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<I>Une lettre pour Laye</I> : Le chef de parti et le djinamori

Publié le vendredi 16 décembre 2005 à 07h24min

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Cher Wambi,

Demain samedi, pendant que des centaines d’invités déferleront vers Komtoèga dans le Boulgou pour l’installation, autrement dit le Yi-kêeré de Naaba Sembdo, moi, je prendrai la direction du Kénédougou pour satisfaire ma curiosité. Depuis quelques années, l’ascension du mont Ténakrou fait partie de nos traditions annuelles.

C’est ainsi que dès ce jour 16 décembre, ceux qui, comme moi, aiment les défis iront à l’assaut du plus grand sommet de la contrée qui mesure 960 m de haut à ce qu’il paraît. Et cette année, la manifestation est parrainée par un ressortissant de la région, en l’occurrence Léonce Koné, le directeur général de la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB), que tu sais être un des fils de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Haute-Volta, feu Begnon Koné. C’est te dire donc que ce week-end, je ne pourrai pas être des vôtres comme promis, mais considère que ce n’est que partie remise.

L’imminence des fêtes de fin d’année commande, en effet, que je fasse un tour au village pour honorer nos bonnes vieilles tantes et mamans avec un peu de sel, des pâtes alimentaires, et pourquoi pas le légendaire foulard aux oiseaux, le "Luili peendé" comme on l’appelle à Laye.


Cela dit, cher cousin, le 11 décembre dernier a été commémoré aux quatre coins du Faso le 47e anniversaire de notre fête nationale. Dans la capitale comme dans les autres chefs-lieux de région, l’événement a été essentiellement marqué par des distinctions honorifiques faites à nombre de fils de la nation pour services rendus.

Je te l’avais déjà dit, les choses ne sont plus comme avant, et nous sommes bien loin des années où à l’occasion, le tout Burkina se revêtait des couleurs nationales pour défiler dans la fierté et la dignité. Mais pendant qu’on y est, pourquoi ne pas y revenir cher cousin ?

En tout cas, cette année, malgré l’appel lancé par le grand chancelier afin que tous les édifices publics soient pavoisés aux couleurs nationales, les observateurs sont restés sur leur faim à Ouaga. Hormis l’Assemblée nationale et quelques maisons de commerce qui y ont répondu favorablement, sur l’avenue de l’Indépendance, on n’a rien vu qui confère au 11-Décembre toute sa dimension dans notre histoire nationale.

Ah ! Mention tout de même à la Société des transports en commun de Ouagadougou (SOTRACO) qui a relevé à sa manière le défi, en habillant tous ses bus aux couleurs nationales. Qu’en sera-t-il alors l’année prochaine ?


En attendant, sitôt sortis de cette fête, les Burkinabè des villes et des campagnes se sont replongés dans le souvenir douloureux de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de trois de ses compagnons en rade de Sapouy.

Tu te rappelles en effet, que le directeur fondateur de "L’Indépendant" a été assassiné le 13 décembre 1998. C’était donc le 7e anniversaire du drame que le "Pays réel" commémorait cette année. Et comme tu l’as certainement appris, le cimetière de Gounghin, où il repose, et la place de la Nation à Ouagadougou ont refusé du monde ce mardi-là.

Mais hélas, cher cousin, presqu’au même moment, un autre journaliste succombait dans un attentat au Liban. Gebrane Tuéni, qu’il s’appelle, était, lui, directeur du journal libanais An Nahar et député chrétien. Trois autres personnes ont perdu aussi la vie avec lui, et dix ont été blessées, dont deux grièvement. Comme quoi, même en ce 21e siècle, les journalistes demeurent les cibles privilégiés des "hommes masqués".

Voilà, en tout cas, qui va donner du grain à moudre aux moulins des défenseurs des droits de l’homme. Robert Menard de Reporters sans frontières ne nous dira pas le contraire.


La semaine dernière encore, cher cousin, je me posais des questions sur l’éventuel report du scrutin municipal du 12 février 2006. Eh bien, c’est comme si j’étais dans le secret des dieux. Puisqu’au moment même où tu me lisais, tu as sans doute appris que le Conseil des ministres en sa séance ordinaire du jeudi 8 décembre 2005 a décidé de reporter cette consultation d’un mois. Donc au lieu du 12 février, rendez-vous le 12 mars 2006 si tu as pu constituer et déposer tes dossiers. Malgré tout, la bataille fait toujours rage dans les états-majors de certains partis politiques où les mécontents ne se cachent pas.

Mais pourquoi tant de gorges chaudes pour un poste de conseiller ou de maire censé relever du bénévolat ? A ce qu’on me dit, en effet, cher cousin, la donne devrait changer à partir du prochain scrutin. Ces élus-là seraient désormais rémunérés. Ceci expliquerait-il cela ? Je te laisse deviner, cher cousin.


Pendant ce temps, l’enfant terrible de Ziniaré, Blaise Compaoré, le président du Faso réélu le 13 novembre dernier, est en train de mettre les petits plats dans les grands en prélude à son investiture le mardi 20 décembre 2005. Au moment où je traçais ces lignes d’ailleurs, cher cousin, j’apprenais qu’il séjournait chez son ami et frère le Guide libyen Mouammar Al Kaddhafi depuis hier matin. Quant au site qui abritera la cérémonie d’investiture, ce ne sera ni la maison du Peuple ; ni le nouveau palais présidentiel de "Kos-Yam", encore moins le stade du 4-Août.

Sauf changement de dernière minute, la grandiose cérémonie devrait se dérouler dans la salle des banquets de Ouaga-2000, ce mardi 20 décembre donc, à 11h 00 GMT. Au rang des invités d’honneur, une quinzaine de chefs d’Etat africains serait annoncée, dont Amadou Toumani Touré du Mali, Obiang N’Guema de la Guinée Equatoriale, François Bozizé de la Centrafrique, Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, Mathieu Kérékou du Bénin, Mamadou Tandja du Niger, Faure Gnassingbé du Togo, Joao Bernardo Viera de la Guinée-Bissau, et... Omar Bongo Ondimba.

Au nombre des anciens chefs d’Etat annoncés, cher cousin, tu pourrais voir Jerry John Rawlings du Ghana, Nicéphore Soglo du Bénin, Alpha Omar Konaré du Mali qui préside actuellement aux destinées de l’Union africaine, Henri Konan Bédié de la Côte d’Ivoire.

Autres personnalités politiques des bords de la lagune Ebrié annoncées : Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR) et Guillaume Soro des Forces nouvelles. Quant au manitou, je veux parler de Laurent Koudou Gbagbo, la présidence du Faso attendrait sa réaction d’un moment à l’autre. Alors, viendra ou viendra pas ?


Cher Wambi, comme tu le sais donc, le président réélu n’a pas encore prêté serment que déjà le partage du gombo électoral occupe tous les esprits. Il y a ceux dont les ambitions se limitent pour l’instant, et dans le meilleur des cas, à un portefeuille ministériel, mais la question que tout le monde se pose c’est de savoir qui sera le prochain premier ministre.

Comme je te l’ai dit dans ma lettre du vendredi 25 novembre 2005, beaucoup de noms circulent depuis des semaines à ce sujet, ceux qui revenaient le plus étant ceux de Zéphirin Diabré, Damo Justin Barro, Juliette Bonkoungou, Seydou Bouda ou encore Djibrina Barry (qui fut ministre du Commerce sous le CMRPN), à moins que le grand manitou ne veuille conserver, au moins pour un temps, son tapeur de sable attitré, l’actuel locataire du 10-50 rue Agostino-Neto.

Dans tous les cas, des noms commencent à être rayés de cette liste, pour une raison ou pour une autre. On sait déjà que ce ne sera pas Zèph, puisque l’ancien administrateur associé du PNUD a intégré le directoire du groupe français AREVA. D’autres personnalités ont par contre fait ces derniers jours leur entrée dans le cercle officieux des premiers ministrables.

Ainsi du député Christophe Dabiré comme quelqu’un me l’a assuré. Sera-ce finalement l’un de ceux qu’on cite régulièrement ou, fidèle à son habitude, Blaise Compaoré va-t-il sortir un lapin de son chapeau ? De toutes les façons, cher cousin, il faut prendre ton mal en patience surtout que les choses devraient aller très vite après la prestation de serment.


Maintenant, cap sur un tout autre domaine pour t’annoncer, cher cousin, que sur proposition de l’Association ouest-africaine d’archéologie (5e colloque), l’université de Ouagadougou a ouvert pour compter de l’année académique 1999-2000 des études doctorales conduisant à l’obtention d’un diplôme d’études approfondies et d’une thèse de doctorat unique.

Deux options sont offertes aux étudiants : option histoire africaine, option archéologie africaine. Dans la première option, les premières thèses ont été soutenues en mars 2004. Quant à l’option archéologie africaine, la soutenance de la toute première thèse est annoncée pour le mercredi 21 décembre prochain à partir de 8 heures à l’Amphi II de l’UFR/SH. Le candidat, tu le connais peut-être, c’est Lassina Simporé, celui-là qui animait la rubrique « Si Ouagadougou m’était conté » que tu aimais bien.

Il m’est revenu que sa thèse porte sur les éléments du patrimoine culturel physique de l’ancien royaume de Ouagadougou. Ce serait un document de plus de 700 pages, pesant 4 kg et comportant 1 061 114 caractères et un nombre impressionnant d’illustrations. Le Jury désigné pour l’événement se compose de chercheurs béninois et burkinabé : Président : Professeur Iroko Félix de l’Université Abomey-Calavi du Bénin Rapporteur (directeur de thèse) : Professeur titulaire Kiéthéga Jean-Baptiste, UFR/SH de l’université de Ouagadougou

Membres :
Professeur Gomgnimbou Moustapha, maître de recherches à l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du CNRST.
Docteur Adandé Alexis, maître assistant à l’Université Abomey-Calavi du Bénin
Docteur Koté Lassina, maître assistant à l’Université de Ouagadougou (laboratoire d’archéologie) Je ne manquerai pas de revenir sur ce qui constitue une première dans cette discipline qui a connu ses lettres de noblesse au Faso avec le Professeur Jean-Baptiste Kiéthéga.


En attendant, voyons très rapidement, cher cousin, ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

La nouvelle a vite fait le tour de la cité, suscitant çà et là indignations et quolibets dans la classe politique. Le chef d’un tout jeune parti de la place se serait fait arnaquer par un "djinamori". Dans la perspective des joutes électorales, il aurait cru pouvoir se constituer un trésor de guerre en demandant les services d’un multiplicateur d’argent. Tout bon menteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, dit-on. Eh bien, notre politicien amateur l’aura appris à ses dépens. Le djinamori a, comme il fallait s’y attendre, disparu avec les dizaines de millions de francs CFA à lui confiés pour fructification magique.

Pourra-t-on le retrouver avec le pognon avant les municipales ? Cette histoire nous rappelle le cas de cet autre politicien qui, aux législatives de 78, coincé par les contraintes budgétaires de la campagne, avait connu le même sort dans la case d’un djinamori. Maintenant à qui le tour, chercheurs de "naam", pour ne pas dire de siège ?


Evacué il y a longtemps dans l’Hexagone pour raison de santé, le ministre des Postes et Télécommunications, Tièba Justin Thiombiano, est de retour. C’est tout heureux naturellement qu’il a retrouvé les siens, les collègues et autres collaborateurs pour certainement se donner la main pour les futurs chantiers du Faso.


Kyon, dans la province du Sanguié, commémore les 50 ans de son école ce samedi 17 décembre. La manifestation, qui aura pour cadre l’école de Kyon A, sera l’occasion de grandes retrouvailles entre, d’une part les anciens enseignants et leurs élèves et d’autre part entre les Kyonais et leurs premiers instructeurs.

Ce cinquantenaire, qui est placé sous le parrainage de M. Luc Adolphe Tiao, président du Conseil supérieur de la communication (CSC), connaîtra la présence de Dah Aimé Méliman, celui-là même qui, en 1955, sous le hangar de la cour du chef Dioupou Marcel, enseignait l’abécédaire à une centaine de morpions, les uns plus grands que les autres, commençant ainsi, à 19 ans, une carrière d’enseignant qui allait se révéler prodigieuse pour le "lobi-bi" (1).


Ce vendredi 16 décembre 2005 a lieu à l’Institut Aoréma, secteur 19, Nonsin, à partir de 7h 00 le Doua de fin d’étude du Saint-Coran. Il est organisé par l’Association At-Tarbiya Al - Isla miya/Songkiibsé.


Boulsa, la capitale du Namentenga, va vibrer ce week-end au rythme du 15e anniversaire de l’école "Boulsa Amitié". Au programme, et à partir de ce vendredi : défilé de chevaux, course cycliste ; nettoyage des lieux publics ; théâtre ; kermesse ; élection Miss ; du football suivi d’un bal de clôture.


Notes

"Lobi-bi" : Jeune Lobi, vocable sous lequel les villageois appelaient leur tout-premier instituteur.


Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude...".

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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