LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Sondage du CGD sur la présidentielles 2005 : Analyse critique des résultats

Publié le mercredi 31 août 2005 à 08h06min

PARTAGER :                          

Augustin Loada, Secrétaire exécutif du CGD

Le sondage effectué par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) sur la présidentielle 2005, en même temps qu’il constitue une "leçon de morale et d’humilité" pour nos hommes politiques trop enclins à se prendre pour le nombril de la terre, consacre a posteriori la pensée politique et l’oeuvre de l’actuel président du Faso, crédité de 69,6% des intentions de vote des ouagavillois. Décryptage.

S’il est vrai que ledit sondage ne saurait être pris pour parole d’évangile en raison de son caractère local (seule la ville de Ouagadougou est concernée), des marges d’erreurs inhérentes à tout sondage, il n’empêche qu’il conforte le président du Faso à vouloir "proposer une vision prospective et un projet de société" à ses compatriotes pour les cinq ans à venir.

Les raisons qui fondent en effet les sondés dans leurs intentions sont le "bon état" des infrastructures et "l’amélioration". de l’accès à l’eau, à l’école et à l’électricité. Des préoccupations citadines en somme que Blaise Compaoré a "nationalisé" à travers une action politique qui vise principalement "à imprimer à notre pays des transformations socio-économiques radicales, à sortir les populations burkinabé, celles du monde rural en particulier, du moyen-âge dans lequel elles vivaient".

Après avoir conceptualisé sa pensée politique autour de cinq grands thèmes que sont la gouvernance et le développement, le pluralisme convergent, l’économie de proximité, l’éducation, clé de toute évolution et la nécessité pour l’Afrique de se prendre en charge, Blaise Compaoré allait la mettre en œuvre à travers des politiques de développement audacieuses et innovantes.

Sous sa direction, l’économie burkinabé est entrée dans un cycle de modernisation où d’importantes réformes se sont doublées d’une large ouverture sur l’extérieur prenant ainsi en compte les règles et les enjeux de la mondialisation.

Il s’est agi de rétablir l’équilibre des grands agrégats, macro-économiques, les finances publiques étant déséquilibrées nonobstant la politique d’auto-ajustement pratiquée jusque là. D’où la nécessité de s’engager dans l’ajustement structurel avec au bout des réformes qui ont permis donc d’assainir les finances publiques, ce qui a amené une croissance économique moyenne de 5% au cours des cinq dernières années. Principale bénéficiaire l’agriculture, moteur de l’économie, qui a connu un essor remarquable au cours de ces dernières années avec un taux d’accroissement moyen de 10,5% par an.

Soutenir, diversifier et augmenter la production agricole par le biais de la petite irrigation villageoise qui a connu l’adhésion des producteurs ruraux. Des résultats qui ont fait reculer la pauvreté de 9,5% dans le milieu rural durant la période 1998-2003, même si a contrario, les citadins parlent de dégradation de la production agricole et de l’aggravation de la pauvreté.

Un état d’esprit qui peut s’expliquer par la mauvaise performance relative de l’agriculture burkinabé l’année dernière, dont les causes sont du reste connues (péril acridien et forte dépendance à la pluviosité) ce qui doit renforcer le gouvernement dans son option pour l’agriculture irriguée.

De même l’aggravation de la pauvreté en milieu urbain, trouve sa justification dans le capitalisme de spéculation qui a cours à l’échelle mondiale avec notamment des effets pervers sur le cours de l’or noir ; la faiblesse du dollar et les répercussions qu’elle entraîne sur le prix de nos matières premières cotées en dollar et last but not the least, cette imposition du néolibéralisme comme mode de pensée et d’action politique.

Alors que comme l’indique Blaise Compaoré, "en Afrique, c’est l’Etat qui a du créer la Nation et organiser l’économie". Il n’est donc pas étonnant que "les pressions exercées en faveur d’une libéralisation tous azimuts du secteur productif...se heurtent à l’hostilité de certaines forces politiques qui la vivent comme un bradage du bien commun".

Car, l’Etat a un rôle stratégique à jouer en matière de développement" en sachant impulser "l’élan nécessaire à l’épanouissement entrepreneurial et social". Il faut donc une gouvernance qui "stimule la pleine productivité de l’homme", en le responsabilisation à la base, en galvanisant son génie inventif, en accompagnant ses inititiaves productives et en libérant in fine sa force de pensée et de proposition dans l’intérêt de la collectivité. La promotion du social en définitive, clé de voûte du prochain quinquennat, ce qui, instinctivement fait dire aux sondés, que Blaise Compaoré a "beaucoup de bonnes choses à proposer dans le futur".

Parmi ces "bonnes choses", l’accès à l’eau potable avec la création des forages et des puits dans toutes les régions du pays et à termes dans tous les hameaux.

Et, si les sondés disent que l’accès à l’eau est "bon" c’est parce qu’au niveau de l’hydraulique urbaine et industrielle, la stratégie a consisté à équiper les centres de plus de 10 000 habitants de systèmes d’adduction d’eau potable. Avec le projet Ziga, les besoins en eau de la capitale seront couverts pour une période de 25 ans. En matière de santé le gouvernement s’est donné pour objectifs principaux de rapprocher les centres de santé des populations et de rendre disponibles les médicaments.

Il faut donc résorber le déficit actuel afin que les 30% de sondés insatisfait en la matière, trouvent leur compte. L’un dans l’autre, "la bonne image" et le patriotisme de Blaise Compaoré (dixit les sondés) trouvent leur justification dans cette gestion économique responsable et dans cette quête d’une société plus moderne et plus solidaire. Et en cautionnant sa politique étrangère, les ouagalais lui savent gré d’être parvenu à faire du Burkina un pays respecté, en Afrique et dans le monde, Ouagadougou étant devenue un haut lieu da la diplomatie africaine et un carrefour de rencontres internationales.

En septembre prochain, le sondage national devra conforter cette bonne image, d’autant que le monde rural a été l’un des principaux bénéficiaires de cette action avec la petite irrigation villageoise, la santé de proximité et l’éducation de masse, sans oublier la promotion de la femme rurale. Si le scrutin n’est pas joué d’avance, il y a peu de chances dans cette occurrence qu’il nous réserve des surprises malgré les "caprices" des sondages.

Boubakar SY
Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Groupe des cinq : Savoir raison gardée
La gueule de bois des lendemains électoraux !
Les leçons d’un scrutin
Présidentielle 2005 : Ce qui devait arriver arriva
L’opposition burkinabè : Les causes d’une défaite
Analyse des résultats : On récolte ce qu’on a semé
Présidentielle au Nahouri : Le PAI analyse sa défaite
Election présidentielle : L’AJCBC dit merci à la jeunesse