LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

<I>Une lettre pour Laye</I> : Chirac a déjà félicité Blaise

Publié le vendredi 18 novembre 2005 à 00h00min

PARTAGER :                          

Cher Wambi,

Plus que quiconque, je comprends aisément ta déception depuis l’annonce par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Moussa Michel Tapsoba, hier en milieu de journée, du report de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 13 novembre à ce jour 18 novembre 2005 à 13h 30.

Bien sûr, M. Tapsoba a expliqué ce report par l’arrivée tardive de certains résultats provinciaux, mais je persiste à croire que le rendez-vous du 17 novembre aurait dû être maintenu, même à une heure avancée de la nuit, 22h 30 par exemple.

Déjà que certains ne tarissent pas de critiques quant à la transparence et à la régularité du scrutin, je crois en toute honnêteté que la CENI aurait dû travailler à minimiser les soupçons qui pèsent sur elle. Mais à côté des raisons invoquées par Moussa Michel Tapsoba, j’ai ouï-dire que ce report est dicté par le fait que les organisateurs ont voulu donner un éclat particulier à l’événement. Cela expliquerait pourquoi une proclamation en direct sur les antennes de la Télévision nationale du Burkina (TNB), à une heure d’audimat, 13h 30 GMT.

Mais s’est-on seulement rappelé que cette heure coïncide avec celle de la prière du vendredi pour les fidèles musulmans ? Bref, cher cousin, prenons notre mal en patience, car ces résultats ne relèvent plus du secret.

En attendant, tirons notre chapeau tout de même à Moussa Michel Tapsoba, dont l’institution a édité une brochure fort précieuse pour tous ceux qui s’intéressent à l’organisation des élections au Burkina Faso depuis 1991. Ce document, que chacun devrait avoir dans ses archives, est préfacé par le ministre Yéro Boly et est intitulé : La CENI, l’expérience burkinabè. Ne t’en fais pas cher cousin, je t’enverrai un exemplaire dès qu’il sera traduit en langues nationales.

Cela dit, avant même la proclamation des résultats, Blaise Compaoré, le président sortant, se sait réélu, donc plus de suspense qui tienne, cher Wambi. Mais ce que l’enfant terrible de Ziniaré devrait intérioriser dès l’officialisation de sa victoire est que le plus dure n’était pas de gagner, mais de composer sa future équipe gouvernementale, eu égard aux appétits qui se sont révélés avant, pendant et après la campagne électorale.

Comment récompenser les milliers d’ouvriers sans créer des frustrations, en effet, cher Wambi ? Car ils sont nombreux qui attendent le partage du gombo électoral, c’est-à-dire d’être invités à la table gouvernementale. Et parmi eux, on peut citer pour mémoire, les Fidèles de Blaise Compaoré ; le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ; les Amis de Blaise Compaoré (ABC) ; les Tanties de Blaise Compaoré (TBC) ; l’Alliance de la mouvance présidentielle (AMP) ; l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), etc. Forcément, cher cousin, il y aura des mécontents qui seront amenés à jeter leur dévolu sur les municipales et les législatives à venir.

Alors qu’aux quatre coins du Faso, plus d’un était dans l’attente des résultats de la présidentielle 2005, une ancienne grande figure de l’armée burkinabè tirait sa révérence. Il s’agit, cher cousin, du général Yaoua Marcel Tamini, qui s’est éteint le mardi 15 novembre dernier, dans son patelin de Warkoye.

A ce que m’a rapporté ton ami G. Bicaba, son inhumation devait intervenir hier jeudi dans la soirée. Pour l’histoire, je dois te rappeler que c’est sous la Révolution d’Août que le colonel Yaoua Marcel Tamini fut élevé au rang de général de brigade, par décret n°83-0016/PRES/CNR/DNAC du 20/08/83. Le même jour, il sera versé dans la deuxième section des officiers généraux par décret n°83-0017/CNR/PRES/DNAC.

Auparavant, il aura quitté l’état-major général des forces armées, devenu entre-temps Haut-Commandement des forces armées nationales, au profit du commandant Boukary Jean-Baptiste Lingani. Avant son départ à la retraite, il sera nommé délégué aux anciens combattants par décret n°83-030/CNR/PRES/DNAC du 02 septembre 1983.

Au moment où je traçais ces lignes, cher cousin, j’apprenais aussi qu’un de nos compatriotes en service au sein des forces onusiennes en Haïti, en l’occurrence l’officier de police André Sankara, venait d’être évacué au Burkina Faso pour raison de santé. Ah, tiens ! cher cousin, depuis quand le "Pays des hommes intègres" est-il mieux équipé sur le plan sanitaire que les forces onusiennes, Haïti, et surtout les USA à côté, pour qu’on y évacue un casque bleu ?

C’est sur cette note de désolation que je m’en vais t’ouvrir, cher Wambi, le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, par cette lettre ouverte du Mouvement raëlien international/Section du Burkina Faso, invitant le président Blaise Compaoré à envoyer des militaires burkinabè à Paris pour aider au maintien de la paix. Quelle histoire ! Lis donc :

"Nous, Raëliens burkinabé, et suite à une idée de Raël, demandons officiellement à Son Excellence monsieur Blaise Compaoré, président du Faso, chef de l’Etat, d’envoyer des troupes à Paris pour protéger les ressortissants burkinabé des violences actuelles.

Vu que la France est toujours là pour envoyer ses troupes en Afrique avec ses vieux réflexes colonialistes, impérialistes et racistes sous prétexte de protéger ses ressortissants, vu les violences qui ont actuellement lieu à Paris, il faut que la réciprocité soit respectée, car il y a évidemment beaucoup d’immigrés africains à Paris, sans aucun doute beaucoup plus que d’immigrés français en Afrique. Cette réciprocité, si elle était refusée, serait la preuve du racisme, de l’impérialisme et du complexe de supériorité des autorités françaises. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le président du Faso, l’expression de notre très haute considération."

Qui veut la paix prépare la guerre, dit-on. Mais est-ce cet adage qui commande aujourd’hui à l’Armée de l’Air burkinabè de s’équiper d’avions de combat ? En tout cas, il revient de plus en plus dans la cité que la Base 511 s’est, comme tant d’autres d’ailleurs, pourvue de bombardiers Sukhoi. Bon voisinage en perspective ?

La nouvelle est déjà tombée sur les téléscripteurs de l’AFP : la Direction de la communication de l’Elysée a envoyé un communiqué dans lequel Jacques Chirac félicite Blaise Compaoré pour sa réélection le 13 novembre 2005, alors même que les résultats provisoires que la CENI doit proclamer sont attendus aujourd’hui 18 novembre. D’où le fait que Michel de Bonne-Corse, le monsieur Afrique de l’Elysée, contacté par les médias français, se soit confondu en excuses. Même si l’on sait que le locataire de la présidence du Faso ne va pas changer d’identité, c’est tout de même trop tôt.

Mais que voulez-vous si du côté de l’état-major de la campagne du président sortant on a chanté déjà victoire dès le soir du 13 novembre ? Pourquoi Chirac, lui, se gênerait-il pour féliciter son ami Blaise ?

La cérémonie de lancement, le 1er octobre 2005, à Koupèla, de la 1re édition de la course du défi du Ministre Alain Yoda a rassemblé beaucoup d’invités de marque qui, de façon spontanée, ont laissé parler leur cœur. Les dons fusaient de partout. Qui, pour soutenir le promoteur, qui pour encourager les coureurs ou les animateurs de la course.

C’est alors qu’une personnalité a fait annoncer à haute et intelligible voix (par l’animateur du jour, Ambroise Tapsoba) qu’elle offrait la somme de 200 000F au comité d’organisation de la course. Les noms des différents donateurs, le montant des dons ainsi que les destinataires ont été enregistrés sur une liste, qui est disponible. Mais un mois après la course, l’enveloppe n’est toujours pas arrivée dans les mains du comité d’organisation à Koupéla.

Aux dernières nouvelles, c’est un certain Somdakouma qui aurait empoché le chèque le jour même de la course. Des sources bien informées disent que ce ne serait pas la première fois que cela arrive dans la cité des "cailloux blancs". Depuis la première édition de la course des 3CE, certains ont non seulement emporté les primes des coureurs, mais aussi décampé nuitamment, laissant derrière eux des dettes sur la tête du comité local d’organisation. A Koupéla, ce fut encore le cas, où le comité d’organisation reste redevable de plus de 150 000F aux radios locales pour diffusion de spots et communiqués relatifs à la course. Qui réglera cette ardoise ? En tout cas, le comité d’organisation entend user de tous les moyens pour rentrer en possession de son dû (son enveloppe de 200 000F).

L’action en justice intentée par Me Halidou Ouédraogo contre la CENI a été déclarée sans objet par le Tribunal administratif de Ouagadougou lors de son audience du 17 novembre 2005. On se souvient en effet, que le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), que préside Me Ouédraogo, n’avait pas obtenu d’accréditation, en tant qu’observateur du scrutin du 13 novembre 2005.

Cette absence, qualifiée d’injustifiée par les dirigeants du MBDHP, avait fondé cette organisation à déposer une requête auprès du tribunal administratif, pour obtenir cette accréditation. Mais le 13 novembre étant passé, la requête du MBDHP devient sans objet, dit-on. Ce constat, même s’il est fondé d’un point de vue juridique, a de quoi laisser sur leur faim les deux parties et l’opinion publique. En effet, la plainte ayant perdu son objet, la justice n’a pas eu à dire qui de la CENI et du MBDHP avait raison dans cette affaire, qui, pourtant, avait fait couler beaucoup d’encre.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Développement : SOS pour la route Pouytenga-Bogandé
Portées disparues : Fati et Mounira ont été retrouvées