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Lutte contre le terrorisme : Hommes de médias et FDS accordent leurs violons

LEFASO.NET | Par Nicole Ouédraogo

Publié le lundi 25 mars 2019 à 15h00min

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Lutte contre le terrorisme : Hommes de médias et FDS accordent leurs violons

Dans la guerre contre le terrorisme, comment les médias doivent-ils rendre compte de la réalité sans pour autant tomber dans le piège de la propagande ? Le Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), en partenariat avec le Conseil supérieur de la communication (CSC), a initié un atelier de réflexion pour répondre à la question en jetant des passerelles de dialogue entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les médias dans la politique de riposte contre le terrorisme. Placée sous le thème « Médias et sécurité », la rencontre, qui s’est tenue du 21 au 23 mars 2019 à Koudougou, a réuni une trentaine de journalistes et d’acteurs du secteur de la défense et de la sécurité.

« Sans média, le terrorisme moderne ne survivrait pas. A l’ère de l’information, dans notre société mondialisée, les médias offrent des caisses de résonnance indispensables aux terroristes pour diffuser leur message et répandre la terreur. Sans eux, ces actes n’auraient qu’une portée limitée. En relayant un attentat, une prise d’otages ou une mise à mort, les médias offrent une emphase et un écho international à ces actions ». Ces propos d’Evelyne Josse dans son article « Les médias face au terrorisme et aux populations affectées, l’impossible équation », en disent long sur les relations complexes entre terrorisme et média. Et pourtant, lorsqu’il y a des enlèvements, des assassinats ciblés sur les populations, des fermetures d’écoles ou des attaques sur les bases des FDS, il est du devoir des médias d’informer l’opinion publique.

L’esprit de défense et de sécurité

Jadis redouté dans la sous-région, le Burkina Faso, reconnaît le secrétaire général de la défense nationale, le colonel-major Théodore Palé, fait aujourd’hui figure de maillon faible sur le plan sécuritaire. « Il y a lieu de se demander comment nous en sommes arrivés là », a-t-il noté, avant de poursuivre « Au Secrétariat général de la défense nationale, nous pensons que c’est par manque d’une vision claire, nationale, patriotique, connue et acceptée de tous sur l’organisation de notre défense commune ».

L’heure n’est plus aux questionnements, le mal est déjà présent et en ces temps de turbulences sécuritaires, le Secrétaire général de la défense nationale estime que de toutes les missions et attributions qui incombent à son institution, la promotion et la diffusion de l’esprit de défense et de sécurité paraît la plus importante. L’idée, dit-il, est de montrer à chaque composante de la nation que son premier devoir en tant que citoyen est de participer à la défense de cette nation contre tous les dangers qui peuvent la détruire.

Et aussi, que ce devoir vient avant toutes les autres considérations qu’elles soient politiques, religieuses, corporatistes, financières, etc. D’où la tenue de cet atelier au profit des hommes de média. En effet, après une première session au profit des gouverneurs et leurs collaborateurs, Théodore Palé a signifié qu’il était nécessaire de rencontrer les acteurs ayant la capacité d’influencer l’opinion publique. « Il est important pour la cohérence de la lutte, que les messages véhiculés soient en phase avec les actions des autres acteurs, notamment les FDS qui sont au cœur de cette lutte », a-t-il soutenu.

Le but étant que les hommes de médias connaissent les intérêts de la nation et l’organisation de sa défense, mais aussi les modes d’action des ennemis de la nation et leurs méthodes de propagande, pour éviter de tomber dans leurs pièges. En effet, entre propagande islamiste, désinformation et diabolisation de l’Etat, le ministre en charge de la Sécurité, Ousséni Compaoré, indique également qu’il est important que les acteurs de la communication et les journalistes soient formés pour mieux lutter contre le phénomène aux côtés des FDS. Et cela, d’autant plus qu’il existe une certaine méfiance entre les deux groupes. « D’un côté, il y a les journalistes qui essaient de faire leur travail d’information et de l’autre côté, les FDS qui pensent que les journalistes diffusent parfois des informations sensibles », a-t-il soutenu.

La communication, un outil de lutte contre le terrorisme

Le rôle des médias dans la lutte contre l’extrémisme violent, les enjeux et défis des Etats face au terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, l’usage des médias dans la politique de riposte contre le terrorisme, l’organisation de la sécurité intérieure et celle de la défense nationale. Ce sont autant de thématiques qui ont été abordées durant ces trois jours de réflexion et qui ont permis aux deux groupes de mieux faire connaissance pour une meilleure communication dans le domaine de la défense et de la sécurité.

Mieux, les journalistes et les forces de défense et de sécurité ont exprimé leurs attentes dans la lutte contre ce fléau. C’est ainsi que les FDS ont, entre autres, convié les journalistes à toujours recouper les informations liées aux questions sécuritaires avant publication, à développer un contre-discours de la propagande terroriste dans les médias et à contribuer à sensibiliser et éduquer les populations sur les exigences du nouveau contexte socio-sécuritaire engendré par la montée du terrorisme. De leur côté, les hommes de médias ont suggéré la tenue périodique de points de presse sur les questions sécuritaires ainsi que des cadres d’échanges avec les FDS et plus de diligence dans la réaction aux sollicitations des médias.

Commandant d’escadron de la gendarmerie mobile de Koudougou, le capitaine Souleymane Coulibaly apprécie cette initiative qui a permis aux journalistes et aux FDS de comprendre les difficultés de chaque acteur dans l’exercice de son métier et d’effacer les préjugés. « En résumé, journalistes et FDS peuvent travailler ensemble pour aboutir à des résultats appréciables », s’est-il réjoui. Et Abdoul Fathave Tiemtoré, journaliste à radio Oméga, de renchérir que « le fait de connaître la façon dont l’autre travaille va améliorer les relations entre médias et FDS dans cette lutte contre le terrorisme ».

Notons que dans le cadre de cette campagne d’information et de sensibilisation au profit des hommes de médias, le SGDN a bénéficié de l’appui financier du Programme des nations unies pour le développement (PNUD).

Nicole Ouédraogo
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