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Célestin Koussoubé contre les femmes de Lafiabougou : Le délibéré le 24 octobre

Publié le mercredi 12 octobre 2005 à 07h08min

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Célestin Koussoubé

Le procès de Célestin Koussoubé, maire de Bobo-Dioulasso contre les femmes du marché de légumes de Lafiabougou au secteur 20, plusieurs fois reporté, a finalement eu lieu le 10 octobre. Après avoir entendu les deux parties, la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Bobo a décidé de donner son verdict, le 24 octobre prochain.

Dès 8 heures, la salle de conférences de l’ex-haut-commissariat du Houet qui sert pour l’instant de salle d’audience, était déjà pleine. De nombreuses femmes du marché de légumes de Lafiabougou y étaient présentes pour soutenir cinq des leurs contre qui Célestin Koussoubé a porté plainte pour « diffamation, injures, dénonciation calomnieuse et rébellion ».

Ce sont elles qui ont signé la lettre adressée au gouverneur de la région des Hauts-Bassins dont le contenu a été jugé « préjudiciable » à Célestin Koussoubé qui les a traduites en justice. Les quatre femmes appelées à la barre sont Sacko Diarra, Assétou Zongo, Mariam Sanou, Jeanne Coulibaly. La cinquième femme, Bintou Traoré, était absente à l’audience.

Par une plainte écrite qu’elle a fait parvenir, Mme Traoré affirme n’avoir pas signé la lettre. Les quatre femmes avaient, à leurs côtés, leur conseil, Me Kouessé Sanou. Célestin Koussoubé était représenté par son avocat, Me Aboubacar Nacro et par le conseiller juridique de la commune, Amadou Traoré. L’audience peut alors commencer. La salle devient brusquement calme. Me Kouessé Sanou se jette alors à l’eau après la vérification des identités de ses clientes par les juges. Il

demande au Tribunal de déclarer nul et irrecevable l’exploit de citation pour défaut de qualité de la partie plaignante parce que pour lui « Célestin Koussoubé a saisi la justice en tant qu’individu et non en tant que maire de la commune. Celui-ci ne peut donc pas agir au nom des autres maires ou du conseil municipal de Bobo ».

Cet argument est balayé du revers de la main par Me Aboubacar Nacro pour qui « le maire représente légalement le conseil municipal. Il agit à son nom ». Me Nacro sera appuyé dans son argumentaire par Amadou Traoré. Les deux hommes également réfutent l’idée de Me Kouessé selon laquelle les femmes ne sont pas l’auteur de la correspondance adressée au gouverneur des Hauts-Bassins. Les quatre femmes ont, en tout cas, reconnu avoir signé la lettre après avoir pris connaissance de son contenu.

Parmi elles, seule une s’est exprimée en français. Les autres ont répondu aux questions en dioula parce que ne comprenant pas la langue de Molière. Leur intention en apposant leur signature sur la correspondance, n’était pas de nuire à Célestin Koussoubé, mais plutôt de demander au gouverneur de les aider à trouver une solution à leur problème, diront-elles. Et ce problème est que les femmes du marché de légumes de Lafiabougou sont menacées d’expulsion du site qu’elles occupent actuellement. Une autre aire a été aménagée à côté du CSPS de Lafiabougou pour les accueillir.

Les femmes refusent de rejoindre ce nouveau site et les raisons ont été fournies dans la lettre. Auparavant, les femmes du marché de Lafiabougou occupaient un espace qui leur a été retiré par un arrêté du ministère des Finances en 1992 pour être attribué à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. Le lieu qu’elles occupent actuellement appartenait à la SONABEL.

Il lui a été retiré pour non mise en valeur. Les travaux que cette société a entrepris sur cette parcelle tout récemment ont d’ailleurs été suspendus. “Nous sommes fatiguées de ce nomadisme. On nous installe ici aujourd’hui, demain on vient encore nous chasser pour aller ailleurs “ se plaignent les quatre dames. “On n’a pas demandé aux femmes de quitter le marché”, précise le conseiller juridique de la commune.

Quant aux “formules violentes et grossières utilisées dans la lettre” pour emprunter les termes de l’avocat de M. Koussoubé, Me Kouessé, conseil des femmes répondra que la copie de la lettre qu’il détient ne contient pas ces formules et que dans la correspondance, aucune autorité, même Célestin Koussoubé, n’y a été nommément citée. Il n’y a donc pas lieu, selon lui, d’accuser les quatre femmes de diffamation, d’injures, de dénonciations calomnieuse encore moins de rébellion. Pour Me Nacro par contre, un maire est un corps constitué qui mérite respect. Les reproches de diffamation, d’injure, de dénonciation calomnieuse et de rébellion sont bel et bien fondés. Et pour réparer les “préjudices” que la lettre a causés à son client, Me Aboubacar Nacro a demandé 1 franc symbolique.

Pour les sanctions pénales, elles sont laissées à l’appréciation du Tribunal. Le Procureur du Faso a abondé dans le même sens. Il a souhaité “une application bienveillante de la loi pénale”. Après avoir écouté les uns et les autres, la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Bobo a mis le délibéré au 24 octobre prochain. “Nous serons encore là “, lance une femme avant que celles qui sont venues assister à ce procès ne libèrent la salle.

Adaman DRABO


Une autre plainte déposée au Tribunal

Bintou Traoré, une vendeuse de légumes au marché de Lafiabougou a été citée comme signataire de la correspondance adressée au gouverneur de la région des Hauts-Bassins. Mais Bintou Traoré vient de déposer une plainte au Tribunal pour imitation de signature. Elle affirme n’avoir pas signé ladite correspondance. D’ailleurs, elle ne s’est pas présentée à l’audience..

A.D

Sidwaya

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