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Mode : « Face », une émission pour briser les préjugés sur le mannequinat

Publié le lundi 16 mars 2020 à 22h13min

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Mode : « Face », une émission pour briser les préjugés sur le mannequinat

« Face » est une émission de téléréalité dédiée au mannequinat Burkinabè. Elle est diffusée tous les samedis à 21 heures sur la radio-télévision nationale du Burkina (RTB). À la présentation, la journaliste Clémence Tuina avec qui nous avons eu un entretien. Au menu des échanges, l’objectif recherché de l’émission, les critères de choix des candidates et le prix que recevra la sacrée gagnante. Interview.

Qui a eu l’idée de création de l’émission Face (visage) ?

L’idée est d’Evariste Combary, directeur de la télévision nationale Burkinabè. Il a fait appel à moi et m’a parlé de ce projet de création d’une émission de téléréalité sur le mannequinat. Ensemble on a donné un contenu à cette émission.

Pourquoi avez-vous baptisé l’émission « Face » ?

Au départ, nous avons hésité entre plusieurs appellations. Etant donné que je baigne dans le milieu de la mode, je savais que quand les agences de mannequinat veulent recruter de nouveaux mannequins, elles les appellent « News Face » à savoir, « Nouveaux visages ». J’ai donc proposé ce nom au directeur, Evariste Combary. Au final, on a préféré enlever le News et garder le nom « Face » tout simplement.

Combien de participantes comptent cette téléréalité dédiée au mannequinat ?

Au début, nous avons lancé le casting. On a eu plus d’une centaine de filles inscrites. Après la présélection, 25 candidates ont été retenues pour le démarrage de l’émission. Par la suite, on a véritablement commencé la compétition avec 15 participantes.

Quels ont été vos critères de choix ?

Comme critère, il y avait la taille. Aussi, l’aisance dans la démarche. Sans oublier l’expression orale et le niveau de culture général des filles, la discipline, la photogénie. Dans l’émission, on a beaucoup mis l’accent sur la photogénie. Comme on le dit dans le jargon, il fallait avoir du chien. Elles devaient avoir un beau visage, être originales et authentiques.

Pourquoi les candidates ne sont que des femmes ?

On a beaucoup hésité, c’est juste une question de moyen. Pour un début, ce n’était pas évident. On a finalement voulu faire la part belle aux femmes. N’oublions pas non plus que les femmes sont majoritaires dans ce milieu. Mais Dieu voulant, si nous avons les moyens la prochaine fois, nous allons inclure les hommes.

Quelles sont les épreuves que vous leur imposez ?

Il y a eu principalement des défilés. Nous voulions voir leur aisance pendant qu’elles défilent. Aussi, des séances de shooting, afin de voir leur photogénie. C’est voir comment la candidate vend une tenue ou un produit de beauté. On voulait aussi faire connaitre une catégorie de mannequinat qui n’est pas très connu sous nos cieux. Il s’agit des mannequins photos et des mannequins catalogues . Ici quand on parle de mannequinat, on ne voit que des défilés de mode. Pourtant, il y a d’autres débouchés. Il fallait convaincre le jury qu’on peut être un bon mannequin sur les podiums, dans les publicités, les catalogues et bien d’autres.

Qui sont les membres du jury ? Et pourquoi avez-vous fait le choix de les solliciter ?

On a fait appel à l’élite de la mode Burkinabè. Des stylistes tels que François 1er, Bazem ‘se , Koro DK . Des chefs d’agence de mannequinat, des promotrices de beauté, des amoureux de la mode en général. On voulait les meilleurs pour faire de la gagnante un mannequin qui correspond aux critères du monde de la mode au Burkina.

N’avez-vous pas eu des difficultés à convaincre les parents pour qu’ils laissent leurs filles participer à votre projet ?

Ce n’était pas gagné d’avance. Mais c’est justement pour cela que la RTB a créé l’émission. Etant donné que nous sommes une institution qui a du crédit, on s’est dit que si on se mettait devant un tel projet, les gens y verront de la valeur. Nous avons été surpris de voir des filles, qui n’avaient pas 18 ans, être accompagnées par leurs parents. Cela nous a beaucoup touchés. Pendant l’émission nous nous sommes rendus chez des filles qui sont allées loin dans la compétition. Des parents ont avoué qu’ils avaient des appréhensions par rapport au mannequinat. Mais par la suite, ils ont encouragé leurs filles parce qu’ils savaient qu’elles aimaient ce métier.

Quand ils ont vu le résultat, ils nous ont confié qu’ils ont eu raison de faire confiance à leurs enfants. On espère que les autres années, d’autres parents laisserons leurs enfants participer à l’émission. La RTB, malgré les préjugés a pris le risque et a créé une téléréalité consacrée au mannequinat. Nous avons pensé que tous ces préjugés ne pouvaient pas durer pendant tout ce temps. C’est vrai que tout n’est pas blanc dans ce milieu comme partout ailleurs. Cependant, Il faut que les gens sachent qu’il n’y a pas de métier pervers, c’est l’homme qui décide de pervertir son métier. Le milieu de la mode c’est une grosse industrie qui crée beaucoup d’emplois, pour peu qu’on accepte d’y investir. C’est un métier qui a de la valeur.

Le mannequinat c’est juste un prétexte pour mettre en avant cette grosse industrie qui est la mode. Les stylistes font appel aux mannequins pour faire la promotion de leurs produits, pareil pour les coiffeurs et les maquilleurs. Même la tisseuse qui peut sembler ne pas être intéressée par le mannequinat, je lui dis non maman. C’est le mannequin qui valorise le faso Danfani que tu tisses. Actuellement, il y a ce problème de l’employabilité de la jeunesse. Il faut valoriser tous ces métiers pourvoyeurs d’emplois et cela passe par ce genre d’émission. C’est un métier qui a de la valeur et qui n’est pas à négliger.

Quelle sera la récompense de la grande gagnante de Face ?

Nous avons cinq finalistes. Être dans le top cinq, c’est aussi être gagnante. La première aura 500 milles francs CFA en espèce, une moto, des bons de coutures de stylistes. Elle sera l’ambassadrice de la marque François premier et recevra d’autres cadeaux de nos sponsors. Les quatre autres auront elles aussi des cadeaux dont des bons de coutures. On a osé avec cette émission. Nous avons commencé avec zéro francs comme budget. Au départ, on avait juste l’assurance d’avoir deux caméras et la diffusion par la RTB. Le plus important, c’était notre passion.

L’objectif était de montrer autre chose aux Burkinabè. Nous voulons Valoriser la culture burkinabè et surtout reconquérir notre jeunesse. En cours de route des sponsors nous ont fait confiance modestement. Finalement, nous n’avons pas eu le budget qu’on espérait au départ. Heureusement, des personnes passionnées de mode nous ont accompagnés à titre gracieux. Elles ne sont pas de la RTB, mais l’on fait pour valoriser l’industrie de la mode. C’est le lieu de leur dire merci. J’en profite pour lancer une invitation à tous les sponsors. La télé existe pour faire rêver. Si nous voulons faire rêver le public, il faut les moyens. Ce que vous voyez sur les autres chaînes est réalisable chez nous. Ils ne sont pas des supers hommes. Ils ont juste la passion comme nous et ont surtout les moyens techniques et financiers.

Un message à l’endroit de ceux qui hésitent encore à regarder votre émission ?

Ne pensez pas que cette téléréalité c’est juste une histoire de strasse et de paillettes. Faites l’effort de regarder cette émission. On a essayé de mettre du contenu. Vous allez découvrir le métier de stylistes, de maquilleurs et de photographes de mode. Vous allez apprendre des astuces pour bien vous habiller. Le mannequinat c’est juste un prétexte pour vous faire passer de bons moments et vous permettre de vous cultiver sur les métiers de la mode.

Propos recueillis par Samirah Bationo
Lefaso.net

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