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<I>Une lettre pour Laye</I> : Après le nô Koum, la grippe aviaire ?

Publié le vendredi 10 février 2006 à 08h13min

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Cher Wambi, A l’heure des tractations et de la précampagne en vue des municipales 2006, l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), à la veille de ses journées parlementaires prévues ce week-end à Manga, semble avoir le vent en poupe, à en juger par la marée de mécontents du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui s’y réfugient, l’espace d’un scrutin.

A bien des égards, cher cousin, cela témoigne de la vivacité du pachiderme quinquagénaire, mais les conséquences n’ont pas tardé à faire jour. Frustration des militants de la première heure, pour ne pas dire des autochtones du parti, contre ce qu’ils considèrent comme une invasion.

Et de stigmatiser l’intronisation sans fanfares ni trompettes de Célestin Koussoubé, hier encore maire CDP de la commune de Bobo-Dioulasso, et de sa suite aux premiers rangs des candidats ADF-RDA aux prochaines municipales. En tout cas, cher cousin, la grogne monte, même dans la haute sphère du parti, et les pessimistes voient déjà planer l’ombre d’un divorce. La révision in extremis des listes serait-elle la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?

Une guéguerre pour des municipales encore hypothétiques, à l’analyse de la sentence prononcée le 2 février dernier par le Conseil constitutionnel. Tu l’auras certainement déjà appris, cher cousin, il s’agit des décisions n°2006-001/CC/EM portant annulation de l’arrêté n°2005-055/CENI/SG du 13 décembre 2005 portant reprise des activités des démembrements de la CENI ; et n°2006-002/CC/EM déclarant illégal le refus de la Commission électorale indépendante de l’arrondissement (CEIA) de Bogodogo de recevoir le dossier de candidature du Rassemblement politique nouveau (RPN).

A la lumière de ces deux décisions, cher cousin, il faudrait repartir à zéro pour reconstituer les différents démembrements de la CENI et qu’ils prêtent serment, les anciens étant bien entendu en fin de mandat, de manière à intégrer les nouveaux partis, qui le désireraient, au jeu. Ce qui, qu’on le veuille ou pas, fera accuser une perte de temps et d’argent. Mais avant, il faudrait que le gouvernement se prononce.

Et même s’il le faisait dès aujourd’hui, l’Assemblée nationale serait dans l’obligation de proroger le mandat des conseillers municipaux pour éviter un vide juridique. Alors, que constatons-nous ? L’Assemblée n’étant pas en session, il faudrait encore convoquer une session extraordinaire à cet effet, ou, à défaut, procéder à une révision du code électoral avec effet rétroactif.

Ce qui, cher cousin, aux yeux même des aveugles serait un tripatouillage monstrueux. Si les textes sont respectés, le scrutin municipal ne devrait pas se tenir avant un délai de deux ou trois mois. Bref, laissons, cher cousin, ce débat aux politiciens, qui savent faire et défaire le monde, et occupons-nous de nos angoisses domestiques.


Une maladie des temps nouveaux sème actuellement la panique en Asie et en Europe, du fait qu’elle n’épargne ni volaille ni même les êtres humains. Il s’agit de la grippe aviaire, qui fait la une des médias internationaux. Depuis l’apparition du fameux virus H5N1, le nombre des victimes humaines dans le monde entier tourne autour de 80. Mais s’il y a panique, c’est parce que jusqu’à l’heure où tu me lis, cher cousin, les savants ne sont pas encore parvenus à trouver le vaccin approprié pour lutter contre.

Alors, si les Européens et les Asiatiques tremblent, nous autres de Tintilou et de Saagkuilga devrions commencer à pleurer. Imagine-toi un peu quel effet ça ferait si jamais la grippe aviaire franchissait nos frontières, nous qui sommes de gros mangeurs de poulets "flambés", "bicyclettes", poulets au "rabilé", "kolgo" ou soumbala... Car, je dois te l’avouer, la grippe aviaire n’a rien à voir avec le "Nôkuum" ou le choléra des poules, que nous connaissions jadis et qui faisaient le bonheur des enfants au village.

Non seulement elle n’épargne ni volaille ni êtres humains, mais encore elle tue. Déjà on apprend sa présence chez nos lointains voisins du Nigeria. Quand on sait qu’entre le Burkina et le géant de l’Afrique de l’Ouest la distance dépasse à peine la taille d’un cheveu, il y a lieu de se demander si nos autorités sont sur le qui-vive. En tout cas, la maladie se répand à toute vitesse, véhiculée aussi bien par les oiseaux, les êtres humains que par le vent. Alors, messieurs les gouvernants, ne nous dites pas après, que vous n’avez pas été alertés.


Cher Wambi, le débat sur la conception du week-end au pays des hommes intègres est encore d’actualité. En témoigne la préoccupation de monsieur S. Somé, que je partage avec toi : "Quelle loi ou quel décret de ce pays a dit que le week-end commence samedi matin ou samedi à 00 heure ? Quoi qu’on me réponde, je dis carrément que ce n’est pas bon et qu’il est mieux qu’on dise de façon claire, nette et valable pour tous, que le week-end commence samedi à partir de 12 heures. La situation actuelle n’est pas cohérente et est finalement gênante.

En effet, chacun voit que beaucoup d’unités du secteur privé et même du secteur public travaillent dans la matinée du samedi et même plus. Or, quand il en est ainsi, il est mieux qu’il en soit de même pour certains services administratifs dont on a besoin, tels que commissariats de police, gendarmeries, services de la mairie, timbres du Trésor, Poste, etc.

Quand on sait en plus que dans les administrations africaines, on travaille de façon dilettante et laxiste à tel point qu’une journée ouvrable correspond à une demi-journée de travail effectif, il n’y a pas d’ intérêt à allonger les week-end si on veut que chaque année soit une année d’atténuation de la pauvreté. L’Assemblée et le gouvernement sont donc interpellés, et je vous saurais gré d’aider à ce qu’il en soit ainsi".

S. Somé.

En effet, cher cousin, à partir de 1975, les Burkinabè, Voltaïques d’antan, ont commencé à jouir du week-end à l’anglaise. L’Observateur avait à l’époque annoncé la couleur dans son édition n°719 du 28 octobre 1975, avant que la décision prise en Conseil des ministres entre en vigueur le 1er novembre 1975, répartissant les cinq heures (de 7h à 12h) de la matinée du samedi sur les cinq jours de la semaine.

C’est depuis lors que les fonctionnaires travaillent de 7h à 12h 30 et de 15h à 17h 30. Cette mesure permettait de consacrer les matinées des samedis aux mariages, funérailles, d’honorer les obligations sociales.

Déjà que certains étaient chaque samedi aux abonnés absents dans les bureaux, ce fut une délivrance pour eux. Mais admettons avec monsieur Somé que certains services stratégies devraient ouvrir leurs portes le samedi matin : la Poste, les banques, les Impôts, le Trésor, et j’en oublie.


Comme je te l’annonçais dans ma dernière lettre, c’est Mme Odile Germaine Nacoulma née Ouédraogo qui, depuis le mercredi 1er février 2006, a été nommée pour présider aux destinées de l’université de Ouagadougou. C’est la première présidente de l’université de Ouagadougou, disais-je alors.

Je me dois aujourd’hui, cher cousin, de te donner d’utiles précisions sur l’enseignement supérieur au Burkina Faso. Avant l’université de Ouagadougou, était d’abord l’Ecole normale supérieure (1965-1966), dirigée par Madame Janeiro, professeur agrégée de philosophie. A cet embryon de l’enseignement supérieur succédera l’université de Ouagadougou, en 1976, avec comme premier recteur, le professeur Yembila Toguyéni.


Après ce bref cours d’histoire, cher cousin, voyons très rapidement ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :.
- Le charbon de bois fait partie, de nos jours, des raretés de la capitale burkinabè. Ceux qui en trouvent l’achètent à prix d’or. Plus possible de s’offrir un bon tô dans les familles démunies. C’est à peine si le charbon ne coûte pas plus cher que le riz ou le mil. On n’en voudra pas aux autorités de privilégier la sauvegarde de l’environnement, mais des mesures d’accompagnement s’imposent.

Car dans les quartiers traditionnels tels Kamboinsin, Bilbalogho, Saint-Léon, on ne décolère pas depuis. Le gaz, qui est un luxe, ne peut pas servir à tout faire. Et aujourd’hui, impossible de s’approvisionner en gaz dans n’importe qu’elle station service. Les gérants ne vendent leur gaz qu’aux détenteurs de bouteille de leur marque, comme cela se fait pour les bons d’essence. Jusqu’à quand subirons-nous cette épreuve, qui a transformé bien de maris en baladeurs ?


- Le combat contre la fraude est devenue une priorité pour le gouvernement, qui a mis en place la coordination nationale de lutte contre la fraude. Cette institution bataille dur pour éradiquer, ou plutôt amoindrir ce cancer qui ronge l’économie. Elle a de ce fait épinglé récemment la Central Trading International (CTI), qu’exerce dans le domaine du transport, mais également dans un autre volet moins connu : le commerce des cyclomoteurs importés de Chine.

Et c’est dans ce registre que CTI a eu maille à partir avec la coordination anti-fraude. En effet, les prix de ces cyclomoteurs que la CTI fait venir de la Chine ont été tellement minorés que cela a attiré l’attention de cette structure de veille et de surveillance.

Les factures de CTI mentionnent que le prix unitaire de ces motos, dites "génériques", de la Chine vendues au Burkina est de 110 dollars, nettement en deça des vrais prix, qui oscillent entre 200 et 300 dollars. Les taxations au niveau de la douane étant faites sur cette base de 110 dollars, c’est une véritable saignée pour le fisc burkinabè.

CTI, qui a été interpellée sur ce sujet, devrait en principe payer des droits et dommages au titre des réparations. Mais jusqu’à ces derniers jours, la société n’avait pas répondu aux injonctions de la coordination anti-fraude.


- Depuis 2003, 13 agents du Projet cantines scolaires sont dans une situation précaire et ne savent pas à quelle bouée de sauvetage s’agripper. Au commencement était le Cathwell, qui, en 1989, payait les salaires de ces travailleurs rattachés en principe au ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA). En réalité, ils étaient rattachés verbalement à ce ministère sans être des agents de la Fonction publique, puisqu’ils n’ont pas été intégrés.

Ce partenariat Cathwell-MEBA se poursuivit jusqu’en 2001, où Cathwell informait le ministère qu’en 2003 elle arrêterait de payer les salaires de ces 13 agents. Voilà donc que depuis deux ans, ce personnel se retrouve dans la rue, n’ayant aucun statut, après 15 ans de services. Ces gens demandent au MEBA de se pencher sur leur cas.


- Grande communion des fidèles catholiques ce dimanche 12 février avec le pèlerinage annuel à Yagma. Puisse le Tout-Puissant exaucer leurs prières et procurer à notre cher Faso la paix et nous éloigner des calamités !

Rendez-vous des ressortissants de Niou, province du Kourwéogo, ce samedi 11 février 2006 à partir de 14 h 00 à la Maison des jeunes et de la culture de Larlé (secteur 10, Ouagadougou). L’importance de l’ordre du jour requiert la présence de tous.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude...".

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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