l’article 4 de la Convention relative aux modalités de remboursement-termes que nous avons fait ce rappel à Planor S.A..., nous voulons signifier que lorsqu’on danse avec un aveugle, il faut le piétiner souvent pour qu’il sache qu’il n’est pas seul".


- Après une trêve d’une année, les deux clubs de sport de masse de la capitale, Ouagadougou, à savoir Top Contact et CSM-IGB, organisent le "Tournoi des koro du volley-ball" ce samedi 8 avril 2006 à partir de 7h sur le plateau omnisports de la SONABHY. Ce tournoi, qui se veut une fête du volley-ball réservée aux plus âgés, a pour objectifs d’encourager la pratique de ce noble sport de main à tous les âges, et de renforcer l’esprit de solidarité entre les différentes générations pratiquantes.

Les conditions de participation sont les suivantes :
- Joueurs : hommes de plus de 40 ans et femmes de plus de 30 ans ;
- arbitres : de 12 ans à 19 ans ;
- ramasseurs de balles : de 20 ans à 30 ans. Y a vraiment de quoi sacrifier une grasse matinée !


- Le département de Barani, dans la province de la Kossi, vibrera ce week-end au rythme de la 6e édition du Festival culturel et hippique de Barani (FECHIBA). Les amoureux des manifestations équines ne manqueront certainement pas ce rendez-vous annuel de célébration du cheval. Il faut être de la partie pour comprendre que la culture peulh, en plus de la vache, rime aussi avec cheval.


- La célébration de la nuit du Mouloud, par la Communauté musulmane du Burkina Faso, se déroulera dans la cour de la maison du Peuple à Ouagadougou la nuit du dimanche 9 avril 2006. Pour mémoire, en cette nuit, les fidèles musulmans commémorent la naissance du Saint Prophète de l’islam (SAW).

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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