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Kourittenga : Koupéla exclu de la mutuelle de santé Nayolsba ?

Publié le jeudi 2 février 2006 à 07h01min

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Depuis 2002, la province du Kourittenga bénéficie des services d’une mutuelle de santé du nom de Nayolsba. Comme services, Nayolsba offre à ses membres, des prises en charge des urgences obstétricales et des hernies étranglées.

Cependant, depuis quelques semaines, la rumeur fait état de l’exclusion possible de la ville de Koupéla et de ses habitants de la mutuelle en 2006. Qu’est-ce qui explique cette situation ? C’est ce que nous avons voulu savoir en rencontrant l’infirmier-chef de poste du CSPS urbain de Koupéla, Namoussa Namoano.

La rumeur annonce l’exclusion de la commune de Koupéla de la mutuelle de santé Nayolsba. Que se passe-t-il ?

Merci pour l’occasion que vous m’offrez d’en parler. Nayolsba est une association née en 2002. Elle couvre tout le district sanitaire et offre comme services des prises en charge des urgences chirurgicales et obstétricales, c’est-à-dire la prise en chargée de toute maladie ou tout problème de l’arbre reproducteur de la femme qui nécessite une intervention chirurgicale. Sa caisse est alimentée par les cotisations de ses membres que sont les formations sanitaires.

Pour cela, un quota annuel de contribution financière a été fixé à chaque formation sanitaire selon la taille de sa population En ce qui concerne Koupél, nous versons à Nayolsba, chaque année, quatre cent vingt quatre mille cent soixante francs (424 160F). Ce qui correspond à vingt cinq francs (25) par tête d’habitant de la ville. Mais depuis 2002, Koupéla n’est jamais arrivée à mobiliser la totalité de son quota. A chaque fois, c’est le Comité de gestion (COGES) qui vole à notre secours en payant le reliquat.

Ainsi, le COGES a payé 350 000 en 2003, 299 275 F en 2004, 111 790 F en 2005. Signalons qu’en 2003, nous avons dû négocier avec Nayolsba pour que la dette contractée en 2002 soit annulée. Pour l’exercice 2006, malgré une prolongation dont Koupéla a bénéficié, nous n’avons dû collecter une somme de 100 000 F CFA qui ne couvre même pas la totalité de la tranche du premier trimestre.

Encore une fois, notre COGES est intervenu en complétant le manquant. Ce qui permet à Koupéla d’être à jour et de pouvoir bénéficier des services de Nayolsba jusqu’en fin mars 2006. Après quoi si rien ne change, c’est l’exclusion pour la commune car désormais c’est la règle. Vous êtes à jour et Nayolsba prend en charge vos malades ou vous ne l’êtes pas et vous êtes exclu.

Mais qu’est-ce qui peut expliquer ce comportement de Koupéla et de ses habitants ?

Le manque d’informations ou le manque de volonté... C’est la seule explication possible. Sinon, 25 F par an, ce n’est tout de même pas élevé ! Dans la ville de Koupéla, on compte plus d’une quarantaine de services publics ou parapublics. Mais combien d’entre eux ont contribué ? Seulement 9 sur 40. Pourtant si tous les agents de ces services versaient leur contribution, on n’aurait pas besoin de recourir au COGES. Mais hélas, les gens ne contribuent pas. Or, les avantages de Nayolsba sont incontestables. Tenez !

Pour 2005, c’est la commune de Koupéla qui tient la tête en matière de prises en charge offertes par Nayolsba. En effet, Koupéla a bénéficié de 39 prises en charge dont 32 interventions chirurgicales et 07 évacuations d’un montant total de 1 650 000 F pour une contribution de 425 000 F. Imaginez alors que Koupéla soit exclue... Que va-t-il se passer ? En 2004, une exclusion temporaire de la commune nous avait donné de constater des cas très malheureux (pertes de bébés, hernies étranglées non opérées à temps etc.).

Tout cela lié à la non possibilité des malades à pouvoir réunir rapidement les fonds pour permettre des interventions dans le temps. Nous les agents de santé, parfois, nous souffrons et sommes peinés quand un malade ne peut pas bénéficier de prises en charge rapides parce qu’il n’a pas les moyens... Il arrive même (et c’est très courant) que par obligation morale, nous signions des décharges dans les stations d’essence pour qu’un malade puisse être évacué dans les délais...

Certainement que vous avez un appel à lancer...?

Oui. Moi, je suis agent de santé. Mais il y a des périodes où je ne suis pas en mesure de prendre en charge à moi seul un malade de ma famille quand cette maladie nécessite la mobilisation de gros moyens et sans délai. Aujourd’hui, les questions de santé sont telles que l’on a souvent besoin de soutien. Et si un peu partout, des mutuelles de santé se créent, c’est pour apporter cette assistance aux uns et aux autres.

A Koupéla, nous avons la chance d’avoir Nayolsba qui demande seulement 25 F par an à chacun pour qu’en cas d’urgence, tout habitant de la commune soit pris en charge. Et puis vous savez ce qui se passe. Souvent c’est comme si Dieu permet que ce soient ceux-là mêmes qui ne payent pas qui bénéficient des prises en charge.

Pour preuve, la plupart de ceux-là qui ont été bénéficiaires ne figurent pas sur nos listes de contribuables. Nous disposons des listes annuelles pour tous ceux qui contribuent. Mais nous ne faisons pas de considération de personne.

Une fois que nous arrivons à verser le quota de 425 000F, toute personne résidante dans la commune (qu’elle ait payé ou non) peut bénéficier d’une prise en charge en cas de maladie nécessitant une intervention chirurgicale. Je lance donc un appel à tous. Surtout les fonctionnaires qui sont censés comprendre très facilement les choses à accepter de contribuer chaque année pour tous les membres de leurs familles. Cela nous évitera certaines situations où nous sommes obligés de courir de gauche à droite sans solution.

Entretien réalisé par Onésime Aké LANKOUANDE (onesimeakelobayahoo.fr)
AIB/Koupéla

Sidwaya

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