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<I>Une lettre pour Laye</I> : Municipales 2006 : Pilotage à vue

Publié le vendredi 17 février 2006 à 05h16min

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Cher Wambi,

Je commence à me demander si les élections municipales auront lieu un jour. Comme tu le sais, ce scrutin devait se tenir normalement en septembre 2005. Mais le gouvernement avait décidé de prolonger le mandat des Conseils municipaux pour ne le remettre en jeu qu’après la présidentielle du 13 novembre, le temps que Blaise Compaoré ait son "naam". Rendez-vous donc fut pris pour le 12 février. Ce sera un rendez-vous manqué.

Il sera ensuite question du 12 mars 2006 jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel déclare nul l’arrêté signé le 13 décembre 2005 par le Secrétaire général de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) portant reprise des activités de ses démembrements (CEPI, CEDI, CECI, CEIA). C’était sur requête du Rassemblement politique nouveau (RPN) qui avait perçu que cet arrêté était contraire à la loi n° 014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant Code électoral, notamment en son article 34. Et voilà une affaire.

Du coup, cher Wambi, la question se posait de savoir si les municipales auraient bel et bien lieu à la date convenue, car le temps pressait. On sait désormais ce qu’il en sera. En effet, le Conseil des ministres du mercredi 15 février dernier a décidé du report de ces élections au 23 avril 2006, soit dans un peu plus de deux mois.

En attendant, l’Assemblée nationale est convoquée en session extraordinaire du 17 (c’est-à-dire aujourd’hui même) au 28 février 2006. Entre autres points qui devraient être inscrits à son ordre du jour, un projet de loi prorogeant le mandat des démembrements de la CENI pour leur permettre de "poursuivre leurs activités en toute légalité et un autre prorogeant à nouveau le mandat des Conseils municipaux des communes urbaines".

Cher Wambi, cette astuce permettra de rattraper ce qui peut encore l’être, mais force est de reconnaître avec le journal de Nakibéogo que ça ressemble à du bricolage législatif à effet rétroactif (cf. l’Observateur paalga n°6578 du mardi 14 février 2006). Et l’un des débats que pourrait susciter cette nouvelle va certainement concerner la rétroactivité des lois, à l’image de celui qui avait eu cours, avant la présidentielle, au sujet de article 37 de la Constitution.

Cher cousin, mon sentiment est que dans cette affaire, en faisant des municipales un serpent de mer, les autorités ont fait du pilotage à vue, et j’en suis à me demander si, tant qu’à reporter pour la 3e fois, on n’aurait pas dû le faire franchement, pour au moins prendre la peine de mettre les choses à plat et de les bien faire au lieu de cette politique à la petite semaine qu’on nous sert. Dans tous les cas, Blaise est maintenant bien enfoncé dans son fauteuil, et il peut se payer le luxe d’accorder aux autres ce qu’ils veulent. Mais passons.


Tu te souviens, cher Wambi, qu’en début février dernier, se tenait à Tripoli sous l’égide du Guide Kadhafi, un Sommet restreint de l’Union africaine et de la CEN-SAD sur le différend qui oppose le Soudan au Tchad. On se demandait bien comment est allé à ce Sommet, le président Blaise Compaoré, puisqu’officiellement aucun protocole particulier n’avait été mis en place à cette fin.

Eh bien, sache que quelques jours avant ce Sommet, Blaise Compaoré était en visite privée à Chambéry, dans la capitale de la Savoie, à 553 km au sud-est de Paris. Sauf erreur de ma part, Chambéry est la ville natale de Mgr Joanny Thévénoud, l’évangéliste qui est toujours cité en référence au "Pays des hommes intègres".

C’est donc de la capitale de la Savoie, que Blaise et sa garde rapprochée ont rejoint la Libye, par un avion affrété par Kadhafi pour participer au Sommet.


Cher Wambi, sauf report de dernière minute, le quatrième round des négociations intertogolaises pourrait se tenir cette semaine dans notre capitale. D’ailleurs, on se souvient que le 4 février dernier, le Premier ministre togolais, Edem Kodjo, était à Ouagadougou pour en parler avec nos autorités.

Véritablement, la paix dans "l’ex-Suisse de l’Afrique passe par le "Pays des hommes intègres", puisque déjà en 1996, c’est grâce à nos premiers responsables politiques que les fils du dialogue ont été noués entre l’opposition et les partisans du général Gnassingbé Eyadéma. Et il y eut trois rounds de négociation à savoir Ouaga I, II et III".

Ainsi dit, dans les tout prochains jours, on pourrait avoir dans nos murs les opposants Gilchrist Olympio, Yao Agboyibor, Jean-Pierre Fabre et, du côté du pouvoir, des hommes tels Pascal Bodjona, le tout jeune directeur de cabinet du président Faure, et bien d’autres politiques togolais qui veulent voir leur pays renouer avec la paix.


Tu te souviens, cher cousin, dans ma lettre du 3 février dernier, je te rapportais la forfaiture dont certains pèlerins se sont rendus coupables à la Mecque cette année. Vols et escroqueries ont été commis aux lieux saint de l’Islam, et les victimes se comptent par dizaines, voire par centaines.

Je te confiais d’ailleurs que le tout nouvel El Hadj Aboubacar Sidnaaba en était une. Eh bien, afin d’éclairer ma lanterne, la vedette de Savane FM m’a précisé que, le concernant, il s’est agi plutôt d’une perte que d’un vol. J’ai en tous les cas été heureux d’apprendre que son porte-monnaie, qui contenait pas moins d’un million de francs CFA, lui a été restitué par la police saoudienne.

Comme je te l’avais dit, bien de fidèles ont gâché leur pèlerinage en s’illustrant en véritables pickpockets. Et ton ami Sidnaaba m’a fait cette révélation : bien de gens y étaient pour un autre but et pas pour l’amour d’Allah le Miséricordieux. De toutes les façons, cher cousin, des noms ont commencé à circuler, et dans les jours à venir, nous en saurons davantage.


En attendant, cher cousin, Tipoko l’Intrigante est à notre rendez-vous hebdomadaire avec son carnet secret. Voyons donc ce qu’il nous réserve :

- A peine rentré des visites qu’il a effectuées auprès de ses pairs Naaba Baongho (Ouagadougou) et Naaba Kiiba (Yatenga), le roi du Gulmu, Sa Majesté Koupiendiéli a repris son bâton de pèlerin. Ainsi est-il annoncé ce vendredi même à Tenkodogo chez Naaba Saaga, question de resserrer les liens de fraternité entre les garants de notre patrimoine culturel, de prêcher la solidarité, l’entente et la paix pour un Burkina prospère.

On espère que sa Majesté Koupiendiéli ne s’arrêtera pas en si bon chemin, car à Bobo-Dioulasso comme à Boussouma, les populations ne seraient pas mécontentes de l’accueillir.


- On ne le dira jamais assez, l’informatisation dans laquelle s’est lancée la Loterie nationale burkinabè (LONAB) la propulse au premier rang des sociétés ambitieuses, mais un fait est là que certains de ceux et celles qui l’ont soutenue jusqu’à cet âge de maturité en ont fait les frais, et pour rien. Après l’épisode douloureux des vacataires, c’est un nouveau feuilleton sombre qui s’ouvre pour la nationale de la chance.

A ce qu’on dit, les 33 titulaires et 25 remplaçantes qui se sont vu notifier le 30 décembre 2005 leur mise à l’écart de l’effectif des gérantes de kiosques refusent d’entendre l’évangile de Zambendé et ont, par conséquent, engagé une action en justice. Avant que la cour prononce sa sentence, ils sont nombreux qui gardent encore le secret espoir de voir les deux parties revenir à de meilleurs sentiments.


- Du beau monde à la Maison de la femme de Koulouba ce samedi, et pour cause : les membres de l’Association professionnelle des secrétaires du Burkina (APSB), section du Kadiogo, ont choisi de s’y retrouver en effet le 18 février 2005 à partir de 15h 30 en assemblée générale ordinaire. A l’ordre du jour :
- rapports moral et financier ;
- examen du programme d’activité 2006 ;
- divers.

Voilà qui commande que tous et toutes abandonnent ordinateurs et autres machines à écrire pour répondre à cet impératif.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude...".

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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