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Journée internationale des migrants : Sur fond d’interpellation à promouvoir une « migration digne »

Publié le mercredi 19 décembre 2018 à 01h24min

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Journée internationale des migrants : Sur fond d’interpellation à promouvoir une « migration digne »

Chaque 18 décembre, et ce, depuis 2000, la communauté internationale commémore la Journée internationale des migrants. Cette année, la mobilisation a également été au rendez-vous. Au Burkina Faso, le gouvernement, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ensemble des acteurs ont marqué ce mardi, 18 décembre 2018 à Ouagadougou, cette halte autour du thème « Migration avec dignité ».

A travers cette thématique, il s’agit, pour les acteurs, d’interpeller l’opinion publique sur la nécessité de promouvoir une « migration digne » dans tous les pays.

Pour le chef de mission de l’OIM Burkina Faso, Abibatou Wane, cette journée revêt une importance particulière pour son organisation, du fait de son mandat qui est essentiellement d’être au service des migrants et des gouvernements. Selon elle, 18 ans après la proclamation de cette journée, la tendance des hommes, des femmes et des enfants en mouvement n’a cessé de s’accroître.

Le chef de Mission de l’OIM Burkina Faso, Abibatou Wane

« Nous avons vu le nombre de migrants internationaux atteindre environ 258 millions de personnes. Quelque 40 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur de leur pays à cause de conflits. Chaque année, des millions d’autres personnes (18,8 millions en 2017) sont contraintes de fuir leur domicile en raison de catastrophes liées aux facteurs climatiques et naturelles », a-t-elle révélé.

A l’en croire, la migration Sud-Sud est aujourd’hui plus importante que la migration Sud-Nord. « Par exemple, il y a plus de migrants africains dans d’autres pays africains qu’en Europe. En Afrique de l’Ouest, plus de 90% des flux se font à l’intérieur de la sous-région. Les données de l’OIM montrent que près de 3 400 migrants et réfugiés ont déjà perdu la vie dans le monde en 2018. C’est pourquoi le thème qui a été choisi cette année est ‘Migration avec dignité’. La plupart sont morts en essayant d’atteindre l’Europe par la mer. Beaucoup d’autres ont péri en essayant de traverser les déserts ou de traverser des forêts denses en quête de sécurité loin des frontières officielles », étaye le chef de mission de l’OIM Burkina Faso, Abibatou Wane.

C’est pourquoi elle se félicite de l’adoption récente, le 10 décembre 2018, à Marrakech (au Maroc), du Pacte mondial « pour une migration sûre, ordonnée et régulière » par une majorité écrasante d’Etats membres de l’Organisation des nations unies (ONU). Cet instrument constitue, de son avis, un pas en avant vers la dignité pour tous et vers un discours plus équilibré et généralisé.

« La finalisation du Pacte mondial est une réalisation véritablement historique et remarquable - historique parce qu’il est le premier cadre global sur la migration développé à travers des négociations intergouvernementales au sein des Nations-Unies, et remarquable parce que réalisé durant un moment où le narratif autour de la migration est tellement chargé politiquement -. Le Pacte mondial reconnaît que la gestion des migrations internationales est une responsabilité partagée de tous les pays, et pas seulement ceux des pays ou les personnes émigrent. Il présente une occasion d’améliorer la gouvernance de la migration internationales et de faire face aux avantages et défis liés à la migration d’aujourd’hui. Cela peut aider à tirer parti des avantages de la migration et à atténuer les risques », projette-t-elle.

La coordinatrice-résidente du Système des Nations-Unies, Metsi Makhetha

Selon la coordinatrice résidente du Système des Nations unies au Burkina Faso, Metsi Makhetha, à ce jour, le nombre de migrants internationaux est estimé à 258 millions ; soit une augmentation de 49% depuis 2000 (dépassant ainsi le taux de croissance de la population mondiale qui est de 23%). Selon ses explications, il est probable que les tendances démographiques, associées à des facteurs tels que les effets du changement climatique, contribueront à une nouvelle augmentation de la migration dans le futur.

« Plus de 60 000 migrants sont morts en déplacement depuis l’an 2000 et derrière chaque chiffre se cache une personne ; une femme, un enfant, un homme, qui rêve simplement de ce dont chacun de nous rêve : opportunité, dignité et vie meilleure », présente Metsi Makhetha.

Cependant, note-t-elle, en dépit de ce tableau sombre, il y a eu des évolutions importantes et positives, notamment à travers plusieurs accords mondiaux conclus parmi lesquels, l’adoption, le 10 décembre dernier à Marrakech (Maroc), du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, par 160 pays. Le Pacte mondial pour les migrations est le tout premier accord global des Nations unies pour une approche commune face aux migrations internationales dans toutes ses dimensions.

Le ministre burkinabè en charge de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, Paul Robert Tiendrébeogo, a, quant à lui, souligné que pour que la migration soit profitable aux migrants eux-mêmes, aux pays d’origine, de transit et de destination, il est nécessaire que les Etats renforcent la coopération internationale ; la responsabilité étant partagée.

Le ministre Paul Robert Tiendrébéogo

« C’est pourquoi, au dialogue euro-africain pour la migration et le développement dont nous assurons la présidence, nous faisons du partenariat le principe fondamental, cardinal, de notre coopération. Nous l’avons souvent affirmé, aucune barrière, aucun mur, aucun océan, aucun désert ne peut arrêter les mouvements migratoires », expose le ministre, estimant que seul ce partenariat bien compris, avec pour objectif d’en éradiquer ou d’en atténuer les causes profondes, constitue une réponse adéquate.

Pour mémoire, l’OIM s’est installée au Burkina en 2003 et travaille de concert avec le gouvernement afin d’assurer une meilleure réponse aux défis liés à la gestion des flux migratoires. En étroite collaboration avec les autorités burkinabè, les partenaires locaux et internationaux et la société civile, l’action de l’OIM se matérialise par différents programmes concernant principalement la protection et l’assistance aux migrants en situation de vulnérabilité, l’assistance au retour volontaire et la réintégration socio-économique des migrants de retour, le renforcement de capacités techniques et opérationnelles en matière de gestion des frontières, les campagnes d’information et de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière, l’appui dans la formulation des politiques de gestion des migrations, de lutte contre la traite des êtres humains, la migration et le développement.

OL
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