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Journée mondiale de la population 2005 : Les jeunes de l’ABBEF à l’école du genre

Publié le jeudi 14 juillet 2005 à 09h43min

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A l’occasion de la journée mondiale de la population célébrée le lundi 11
juillet 2005 par la communauté internationale, l’Association Burkinabé pour le
Bien Etre Familial (ABBEF ) a organisé au profit des jeunes une conférence
publique autour du thème : « Genre, Egalité et Jeunes ».

Cette conférence qui a
eu pour cadre le Centre d’Ecoute pour Jeunes (CEJ) de l’ABBEF à Ouagadougou a
été animée par Mme Edith Ouédraogo du Fonds des Nations Unies pour la Population
(UNFPA), en présence de Mme Angèle Sourabié, coordonnatrice du programme jeunes
de l’ABBEF et de Mme Hadissa Konaté, responsable du CEJ.

Introduite par la responsable du centre d’écoute pour jeunes, la communicatrice
a défini le concept genre à travers son historique avant de faire ressortir ses
liens avec le développement
Dans la quête d’approche appropriée pour le développement humain durable, les
spécialistes en la matière ont eu recours à différentes approches dont celles de
l’émancipation et de l’Intégration de la Femme au Développement (IFD).

Mais ces
approches, relève, la communicatrice, n’ont pas donné les résultats escomptés.
La raison en est qu’elles laissaient de côté les réalités des relations qui
régissent les différents groupes de la société. C’est pour corriger ces
insuffisances et apporter de nouvelles stratégies porteuses qu’est né le concept
genre dans les années 1980, concept dérivé du terme anglo-saxon « gender ».

Le concept genre et développement
Pour Mme Ouédraogo, « le genre est une construction sociale ». En effet, chaque
société repartit les rôles, les responsabilités, les droits et les devoirs en
fonction de sa culture, de son système de valeurs. On peut ainsi remarquer que « 
partout dans le monde, les femmes en tant que groupe, jouissent de moins de
bénéfices que les hommes alors qu’elles ont des journées de travail plus longues
 ». Les femmes connaissent une situation spécifique qui les empêche de prendre
part activement à la construction de la société.

L’approche genre vise donc à intégrer la réalité des relations dictées par la
société dans les stratégies de développement. Elle vise à éliminer les
inégalités femmes/hommes, jeunes/adultes, etc. pour atteindre les quatre grands
objectifs suivants : l’égalité(une égalité de droit et non une égalité
mécanique), l’équité (faire en sorte que les fruits du travail de la société
profitent à tous ceux qui y ont contribué), le pouvoir (donner la capacité
d’action à tous les groupes sociaux en particulier aux femmes qui n’en disposent
pas dans de nombreuses sociétés) et enfin la participation (impliquer les
différents groupes sociaux dans toutes les initiatives de développement les
concernant).

Pour agir sur la société et obtenir les transformations escomptées selon le
genre, il y a, comme l’a présenté la conférencière, dix outils qui permettent
d’analyser les relations sociales entre les différents groupes qui la composent.
Le traitement de ces aspects historiques et conceptuels du genre a permis à
l’auditoire de mieux cerner la question du genre pour comprendre le thème
central de la conférence qui est « Genre, égalité et jeunes ».

« Mais quelle lecture et quelle analyse pouvons nous faire de la situation des
jeunes sous l’angle du genre ? »
C’est à cette question que la communicatrice s’est attachée à répondre dans la
suite de son exposé en se référant à trois domaines d’intérêt pour les jeunes, à
savoir l’éducation, l’emploi et la santé.

Situation du Burkina Faso sous l’angle du genre
Sur le plan de l’éducation, on note qu’en dépit des avancées réalisées au cours
des dernières années, des disparités persistent en défaveur des filles. C’est
ainsi qu’à l’université, les filles représentent seulement 23,76% des étudiants
tandis que pour l’année 2002-2003, 38,2% des filles contre 49,6% des garçons
sont scolarisés. Ceci influence négativement la situation des filles au niveau
de l’emploi et de la santé.

D’une façon générale, le chômage touche beaucoup plus la frange jeune de la
population : près de 65% des chômeurs en milieu urbain sont des jeunes.
Pour ce qui est de la santé, les données désagrégées révèlent que les jeunes
sont les plus touchés par les Infections Sexuellement Transmissibles.

On note
également une disparité entre filles et garçons : « le niveau d’infection par le
VIH chez les jeunes filles étaient 12 fois plus élevé que chez leurs homologues
garçons : 0,33% contre 4,03% pour les filles », selon une étude sur l’état de
l’épidémie chez les jeunes et adolescents de la ville de Bobo Dioulasso faite en
2000 auprès de 2700 sujets dont 1350 âgés de 13 à 24 ans (675 jeunes garçons et
675 jeunes filles)
Au terme de cet exposé, les réactions, ont été proportionnelles à l’intérêt
affiché des jeunes, de leurs parents et des professeurs venus assister à la
conférence.

Les échanges qui ont suivi ont permis à la conférencière d’expliquer
l’intégration du genre au niveau communautaire, de préciser la nuance entre le
genre et l’émancipation de la femme et d’aborder les perspectives de l’approche
genre au Burkina Faso. Elle a ainsi fait cas de l’élaboration en cours d’une
politique nationale du genre et appelé les ONGs, organisations et associations
de la société civile à prendre en compte ce concept dans l’élaboration de leurs
différents programmes.

Elle a enfin interpellé tous les participants afin que chacun d’eux puisse
intégrer le genre dans leur vécu quotidien car, dira-t-elle « le genre est avant
tout un comportement ».

Hermann Yacouba NACAMBO,
Secrétaire Général National
Mouvement d’Action des Jeunes de l’ABBEF (MAJ/ABBEF)

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