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Accès sécurisé des femmes à la terre : Le GRAF réaffirme son engagement auprès des femmes de Tiarako

Publié le lundi 11 mars 2019 à 09h58min

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Accès sécurisé des femmes à la terre : Le GRAF réaffirme son engagement auprès des femmes de Tiarako

Le Groupe de recherche et d’action sur le foncier (GRAF) et TMG ont réaffirmé leur engagement à accompagner les femmes de Tiarako, dans la commune rurale de Satiri, le 8 mars 2019, à l’occasion de la commémoration de la 162e journée internationale des droits de la femme. En effet, le GRAF a engagé depuis quelques années déjà, un processus qui a pour objectif de trouver des alternatives innovantes pour un accès sécurisé des femmes à la terre par une démarche fondée sur la légitimation populaire des cessions de terres aux femmes tout en restant dans le cadre de la législation foncière en vigueur.

Le 8 mars 2019, le Burkina Faso commémorait la 162e journée internationale des droits de la femme sous le thème : « Contribution de la femme à l’édification d’un Burkina Faso de sécurité, de paix et de cohésion sociale ». A l’instar des femmes des autres localités du pays, celles de la commune rurale de Satiri se sont retrouvées dans le village de Tiarako pour la célébration officielle. Cette cérémonie a été ponctuée par le défilé des femmes des 16 villages de la commune de Satiri, des discours, des prestations d’artistes et de troupes ainsi que la remise de prix à 10 femmes lauréates du concours de la course cycliste féminine.

Certains partenaires qui accompagnent ladite commune dans son processus de développement, n’ont pas voulu se faire conter l’évènement, notamment le GRAF et le Projet de protection et de réhabilitation des terres dégradées et renforcement des instances locales dans les zones rurales (PROSOL). Ils ont ainsi tenu à effectuer le déplacement pour aller soutenir ces femmes.

A en croire le secrétaire exécutif du GRAF, Saydou Koudougou, la présence de son équipe à cette célébration de la journée de la femme n’est pas fortuite. Il concilie son projet et le thème de la célébration du 8 mars de cette année qui se résume à la contribution de la femme dans la lutte contre le terrorisme et à la promotion de la paix sociale au Burkina Faso. Car il estime que la promotion de la paix sociale passe avant tout par la lutte contre les inégalités.

« Nous pensons que notre projet en tant que processus ayant permis aux chefs d’exploitation, de céder des parcelles à 128 femmes sur une superficie totale d’environ 400 hectares, est une forte contribution à cette paix sociale et donc par translation à la contribution à la lutte contre le terrorisme. Parce que le terrorisme se nourrit des frustrations qui peuvent naitre de cet inégal accès aux ressources. Et nous pensons qu’un processus comme celui que nous avons conduit ici à Tiarako, permet de contribuer à l’apaisement dans l’exploitation de ces ressources et donc à la lutte contre les frustrations qui pourrait donc alimenter le terrorisme », a laissé entendre le secrétaire exécutif du GRAF, Saydou Koudougou.

Il a fait savoir que le processus s’étend à la commune de Houndé (dans le village de Bouéré) et la commune de Satiri (à Tiarako), pour des raisons de budget et de calendrier. Pour la première phase du processus, c’est seulement le village de Tiarako qui a bénéficié de l’accompagnement du GRAF. Toutefois, M. Koudougou fonde l’espoir qu’avec le concours de l’ensemble des acteurs au niveau communal et des partenaires qui les accompagnent, ils pourront faire une mise à échelle de ce processus à l’ensemble des autres villages de la commune de Satiri. « Nous n’avons pas forcément besoin d’attendre que le processus soit enclenché de l’extérieur, nous souhaitons que les fils et filles de la commune de Satiri s’approprient ce processus et par la suite, ils pourraient bénéficier de notre accompagnement comme de l’accompagnement de la commune », a-t-il indiqué.

Le maire de la commune de Satiri, Ambroise Coulibaly, a remercié les acteurs qui ont permis à la commune de prendre à bras le corps cette question d’accès de la femme à la terre, notamment le GRAF et le PROSOL. « Ils nous ont permis de voir de façon formelle comment nous pouvons avoir la terre et surtout la sécuriser pour nos mamans », a-t-il dit.

Selon lui, il faut avoir un préalable, c’est-à-dire qu’il faut avoir un ventre plein avant de parler de paix et de cohésion. « Si on mange bien, on a le temps de suivre tout ce qui se passe. Et aujourd’hui, leur action forte c’est de lutter contre la dégradation et la récupération des sols dégradés. Certains abandonnaient leurs surfaces parce qu’ils n’avaient plus trop d’espoir. Et depuis trois ans, nous constatons que certains sont en train de revenir sur ces terres. Et nous avons sensibilisé la population afin qu’elle puisse comprendre ce que ce projet rapporte à notre commune », a souligné le maire de la commune de Satiri. Par ailleurs, il a noté que la femme peut fortement contribuer à lutter contre l’insécurité et à promouvoir la cohésion sociale et la paix au Burkina Faso. « La femme est au cœur du développement et on ne peut pas parler de développement sans la femme », a-t-il dit. Selon lui, la femme est plus proche des réalités, elle est plus proche des informations que l’homme. C’est la raison pour laquelle, il est demandé aux femmes, leur implication pour lutter contre le fléau que le Burkina Faso traverse depuis un certain temps, qui est l’insécurité.

Au cours de la cérémonie, les femmes ont dressé un certain nombre de préoccupations au conseil municipal, notamment l’accès à l’eau potable et la construction de la maison de la femme qui sera un cadre de rencontre des femmes de la commune. Le maire a pris l’engagement que des actions seront menées incessamment pour soulager les femmes en matière d’eau et d’assainissement. Il a promis que le projet de construction de la maison de la femme sera discuté en conseil municipal. Il a aussi invité les femmes à s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme et à prôner la paix dans la commune de Satiri et partant du Burkina Faso. Il a par ailleurs exhorté les femmes à collaborer avec les Forces de défense et de sécurité (FDS) à travers le renseignement, à dénoncer tout cas suspect dans la commune. Car il estime que c’est dans la quiétude qu’on pourra bâtir un Burkina Faso émergent.

Assiatou Traoré, responsable des femmes dans le département de Satiri, quant à elle a apprécié le projet au nom des femmes bénéficiaires. Selon elle, grâce à ce projet, les femmes ont pu bénéficier de terres pour cultiver. Aujourd’hui, ces femmes arrivent à subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs familles, notamment à s’occuper des enfants. Toutefois, elle a souhaité que le projet puisse s’étendre aux 15 autres villages qui composent la commune de Satiri, afin que ces femmes puissent avoir également des terres pour cultiver.

Le processus engagé par le GRAF est une expérience innovante qui consiste à négocier avec la population, pour donner des lopins de terres aux femmes dans le village de Tiarako, dans la commune rurale de Satiri. En effet, les femmes ont annuellement des lopins de terres où elles exploitent souvent des légumineuses. Mais leur terrain peut à tout moment être retiré par leur mari et elles ne sont pas ainsi sécurisées.

L’idée est de trouver des solutions innovantes pour sécuriser la terre pour les femmes afin qu’elles puissent s’investir dans la protection et la réhabilitation de leur terre, augmenter leur productivité agricole et leurs revenus. A cet effet, le GRAF travaille sur le terrain avec le Projet de protection et de réhabilitation des terres dégradées et renforcement des instances locales dans les zones rurales (PROSOL) qui est une initiative tripartite regroupant la coopération allemande, la GIZ et le ministère de l’Agriculture et des aménagements hydro-agricoles (MAAH). Il intervient dans la restauration et la conservation des eaux et des sols.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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