Posons le regard particulièrement sur l’animation qui règne à la gare routière la nuit. Ce sont quelques commerçants qui ont trouvé en ce lieu leur coin où vendre notamment des postes de radio de toutes marques et de toutes tailles, et bien des matériels relatifs à l’audio-visuel. A côté d’eux, les vendeurs de T-shirts, de vêtements prêts à porter et ces maillots tant prisés, frappés des noms et numéros de différents joueurs des grands clubs de football de par le monde.

De ces derniers, disons qu’ils servent bien sûr leur clientèle, mais aussi qu’ils font de la publicité pour ces grands clubs sans en être perturbés le moins du monde. La nuit, le secteur informel trouve là aussi son lieu et ses moments pour fleurir encore. Vous y trouverez des restauratrices presqu’en tout genre, avec fourneaux installés sur place pour vendre chaud et fumant.

Et puis, il y a l’eau glacée en sachet, des boissons sucrées comme le bissap, le jus de gingembre, la bouillie de mil, le déguè. Les vendeurs de chaussures (« tapettes ») sur charrette sont particulièrement nombreux. Dans les couloirs de leur emplacement au centre de la gare, sont installés par-ci et par-là les vendeurs de médicaments prohibés, ceux-là contre qui l’ordre légal n’a jamais rien pu dans toute la ville et sur toute l’étendue du territoire, car la filière continue à prospérer. Les petits « maquis » installés à quelques endroits lâchent pour leur part les décibels dans la rythmique très cadencée du « coupé décalé » et des musiques à la mode.

Quand bien même certains appareils sont assez enroués, cela n’empêche pas les jeunes d’esquisser quelques pas de circonstance, pour se prouver à eux-mêmes et aux voisins leur dextérité en matière de danse. Il n’est pas besoin de démontrer que c’est en ces moments que des filles de 14 à 15 ans viennent roder par-là pour se faire taquiner avec tous les risques qu’on devine.

Un silence relatif ne viendra planer sur les lieux que vers le petit matin, à quelques heures du jour quand arriveront les gros porteurs (cars et camions remorques) et que surviendra l’ouverture des boutiques aux alentours, du marché aux fruits, du couloir aux légumes des magasins et quincailleries.

Jean Luc BONKIAN

Sidwaya