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<I>Une lettre pour Laye</I> : SOS pour les Burkinabè de la Nouvelle Orléans

Publié le vendredi 9 septembre 2005 à 08h25min

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Cher Wambi,

Au moment même où je traçais ces lignes, Ouagadougou recevait sa dose quotidienne de pluie. C’est dire que, comme nous le souhaitions si bruyamment, le ciel nous est resté généreux.

Aussi, je m’en vais, avant tout autre propos, te donner les relevés pluviométriques enregistrés par les services de l’ASECNA dans la semaine du 01 au 07 septembre 2005 sur l’ensemble du territoire national : Dori : 16 mm ; Ouahigouya : 141 mm : Ouaga -aéro : 31,1 mm ; Dédougou : 81 mm ; Fada N’Gourma : 127 mm ; Bobo-Dioulasso : 139 mm ; Boromo : 90,8 mm ; Pô : 80,7 mm ; Gaoua : 98 mm ; Bogandé : 59,2 mm.

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Cela dit, l’événement de la semaine, qui mérite qu’on y revienne, cher cousin, c’est naturellement le réaménagement ministériel intervenu lundi dernier en milieu de journée. Ainsi, trois ministres quittent le navire à quelque deux mois de l’élection présidentielle, pour diverses raisons. Il faut d’abord citer Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo du ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA), militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Les deux autres sont tous du Parti africain de l’indépendance (PAI), tendance Soumane Touré, qui s’est déclaré candidat à la présidentielle du 13 novembre. Il s’agit d’Alphonse Bonou du ministère des Ressources animales et de Toundoum Sessouma du ministère des Sports et des Loisirs.

Si à Rakiswiligri il est reproché, à ce qu’on dit, un déficit de bonne gouvernance, pour Alphonse et Toundoum, leur éviction répond à une certaine logique. Etant d’un parti qui présente un candidat à la magistrature suprême, c’est bien normal qu’on les libère pour qu’ils aillent battre campagne à ses côtés.

D’ailleurs, eux-mêmes ne devaient-ils pas prendre les devants ? De sources dignes de foi, il leur avait même été conseillé de rendre le tablier et de convoquer une conférence de presse pour donner la raison de leur départ, question certainement de sortir par la grande porte.

C’est, cher cousin, las d’attendre cette décision qui demande certainement du courage, que Blaise Compaoré et Paramanga Ernest Yonli se sont résolus ce lundi donc à les remercier.

Quant à Rakiswiligri, lui était déjà au courant de ce qui l’attendait depuis le vendredi 2 septembre 2005, puisque, de retour de Ouahigouya où il présidait la conférence des Inspecteurs de l’enseignant primaire (IEP), il a été prié de faire escale au Premier ministère, où l’attendait le maître des lieux pour une information très importante.

C’est pourquoi, dit-on d’ailleurs, à la cérémonie de décoration du directeur des programmes de Plan Burkina, qui avait lieu ce jour même à partir de 19 h 00 à l’hôtel Palm Beach, le Rakis a accusé un retard d’une heure.

Cher cousin, sache aussi que les ministres entrants ont pour identité :
- Mme Odile Bonkoungou, en charge de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation ;
- Tiémoko Konaté, en charge des Ressources animales ;
- Colonel Mori Aldjouma Jean-Pierre Palm, pour s’occuper des Sports et des Loisirs.

Mais quel autre visage le nouveau gouvernement présente-t-il, cher cousin ? Seul un membre n’est pas du parti au pouvoir. Ce n’est autre qu’Arsène Armand Hien, ministre délégué à l’Alphabétisation et à l’Education non formelle, issu de l’Union des libéraux et démocrates (ULD) de Sébastien Ouédraogo, parti mouvancier fondu aujourd’hui dans l’Union pour la république (UPR).

Lui, en tout cas, devrait se frotter les mains puisqu’à ce qu’on dit, à la conférence des IEP à Ouahigouya, il aurait été proprement humilié par son chef hiérarchique. Maintenant, vrai ou faux ? Vas-y le savoir cher cousin.

Autre visage qui ne passe pas inaperçu, l’actuelle équipe gouvernementale enregistre en son sein trois militaires contrairement au précédent, qui en comptait deux. Sauf erreur ou omission, c’est bien une première.

Ces trois sont, dans l’ordre d’arrivée, le Col. Yipèné Djibril Bassolet de la Sécurité ; le Col. Sedogo Laurent de l’Environnement et du Cadre de vie ; et le Col. Mori Aldjouma Jean-Pierre Palm des Sports et Loisirs. Et Blaise Compaoré ? me demanderas-tu. Eh bien, il y a belle lurette qu’il a rangé son colt.


Restons, cher Wambi, dans les arcanes du pouvoir pour t’annoncer le décès, lundi dernier, de Mme Yaro née Ouôba Djénéba.

Certes, son nom ne te dira rien, mais dans l’ombre, elle a apporté un grand soutien à Blaise Compaoré en tant que secrétaire particulière. C’est quand, au début de la Révolution, Blaise occupait le portefeuille de ministre d’Etat à la Justice, que Mme Yaro arriva à ses côtés, et depuis une vingtaine d’années, leur bonne collaboration n’a nullement été démentie.


Cher Wambi, si la catastrophe naturelle survenue aux USA (l’Ouragan Katrina) et plus précisément dans les Etats de Louisiane et du Mississipi est vécue comme un fait divers, loin de nos préoccupations, il y a lieu tout de même de s’en inquiéter. En effet, à ce jour, un décompte donne neuf (9) Burkinabè, tous étudiants et étudiantes, qui y résidaient lors du déclenchement de cette catastrophe.

Il y a lieu de chercher à savoir ce que sont devenus ces étudiants quand on sait que cette catastrophe a, à ce jour, 10 000 morts à son compteur. Renseignements pris, tous les neuf (9) étudiants seraient vivants mais ils auraient tout perdu : livres, vêtements, documents d’identité, argent.

Si l’on sait que la priorité de l’Etat américain, c’est d’abord les citoyens américains, et ensuite les autres nationalités, il y a urgence pour le gouvernement du Burkina Faso à venir en aide à ces étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ces jeunes partis à la recherche de la connaissance ne doivent pas être des laissés-pour-compte. Et il faut agir à temps.


Les jours de la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO) sont-ils comptés ?

A la veille de la rentrée des classes, cher cousin, l’horizon s’assombrit aux portes de Somgandé. Il me revient en tout cas que cette société, venue soulager un tant soit peu les angoisses des parents d’élèves et des plus démunis, traverserait une zone de hautes turbulences.

Pour te dire vrai, cher cousin, des appétits sont subitement nés autour de la SOTRACO. Et depuis le ministère délégué aux Transports, la tête de la directrice générale, Mme Honorine Marie Désirée Damiba, aurait été mise à prix. Tout serait parti de la commande d’une centaine de bus en Belgique.

Pour le marché conclu, des cadres du ministère délégué aux Transports, de l’Hôtel de ville de Ouagadougou, un négociant belge et un des actionnaires auraient exigé une ristourne consistante. Ce à quoi Dame Damiba se serait farouchement opposée, prêchant la bonne gouvernance et invitant les uns et les autres à revoir leurs appétits à la baisse.

En tout cas, le bras de fer perdure et menace sérieusement les intérêts de la maison. Qu’en attendre quand on sait la détermination des instigateurs de ce malaise à avoir la peau de la directrice générale ? Un nom circule déjà pour lui succéder, celui de Kuilga Mathieu Bouda, conseiller technique du ministre délégué aux Transports.

La réunion du Conseil d’administration, qui a été reportée du 02 août dernier au 13 septembre prochain, cautionnera-t-elle pareille action pour qui connaît les statuts de la SOTRACO ? Certainement que les jours à venir, nous en saurons davantage.

Mais ce serait regrettable que l’expérience de cette société soit de courte durée. Car quand les intérêts individuels prennent le dessus sur l’intérêt national, il y a lieu de s’en inquiéter. N’est-ce pas Hammudah ?


Sur ce, cher cousin, je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Même si la qualification des Etalons pour la CAN 2006 est compromise, on n’oubliera pas de sitôt leur belle prestation samedi dernier au stade du 4-Août face aux Bafana-Bafana de l’Afrique du Sud, en éliminatoires.

Une victoire, avec la manière (3 buts à 1), qui aurait pu nous ouvrir déjà les portes des pyramides égyptiennes, si face à la modeste formation du Cap-Vert ils n’avaient pas trébuché par deux fois. Mais hélas !

Loin de Ouagadougou, les Eléphants de Côte d’Ivoire mordaient la poussière au stade Félix-Houphouët-Boigny à Abidjan devant les Lions indomptables du Cameroun. Des Lions qui, la veille de ce match phare, se sont ressourcés dans la capitale burkinabè avant de rejoindre les bords de la lagune Ebrié. Une fois la victoire acquise, c’est encore à Ouagadougou qu’ils sont venus fêter et présenter leur gratitude à leurs protecteurs.

- Depuis la semaine dernière, les indemnités journalières de session de nos députés seraient passées de 21 000 à 30 000 FCFA ; cela à compter du 1er avril 2005. Ainsi en auraient décidé nos honorables élus. Mais cela signifie-t-il que tout baigne dans l’huile au Faso ? En tout cas, le prix du carburant ne cesse de grimper et le choléra refuse de reculer.

- Après son éviction du gouvernement, Alphonse Bonou, précédemment ministre des Ressources animales, militant du PAI/Soumane Touré, aurait décidé de migrer vers l’Union pour la République (UPR). Comme pour dire qu’il reste de la mouvance et qu’il s’oppose à la candidature de Soumane Touré à la présidentielle. Si cela se confirme, ce serait un vrai coup de marteau à la nuque de "l’ami intime" de Philippe Ouédraogo.

- Alors que dans les autres états-majors des partis politiques, l’on semble attendre le lancement officiel de la campagne pour aller à l’assaut des électeurs, au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) on joue à l’occupation permanente du terrain. Ainsi en est-il dans la région du Centre-Sud où le coordonnateur, Kapouné Karfo, et son équipe passent quotidiennement les troupes en revue.

Ce qui a abouti à la désignation de Jean Bertin Ouédraogo comme coordonnateur provincial du Bazèga et de Raphaël Compaoré comme coordonnateur départemental de Saponé. Oui, Saponé où la police est en train d’investiguer pour retrouver les brouettes détournées dont il était question la semaine dernière. A ce qu’on dit, au lieu de cinq brouettes, les flics en auraient retrouvé vingt-six, butin d’un des membres influents de la Commission électorale départementale indépendante (CEDI) de Saponé.

- Il n’est un secret pour personne qu’au Burkina, comme au Mali et au Niger, des millions d’hommes et de femmes meurent de faim. La meilleure des preuves en est que le sac de 100 kg de mil s’y achète entre 25 000 FCFA et 35 000 FCFA selon les régions. Pour venir en aide à leurs frères restés au village, qui vivent durement la soudure, des individus et des collectivités s’organisent.

Ainsi, l’ONG française "Les puisatiers", basée dans l’est de la France à Seicheprey, en collaboration avec le pharmacien commandant Abdou Salam Kaboré, vient en aide à 2 villages du Burkina Faso, Sourgou (dans le Boulkiemdé) et Sanon (dans le Kourwéogo).

Leur expérience est originale, car les vivres achetés (quel que soit le prix) sont revendus aux populations à prix fixe et social (300 F le "yorba"). Cet argent récolté est complété pour acheter d’autres vivres. L’opération, qui a commencé le 10 juillet, a permis de distribuer dans ces deux villages 61 tonnes de vivres, achetées et transportées à 14 460 100 F dont 12 000 000 financés par "Les puisatiers", le reste venant de la revente des céréales à prix social dans ces deux villages. Par cette opération, les Burkinabè fiers de Sanon et de Sourgou ne sont pas des assistés, mais des aidés.

- Le directeur général des Editions Sidwaya, Michel Ouédraogo, ne cesse d’innover et de frapper de grands coups. Après avoir relooké le quotidien d’Etat et l’ensemble de ses démembrements depuis son arrivée, le DG vient de militer en faveur de son personnel, notamment les pigistes et le personnel d’appui. En effet, un test de recrutement ou de régularisation de statut professionnel a été lancé qui s’est soldé par l’admission de la presque totalité des pigistes.

Une action à inscrire à l’actif de Michel Ouédraogo quand on sait qu’ils sont nombreux ces journalistes en situation difficile travaillant dans les médias d’Etat, dont la radio et la télé. Dans cette opération de régularisation concernant une soixantaine d’employés, on dénombre plus d’une vingtaine de journalistes et photographes. Il n’y avait pas meilleur moyen d’encourager ces braves collaborateurs que de les embaucher. Pourvu maintenant que le rendement suive. Il reste à la télé et à la radio à emboîter le pas.

- Des condamnés pour la présumée tentative de putsch d’octobre 2003, seuls deux demeurent à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) : Ouali Luther Diapagri et Naon Babou. De sources dignes de foi, ceux-ci auraient introduit à la date du 31 août 2005 une plainte auprès du procureur du Faso, près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, contre deux de leurs anciens codétenus (Bayoulou Bouledié et Bassolet Bassana) à qui ils reprochent d’être responsables de leurs malheurs aujourd’hui.

Et de se demander pourquoi ces derniers ne passent même plus leur dire bonjour à la MACO. Vraiment une affaire à faire dormir debout.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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