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<I>Une lettre pour Laye </I> Excédent céréalier : du jamais vu depuis les indépendances

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h40min

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Cher Wambi,

Très rapidement, avant de te donner le pouls de la cité en cette veille de l’ouverture officielle de la campagne présidentielle, honorons notre rendez-vous hebdomadaire avec les services de l’ASECNA au Burkina qui m’ont communiqué les relevés pluviométriques ci-après, enregistrés dans la semaine du jeudi 13 au mercredi 19 octobre 2005 :

Dori : 10 mm ; Bobo-Dioulasso : 18 mm ; Pô : 29 mm ; Gaoua : 5,4 mm. Eh bien, cher cousin, comme tu le constates aisément, la saison hivernale est en train de nous faire ses adieux. Voici venu maintenant le temps des récoltes où chacun sera récompensé au regard de ses efforts.


Depuis un certain temps, le calvaire des clandestins se rendant en Europe via l’Algérie et le Maroc défraie la chronique et fait la une des médias internationaux. Comme tu sembles être au parfum de l’actualité, tu as dû certainement apprendre que des Guinéens y ont succombé, et bien d’autres Africains se sont perdus dans le désert. Y a-t-il des Burkinabè parmi ces candidats à l’exode et combien sont-ils ?

Autant de questions qui reviennent chaque fois dans les cabarets de la capitale. L’Observateur a été chargé de désigner un journaliste pour aller en savoir davantage, et c’est ton jeune neveu Bernard Zangré, avec qui d’ailleurs tu avais rendez-vous au village ce week-end, qui ira à leurs trousses et ce, pendant une semaine, à la faveur d’une mission d’information managée par le Royaume chérifien au bénéfice de quelques journalistes de la sous-région ouest-africaine.

Je devine déjà ton impatience de l’entendre à son retour nous conter les péripéties de cette ruée vers l’Europe, dont les conditions diffèrent beaucoup de celles de la Gold Coast ou de la Côte d’Ivoire de nos grands parents. Pour terminer, sache que l’émigration, si elle est faite dans les règles, peut contribuer efficacement au développement.

En effet, c’est environ 309 milliards FCFA que les émigrés sénégalais rapatrient chaque année au pays de Youssou N’Dour, ce qui représente un tiers des recettes de ce pays. Au Burkina, si à ce jour on ignore exactement combien rapatrient nos compatriotes, on sait cependant que cette manne n’est pas négligeable dans la balance des paiements.


Cher Wambi, j’imagine qu’à Laye, les braves paysans doivent être en train de s’activer pour les récoltes, car depuis une dizaine de jours, le ciel devient de plus en plus dégagé. Ce qui me laisse croire que, comme je le disais tantôt, la saison des pluies est maintenant derrière nous.

En tout cas, cela a d’abord été annoncé par l’apparition des fourmis ailées qui, tu le sais, avec leur piqûre, causent bien des désagréments. Je me rappelle aussi que mes grands-parents Konyimba et Narolbsom à Tanzéongo m’avaient enseigné que quand les oiseaux migrateurs viennent du sud, ils annoncent le début de l’hivernage tandis que leur retour en indique la fin.

En effet, si tu l’as bien remarqué, depuis plus de deux semaines, ces oiseaux sont en fin de pèlerinage, puisqu’ils sont en train de retourner par essaims entiers vers le sud d’où ils étaient d’ailleurs venus.

Par la même occasion, il m’est revenu que la campagne agricole 2005 - 2006, lancée à Gorom-Gorom sous des hallebardes, a été fructueuse : 4 064 648 tonnes soit un excédent de 1 052 895 tonnes, telle est la moisson céréalière attendue cette année, un chiffre jamais atteint depuis l’indépendance du Faso, selon Koudnoaga qui tient l’information de source proche du département de l’Agriculture.

Espérons bien que cette bonne récolte ne sera pas pour nos parents du village l’occasion de se souvenir qu’ils avaient oublié de célébrer des funérailles de proches, décédés il y a plusieurs décennies de cela et de faire dans la démesure. Dans tous les cas, il vaut mieux arrêter une fois pour toutes les gaspillages à travers la préparation du dolo des funérailles.


Ainsi dit, je t’invite à feuilleter le carnet secret de Tipoko l’Intrigante en commençant par les informations relatives à la présidentielle 2005. Avec plus de 80% de taux de retrait des cartes d’électeur, la cité du chapeau est en passe d’avoir un des meilleurs taux du pays.

Cela expliquerait-il ceci ? En tout cas, Saponé est choisi pour abriter ce samedi à 10h le meeting de lancement de la campagne CDP dans le Bazèga. Ce qui ne devrait pas déplaire à Raphaël Compaoré, le superviseur départemental de la campagne de Blaise Compaoré.


Retrait massif des cartes d’électeur ; pèlerinage vers les urnes aux premières heures du 13 novembre pour un vote utile ; tel devrait être le message de tout candidat à la présidentielle 2005 à ses ouailles. Sensibiliser, informer et communiquer occupent une place de choix dans tous les états-majors.

Et en la matière, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a innové en rencontrant ses grands électeurs et leaders d’opinion tous les soirs autour d’un thé ou d’une bière. Mieux, la direction de campagne du candidat Blaise Compaoré a doté ses directeurs régionaux de téléphones satellitaires "Turaga" afin de prévenir les pertes de réseaux auxquelles nous ont habitués les opérateurs locaux. Voilà donc qui justifie l’adage qui veut que chacun ait les moyens de ses ambitions.


Cher Wambi, je ne doute guère que tu connaisses le Père Balemans qui officie à Koudougou. C’est en effet ce prêtre qu’on ne présente plus vraiment, tant il dit haut et fort ce qu’il pense, qui appelle les électeurs à voter nul. Pour lui en effet, pour en finir avec la corruption, les jugements injustes, les salaires de misère et la pauvreté, il faut tout simplement aller aux urnes et voter nul.

On est donc en droit de dire que quelque part, Hermann Yaméogo et le Père Balemans se rejoignent parce que l’un comme l’autre appellent à dire non à la présidentielle du 13 novembre. Mais seront-ils vraiment entendus ? Réponse dans trois semaines.


Monsieur Tom Miller, le président directeur général de l’ONG internationale Plan, arrive dans notre pays ce samedi pour une visite de travail de 4 jours. De nationalité américaine, M. Tom Miller est un diplomate chevronné de l’administration qui a totalisé 29 années de carrière au Foreign Service. M. Miller a été nommé trois fois ambassadeur des Etats-Unis à Athènes, en Bosnie - Herzégovine et en Thaïlande.

Parallèlement à cette carrière diplomatique, M. Miller qui est docteur en sciences politiques, a enseigné les relations internationales et la diplomatie à l’université et a été plusieurs fois distingué pour son œuvre dans la diplomatie par le gouvernement américain. La Bosnie retient de lui un investissement personnel majeur dans sa reconstruction politique et économique après la guerre. Elle a fait de lui un citoyen d’honneur.

M. Miller est à la direction internationale de Plan depuis le mois de janvier 2005. Il visite le Burkina Faso pour la première fois. Kaya, Kalambaogo, Pensa au Sanmatenga, puis Kongoussi, Sabcé, Noh dans le Bam et Koupéla dans le Kourittenga sont les localités que visitera M. Miller, des localités où Plan compte de nombreuses réalisations à l’instar de bien d’autres dans les 7 provinces d’intervention de l’ONG.

Celle-ci a dépensé plus de 8 milliards de francs pour la réalisation des projets communautaires au Burkina cette année. A n’en pas douter, cette visite renforcera la coopération déjà très bonne entre notre pays et Plan pour le bonheur des enfants, ceux-là mêmes qui sont au cœur de son action.


Qui perd gagne. Telle est la vérité infligée à l’équipe départementale de Saponé qui a remporté dimanche dernier la finale de la coupe du haut-commissaire du Bazèga en football. Alors que pour le commun des mortels ce genre d’initiative est à inscrire dans la politique de rassemblement, d’émulation, pour certains, ce match est à vite oublier. Et tous sont unanimes que les organisateurs ont failli.

D’où vient-il en effet que le vaincu, l’équipe de Kombissiri, ont été mieux récompensée (100 000) FCFA que le vainqueur (75 000 FCFA + 3 ballons) dont 1 dissipé et retrouvé après que les supporters de Saponé sont montés sur leurs ergots ?

Pour dire vrai, la population de Kombissiri a joué sa partition en restant fair-play, mais une fois encore, tout porte à croire que les organisateurs avaient désigné leur vainqueur. Point de rafraîchissement pour l’équipe de Saponé à l’issue de cette victoire amplement méritée, bien que la bibine ait coulé à flots sur les tables des convives.

Mais comme à chaque occasion, il faut une femme pour sauver l’honneur, Ruth Yaméogo, le Gouverneur de la région du Plateau central, ne s’est pas dérobée à cette mission, elle qui a fait parler son porte-monnaie. Elle a ainsi offert 8000 FCFA à l’équipe de Saponé en guise d’encouragement et surtout pour briser la tension qui montait. Tout de même !


Les élèves officiers nouvellement recrutés passent actuellement leurs premiers jours à l’Académie militaire Georges Namoano à Pô. Et qui dit Pô dit Centre national d’entraînement commando (CNEC) qui, de tout temps, a fait la fierté de l’armée burkinabè. Quand on en sort sain et sauf, on peut bien se bomber la poitrine.

Mais comment y entrer sans traverser l’épreuve de l’accueil qui constitue un test de maturité ? Hélas ! Mardi dernier, un élève officier, Coulibaly Juste Gildas qu’il se nommerait, aurait succombé à cet exercice d’initiation, des suites d’un arrêt cardiaque. Ce décès plonge le monde sportif burkinabè dans un deuil profond, puisque le regretté était l’un des piliers de l’Association sportive de l’avenir (ASA) en volley-ball.


Tu te rappelles que dans l’une de mes lettres, il était question de l’audit que le cabinet Deloitte & Touche a effectué sur le Bureau du Projet éducation (BPE). Dans ledit audit, Deloitte & Touche avait relevé un certain nombre de dysfonctionnements, parmi lesquels des irrégularités au niveau des audits des DPEBA, des audits effectués trimestriellement par les cabinets FIDEXO, CAFEC-KA, Panaudit-Burkina, C.GIC et Fiducial AK.

Eh bien, le coordonnateur du BPE, Achille H. Nana, conteste l’audit de Deloitte, qui, selon lui, n’a pas seulement audité les DPEBA, mais s’est aussi permis de juger les audits qui y ont été effectués. Selon le coordonnateur, ces audits des DPEBA sont conformes et corrects.

Par contre, le patron du BPE estime que l’audit de Deloitte a porté sur les fonds de la Banque mondiale, occultant royalement ceux du "panier commun", à savoir ceux du Canada, des Pays-Bas, de l’AFD, de la Belgique, de la Suède et de Danemark.

Pour lui, l’audit de ce cabinet a été réalisé comme si le BPE tient une comptabilité d’engagement (toute dépense réalisée doit être comptabilisée même sans le paiement), or un projet (donc le BPE) tient plutôt une comptabilité de caisse, où l’on ne comptabilise que ce que l’on a décaissé.

Ainsi, les écarts relevés sont dus à la nature de la comptabilité de caisse. Cela, selon lui, est une grosse insuffisance d’approche. En conclusion, le coordonnateur du BPE pense que la gestion désastreuse que Deloitte a mise en exergue dans son audit est loin de la réalité, et il ose croire que cela n’a pas été fait à dessein "afin de trouver un bouc émissaire dans la situation de blocage que vit le PDDEB". Peut-être bien que le Cabinet Deloitte nous situera davantage sur cet audit.


Pour finir, apprends qu’hier soir à 17h, la CENI a remis de manière symbolique les bulletins de vote. J’espère bien que tu en prendras connaissance pour voter ton candidat, car à partir de demain, la politique politicienne aura le dessus avec l’ouverture de la campagne. Espérons seulement que nos routes seront maintenant sécurisées, car personne n’ignore qu’elles seront prises d’assaut par de grosses cylindrées.


En attendant, si le budget de campagne de bien de partis dont le CDP relève presque du secret d’Etat, les sankaristes, eux, ont accepté de faire dans la transparence : c’est ainsi que nous avons appris que Norbert Tiendrébéogo du FFS battra campagne avec un budget de 200 millions FCFA. ; quant à Me Bénéwendé S. Sankara de l’UNIR/MS, il estime son budget à 300 millions de FCFA. Qui dit mieux ?

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.

L’Observateur

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