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Cinéma : Rencontre avec Viviane Yanogo, Soutigui du public burkinabè, édition 2019

Publié le lundi 9 décembre 2019 à 22h15min

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Cinéma : Rencontre avec Viviane Yanogo, Soutigui du public burkinabè, édition 2019

Belle et travailleuse, c’est ce qu’on pourrait dire de Viviane Yanogo, actrice et comédienne burkinabè. Depuis près de dix ans, elle multiplie les tournages. Aujourd’hui, elle est l’une des artistes de cinéma les plus adulées par les cinéphiles burkinabè. Pour preuve, elle a décroché sans coup férir le Sotigui du public, édition 2019. Dans cette interview réalisée le 3 décembre dernier, elle partage avec nous ses débuts dans le 7e art, ainsi que son expérience. Entretien !

Lefaso.net : Qui est Viviane Yanogo ?

Viviane Yanogo : Je suis actrice de cinéma, comédienne burkinabè depuis plus d’une dizaine d’années. Le 7e art pour moi un second métier. Je suis assistante de direction dans le privé. Mais le cinéma, c’est mon métier préféré.

Comment êtes-vous arrivée au cinéma ?

Depuis toute petite, au collège déjà, j’étais dans les troupes de théâtre. Je participais activement aux activités culturelles de mon établissement. C’est par la suite que je me suis beaucoup intéressée à tout ce qui est art. J’avais un professeur qui m’inspirait beaucoup, madame Léontine Zoundi. Elle était mon professeur de français. Elle était dans le cinéma. Elle était comédienne : « Nora » dans [le sitcom] « Kadi jolie ». Je la voyais comme un modèle. Je me disais qu’il fallait que je suive les pas de mon professeur de français parce que je voulais enseigner le français et je voulais aussi faire le cinéma. C’est comme ça qu’un jour, en 2004, le regretté Missa Hébié faisait son casting pour la série « Commissariat de Tampy », et je suis allée.

Il avait même déjà commencé le tournage. On m’a dit que je pouvais toujours faire le casting. C’est là que j’ai eu la chance d’être retenue après avoir fait mon casting avec monsieur Ildevert Meda que je salue au passage. Il a été beaucoup pour moi dans le domaine du cinéma et même dans d’autres films ; il m’a dirigée. C’est comme ça que j’ai été retenue dans mon premier rôle dans « Commissariat de Tampy » et par la suite dans « L’As du lycée, « Affaires publiques ». Mon premier long métrage et mon premier rôle principal, ce fut dans « Congé de mariage » de Boubacar Diallo. C’est comme ça que je suis arrivée dans le milieu du cinéma.

Dans « Congé de mariage » ou encore dans « La folie du millionnaire », vous êtes une femme qui n’est pas beaucoup comprise par vos hommes. Vous êtes une femme soumise, qui respecte son mari mais à la fin, vous sortez presque bredouille. Est-ce qu’il y a une histoire particulière dans votre vie de femme qui vous aide à bien rendre un rôle pareil ?

Je dirai non. Quand nous incarnons un personnage, ce n’est pas forcément ce que nous vivons dans la réalité. Mais toujours est-il que nous nous retrouvons un peu dedans surtout en tant que femme, avec ce que nous traversons. Chacun de nous a une histoire d’amour qui se termine bien, ou qui se termine mal. Je suis contente que vous me disiez ça aujourd’hui, que j’incarne bien ces personnages. Ce n’est toujours pas facile parce que c’est un message que je dois porter au public ; et si je le rends bien, merci à vous. Ce n’est pas toujours aisé d’incarner ces personnages ; mais on y arrive avec la direction d’acteurs, les conseils des uns et des autres. Il faut s’approprier le personnage et le vivre réellement et pouvoir le rendre. En tant que femme, je sais la souffrance que beaucoup de femmes ressentent même si je ne l’ai pas vécue personnellement. J’ai des amies tout autour, la famille aussi qui ont eu toujours une histoire à raconter sur ça. Quand nous le vivons, nous compatissons, nous pouvons le rendre. Je pense que quand nous sommes face à un tel personnage, nous pouvons facilement le rendre.

Comment s’est passée la rencontre pour que vous arriviez à jouer dans « La folie du millionnaire » ?

Je pense que Oumar Dagnon m’a approchée après mes rôles dans « Congé de mariage » et « Trompe-moi si tu peux » de Ibrahim Omokouga. Il m’avait parlé de son projet. Il m’a dit « Viviane, j’aimerais que tu incarnes le personnage de Sandy dans la ‘‘Folie du millionnaire’’ ». Je lui ai dit d’accord, il n’y a pas de soucis. Je me retrouve ainsi dans le rôle où la femme fait pitié, on ne reconnaît pas sa valeur, tout ça. C’est ainsi que nous avons tourné le film avec beaucoup d’amour. Toute l’équipe était motivée malgré les difficultés qu’elle a rencontrées sur le terrain. Mais j’ai admiré le courage de l’équipe technique, des comédiens et du réalisateur.

Une femme dans le cinéma, ce n’est pas toujours facile. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

Vous savez qu’aujourd’hui, les gens ont des préjugés sur la femme en général mais en particulier les femmes qui embrassent ce métier. Nous sommes traitées de tous les noms, des femmes qui n’ont pas d’ambitions, qui n’ont rien à faire, des filles légères. Alors que non. C’est un métier comme tous les autres. J’avoue que de ce côté, ce n’est toujours pas facile, évident, surtout sur le plan social. Il y a toujours des non-dits mais nous acceptons parce que nous l’avons choisi et quand nous avons un objectif, nous devons l’atteindre. Nous pouvons écouter ce que les gens disent, mais nous devons prendre le côté positif et aller de l’avant. Là où votre cœur est, il faut foncer, il ne faut pas baisser les bras.

Est-ce que vous avez une expérience particulière dans votre carrière d’artiste dans le cinéma qui vous a marquée de la plus mauvaise manière ?

Dans le cinéma, je ne vois pas parce que je ne sais pas si ce ne sont pas les rôles que j’ai eus à incarner. Je suis toujours appréciée par mon public, mon entourage. J’ai toujours eu le soutien de ma famille. Par moments, les gens ont eu à dire, ne laissez pas votre fille faire ça. La famille m’a encouragée dans ce que je faisais et c’est ce qui m’a donné la force d’arriver où je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais entendu dire que Viviane est comme ça. Non ! Dieu merci pour cela ! Peut-être que ça a été dit, mais je dis merci parce que quand je rencontre les gens, ils me félicitent pour les rôles que j’ai incarnés, ils me disent « madame, vous jouez bien, pourquoi vous pleurez dans les films ? » Ce que je n’ai pas aimé, ce sont mes neveux qui m’ont approchée un jour et m’ont dit « pourquoi tu pleures tout le temps dans les films, tata ? Il ne faut plus pleurer parce que ça nous fait mal ». Et là, j’ai versé des larmes ; je n’ai pas supporté. Ça m’a beaucoup marquée mais c’est le cinéma. Les rôles que nous incarnons ne sont pas forcément ce que nous vivons.

Assistante de direction, comédienne ; comment arrivez-vous à jongler entre les deux occupations ?

Je profite d’abord dire merci à mes deux patrons qui me soutiennent beaucoup dans ce que je fais. J’ai eu un directeur vraiment très compréhensif, un P-DG aussi, malgré qu’il soit Français. Les gens disent que travailler avec les Blancs, ce n’est pas toujours facile, mais il est très ouvert. Ils m’ont toujours accompagnée. Chaque fois que j’ai un tournage, je leur demande « est-ce que vous pouvez m’accorder une permission ? » Ils me disent « Viviane, il n’y a pas de problème, tu fais la demande et tu déposes ». C’est comme ça que j’ai pu allier les deux métiers. Sinon que ce n’est pas toujours évident de faire, de laisser le boulot pendant que y a des instances et aller sur un plateau car nous finissons tard par moments. Et vraiment je les salue, Gérard Baradié de la France, mon directeur Amidou Nana. Merci beaucoup pour ce que vous faites pour moi.

La « Folie du millionnaire » vous a aidée à remporter le prix Sotigui du public burkinabè. Quels sont vos sentiments ?

Ce sont des sentiments de joie et de reconnaissance envers le public burkinabè. Ça fait chaud au cœur de voir que ce public que nous aimons tant, a pris le temps de voter pour moi et de m’apporter son soutien. Ça, il faut le reconnaître et savoir dire merci à ce beau public. Je sais qu’il y a des amis partout dans le monde qui m’ont votée dès que j’ai lancé la chose. J’étais vraiment étonnée que partout dans le monde les gens me connaissaient, je ne le savais pas. Je remercie mon pote togolais… Arnaud Medah de l’Espagne et beaucoup d’autres de l’Afrique du Sud, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Togo, du Bénin. Je remercie le public burkinabè et d’ailleurs.

Qu’est-ce que vous avez gagné dans le cinéma en plus ?

Ce qu’on gagne, ce n’est pas souvent matériel mais le fait que les gens vous apprécient pour ce que vous faites, pour ce que vous êtes. Pour moi, c’est une grande chose. J’ai gagné beaucoup de choses. Le matériel finit mais l’amour des gens, le regard positif des gens sur vous, est plus que de l’argent, de l’or. J’ai gagné beaucoup dans ce cinéma burkinabè parce que ça m’a permis de me révéler au public burkinabè qui m’a coptée et m’a apporté son soutien. Vous voyez donc que ce n’est pas le matériel qui compte ici ; l’amour et l’appréciation des gens sont toujours capitaux dans le milieu du cinéma.

Comment voyez-vous le cinéma burkinabè ?

J’ai un regard positif de ce cinéma burkinabè. Au regard de tout ce que nous avons dans les salles comme films, je pense que nous avons du potentiel. Il y a beaucoup de talents qui se révèlent. Je pense qu’avec le temps et avec beaucoup d’encadrement, le cinéma va aller loin.

Vous avez des admirateurs qui voudraient faire du cinéma comme vous. Quel message avez-vous à leur endroit ?

Je pense que le talent, tout le monde l’a comme le dit mon cher Ildevert Meda. Nous avons tous un talent. L’enfant qui vient de naître a du talent. Il suffit d’avoir un encadrement. Il faut vous lancer et tant qu’il y a des formations en vue d’améliorer le jeu d’acteur, allez-y vous former, ça fait du bien. J’ai bénéficié de beaucoup de formations à [l’institut] Imagine, et un peu partout à l’ISIS avec les jeunes étudiants en réalisation. Allez-y de l’avant, jouez de vous-même, donnez le meilleur de vous-même. C’est là qu’on va découvrir ce que vous avez comme talent et puis vous accompagner dans ce que vous faites.

Quelle est la situation matrimoniale de Viviane Yanogo ?

Quel est votre genre de mec ?

Pour les réponses, voir la vidéo.

Entretien réalisé par Dimitri OUEDRAOGO
et Esther KABORE (stagiaire)
Vidéo : Cryspin Laoudinki et Nathanael Kalguié

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