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Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

Publié le vendredi 8 avril 2022 à 19h30min

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Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

Pour mettre fin aux souffrances que connait le Burkina, l’Abbé Cyprien Ouédraogo propose deux mesures dont l’une est pour le moins… radicale. Pour lui, le gouvernement doit introduire à l’Assemblée législative une loi mettant fin à l’existence et à la création de partis politiques au Burkina Faso. Cela, dit-il, conduira plus sûrement à une efficacité et à une efficience morale et politique certaines.

« Il n’y aura pas de solution miracle aux problèmes politiques et sécuritaires au Burkina Faso. Aux grands maux les grands remèdes : amputation ou ablation dans le cas d’espèce.

Si certains se rappellent, nous avions écrit une lettre ouverte le 15 novembre 2021 au chef de l’Etat et à tous les Burkinabè au sujet de la situation nationale, parce que nous pensons comme Hannah Arendt, que « le vent de la réflexion peut empêcher des catastrophes ».

Quand nous avons présenté notre défense, personne ne nous a soutenus. Alors, ce qu’on aurait dû éviter n’a pu être évité. Donc ce qui ne devrait pas arriver arriva. Nous reprenons encore notre plume depuis Montpellier (où il est visiblement impossible que nous soyons tués par un terroriste qui se trouve au Burkina). Cette fois-ci pour inviter le peuple burkinabè à deux courages.

Le premier courage est d’ordre moral et éthique. Il ne sert à rien de restreindre les libertés publiques parce que nous ne sommes pas sous un régime autocratique. Une transition politique n’est ni en soi ni de fait une dictature. Le moment et le cadre constitutionnel ne sont pas indiqués pour restreindre les libertés publiques. Le faire, produira l’effet inverse.

Le discours à l’Assemblée législative de Transition évoque la nécessité « qu’au sortir de la transition, notre pays dispose d’une règlementation des partis politiques débarrassés des tares qui ont longtemps empêché l’expression d’une démocratie véritable dans le jeu politique national. C’est pourquoi, le Gouvernement proposera à la représentation nationale, un nouveau cadre juridique relatif à la création, au financement des partis politiques et au plafonnement des dépenses des campagnes. » Si on peut dire que ce langage tenu semble de bonne foi, il faut reconnaître jusqu’à preuve du contraire qu’il est inconsciemment démagogique.

C’est se bercer d’illusion que de s’engager sur la voie de débarrasser les partis politiques des tares qui sont devenues leur nature. « Chasser le naturel, il reviendra au galop ». C’est se bercer d’illusion que de vouloir limiter et contrôler les dépenses des partis politiques avant, pendant et après les campagnes et élections. Il serait plus sage et salutaire que le Gouvernement introduise à l’Assemblée législative, une loi qui met fin à l’existence et à la création de partis politiques au Burkina Faso. Cela évitera de faire réfléchir des juristes et constitutionalistes pour rien ; cela permettra d’aller plus vite à l’essentiel ; cela conduira plus sûrement à une efficacité et à une efficience morale et politique certaines. Car, ayons le courage de le dire, les maux et les malheurs dont souffre le Burkina Faso ont pour source et cause les partis politiques.

Ce sont eux qui ont engendré et semé la division et la zizanie au sein de la population civile et même jusque dans l’armée. Ce sont eux qui, de 1960 à 1982, puis de 1987 à nos jours, ont livré le Burkina Faso en pâture aux bêtes humaines, criminels et sanguinaires… Il s’avère donc justifié et justifiable de mettre fin à la dispersion et la diversion que provoque le militantisme politique indécent, qui malheureusement continue impunément, même en ces moments difficiles et incertains que le pays traverse. C’est quel pays et ce sont quelles populations qu’ils entendent d’ailleurs gérer si les terroristes assiègent le pays ? A moins qu’ils ne soient de connivence avec les terroristes.

Et puis, les partis politiques ne sont pas une condition sine qua non pour asseoir une démocratie. Au contraire, ils ont contribué au cours de l’histoire, à trahir, à travestir et pervertir l’esprit de la démocratie originelle et originale. En tout cas, nous espérons voir, à la fin de la Transition, une nouvelle constitution qui ferait passer le Burkina Faso à « une démocratie participative sans partis politiques, avec élections » tremplin d’une véritable démocratie avec des candidatures indépendantes.

Le deuxième courage est d’ordre politique et pratique. La catastrophe humanitaire étant de fait, ayons le courage de déclarer l’état de crise humanitaire au Burkina Faso. Et pour couper le mal du terrorisme à la racine, un grand remède pourrait être apporté. Il s’agit d’entreprendre un relogement des populations des localités infestées par le terrorisme, dans les villes et villages proches de ces localités infestées. Ensuite procéder à un rasage étudié et systématique des localités infestées afin d’en constituer des villages militaires.

Deux avantages à ce projet : les terroristes n’auront plus affaire directement aux populations civiles mais aux militaires. Ainsi ceux qui sont à l’intérieur ne peuvent plus sortir et ceux qui sont à l’extérieur ne pourront plus entrer. Aussi, ces localités infestées rasées et constituées en villages militaires seront de fait sécurisés (par la présence des forces de défense et de sécurité). Ainsi, on peut penser à un repeuplement de ces localités suivant un plan national.

Pour ce faire, comme si la déclaration de catastrophe humanitaire ne suffisait pas, il faut lancer expressément un appel à l’aide à la CEDEAO, à la Communauté internationale, aux organismes et partenaires au développement. Car cela implique d’énormes moyens financiers, techniques, logistiques, militaires… Une fois, l’état de catastrophe humanitaire décrété et l’appel à l’aide lancé, le Burkina Faso saura qui sont ses partenaires et soutiens sincères, crédibles et fiables. De fait, il saura désormais quelle attitude adopter et à quel saint se vouer…

Mais ils me diront que c’est utopique. Parce que pour eux, est utopique non pas ce qui est impossible à réaliser mais ce qui l’est difficilement d’une part, et d’autre part parce qu’ils croient que tout ce qui ne vient pas de l’Occident ou n’est pas dicté par lui ou encore calqué sur son modèle, relève de l’utopie. Voici « l’africanité du mal » ! « L’africanité du mal » ? Oui. En théorie, « l’africanité du mal » nous dit que le mal est de couleur noire. En pratique « l’africanité du mal » c’est « le mal penser », « le mal à être », « le mal agir ou réagir » dont font preuve beaucoup d’Africains noirs dans des situations et circonstances particulières.

C’est pourquoi, du fait de cette « africanité du mal » la vraie utopie politique au Burkina Faso est de prétendre à une démocratie véritable en voulant débarrasser les partis politiques de leurs tares. La démocratie représentative (avec les partis politiques comme éléments de base) demeure la vraie utopie politique à laquelle s’accroche désespérément le Burkina Faso.

Tout compte fait, de deux choses l’une, ou bien ce qui se passe dans notre pays peut être attribué à de l’enfantillage d’« un peuple enfant », ou bien il s’agit d’une folie qui consiste selon Einstein, à faire toujours la même chose, à se comporter de la même manière et s’attendre à des résultats différents.

En tout état de cause, il nous faut reconnaitre que la loi de la causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets) ne s’applique pas seulement en physique. Elle s’applique aussi en matière morale et politique. De toute façon, que la situation au Burkina Faso relève de l’enfantillage d’un peuple encore enfant ou de la folie, cela produit le même résultat. L’ultime question se pose à tous : « A quand le Burkina Faso ? » La réponse nous paraît unique : Maintenant ou à jamais ! »

Abbé Cyprien OUEDRAOGO
Presbytère sainte Bernadette
250 Rue du Truel, 34090 Montpellier
Tel : +22670382839
+33749886873
Email : ocyprien@yahoo.fr

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Vos commentaires

  • Le 8 avril 2022 à 16:49, par Bernard Luther King ou le Prophète Impie En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    J’avais lu votre publication alors très OSEE sur Burkina24.com avant les evenements du 24 janv 2022. Merci pour votre courage mais sachez que votre preoccupation a dejà été prise en compte à travers les contributions des citoyens ici et là. Regardez les quotas de representation à l’ALT. Alors que les partis politiques representaient près de 30% (30 sur près de 90) en 2015 (insurrection de 2014) au CNT, maintenant, il ne represente plus explicitement que quelques pourcents 8 sur 71 si ma memoire est bonne. La transition est sur la bonne voie mais la gangrène est très avancée. Jusque-là, les resultats securitaires se font attendre. Sans quoi, ne nous en prenons pas trop aux partis politiques. Ils sont le reflet de notre propre société. Et il y a plus fort que nous, la "Communauté Internationale Auto-Proclamée".
    Dieu reste Burkinabè.

  • Le 8 avril 2022 à 16:57, par Barou En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    MERCI,MERCI MERCI,MERCI,MERCI,MERCI INFINIMENT.
    SI DANS CETTE SITUATION DE GUERRE UN ANCIENT PREMIERE MINISTRE COMME LUC ADOLPH TIA POUVAIT CONTIRBUER QUE PAR LA CREATION D UN PARTI POLITIQUE.
    ET C EST CE MEME GAR QUI EST CHOISI PAR CE PRESIDENT COMME DEPUTE.
    C EST DOMMAGE POUR LE BURKINA.

  • Le 8 avril 2022 à 17:21, par HUG En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    Merci là-bas. Vous avez tout dit.Notre malheur vient de ces politiciens qui nous polluent la vie depuis 1987 a nos jours.Cela ajouté aux terroristes qui endeuillent les familles.

  • Le 8 avril 2022 à 18:11, par Jonassan En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    En tout cas ou cette transition nous aide à refonder un État où la chose publique est le centre de l’existence de la Nation ou elle, cette transition met le pays en vente aux enchères et que chacun se cherche.

  • Le 8 avril 2022 à 19:34, par Obliviator ! En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    Votre idée est excellente et devra être considérée. Je pense que c’est ainsi que fonctionnaient les anciens grands empires et royaumes africains avant que le malheur séculaire ne s’abatte sur l’Afrique. Je la reprends :

    "... une nouvelle constitution qui ferait passer le Burkina Faso à « une démocratie participative sans partis politiques, avec élections » tremplin d’une véritable démocratie avec des candidatures indépendantes. ..."

  • Le 8 avril 2022 à 20:45, par Un Burkinabê En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    Mon Abbé votre écrit n’est pas assez courageux et pas vrai. Tous ceux qui dirigent nos partis politiques sont tous chrétiens ou musulmans. C’est dire que ces 2 Institutions ont aussi leur part de responsabilité dans la tare des politiciens. L’Eglise doit d’abord fermer ses portes aux mauvais politiques, je veux dire les chasser comme des mal-propres comme Le Christ l’a fait avec les commerçants dans le temple. Au lieu d’écrire au Président du Faso ayez le courage d’écrire au Pape pour demander que les politiciens soit excommuniés des Eglises.

    • Le 9 avril 2022 à 08:09, par kwiliga En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

      Merci @ Un Burkinabê. Les politiciens pour s’assurer de gagner passent par les prêtres, pasteurs, imams et chefs coutumiers. C’est d’ailleurs en passant par ces Institutions qu’ils font le plein de voix dans les urnes. L’Abbé doit organiser une marche pour dénoncer l’attitude de ces Institutions et mêmes demander que si elles ne chassent pas les politiciens que l’Etat ferme tout simplement les Eglises, Temples, Mosquées et Palais fréquentés. On pourrait faire appel aux citoyens pour dénoncer les palais, églises, mosquées et temples qui se laissent fréquenter contre fortes récompenses.

  • Le 9 avril 2022 à 07:23, par KOUDA En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    Monsieur l’Abbé, acceptée mon gros Tampon.
    A l’arrivée de la junte et au vu des premiers communiqués, nous avons cru comprendre que les partis politiques devaient se taire, fermer,
    Mais voilà qu’ils ont été convié. Le Burkinabè lambda en parle même dans les réseaux sociaux. Bref, ce n’est pas trop tard.
    Ils peuvent toujours mettre fin à l’existence des parties si non il y aura influence des bonzes des petits sur leurs éléments à l’emicycle.
    Une autre chose qu’il faut arrêter, LES OSC ; oui, ils agissent le plus souvent sous le couvert de partis politiques. Donc il fait les arrêter.

    Sieur DAMIBA est venu par balayer la maison, donc il ne peut et ne doit utiliser les même saletés pour se faire.{}

  • Le 9 avril 2022 à 16:44, par Gohoga En réponse à : Partis politiques et terrorisme : Deux cancers dont souffre le Burkina Faso

    Ré bonjour à tous. Je crois que ce mr n’a rien compris de notre problème. À mon avis les problèmes du BF sont ses intellectuels et l’armée. De 1959 à nos jours les parties politiques n’ont géré le pays que pendant 12 ans : 1959 _3/01/ 1966 et de 2015 au 24 01/2022. Tous le reste du temps a été géré par des militaires soit 51 ans. Cette gestion est faite en complicité avec les intellectuels Je ne vois pas le rôle essentiel des partis politiques. Les abus, rakettes et L’impunité ne sont pas les faits des partis politiques. Selon des informations concordantes, les révoltés qui ont pris les armes contre la République, l’ont fait pour mettre fin aux abus dont ils sont victimes de la part de l’administration qui a remplace le colonisateur. Les victimes vieux disent être plus maltraités après l’indépendance qu’avant. Ils croient surtout que cette administration est contre eux pour des raisons religieuses et /ou éthnique. Ils pensent que si le pays est géré par les islamistes, ils seraient traités mieux. Cet État actuel est unitil pour eux. Les seules choses qu’ils connaissent de la République sont les abus, les rakettes et mépris à leur égard. L’abbé parle de qu’il ignore. Votre rôle est de prier mon l’abbé.

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